AGRICULTURE YOGIQUE—BRAHMA KUMARIS: La pensée positive comme fertilisant dans les potagers…

Au lieu de produits chimiques, utiliser la pensée positive pour influencer la matière, le sol et les semences. C’est le principe de l’agriculture yogique, introduite à Maurice en 2012 par le biais de la Brahma Kumaris World Spiritual University (BKWSU). Une pratique agricole, née en Inde qui, outre d’être biologique, se veut moins coûteuse et offre de meilleurs rendements en termes de nutrition. L’agriculture yogique combine par ailleurs le bien-être de celui ou celle qui cultive des légumes dans un flot d’énergies positives qu’apporte la méditation. En quelque sorte, un nouveau type de fertilisants pour ses légumes… Incursion dans le potager de la BKWSU de Khoyratty, avec le frère Vikram Dookna pour guide.
À Khoyratty, la blancheur du bâtiment du centre spirituel de la Brahma Kumaris nous convie à une atmosphère de pureté. On s’imagine loin de tous types de pollution dans la société. Une brise légère et fraîche nous conduit au potager du centre : un jardin yogique étalé sur quelque 25 perches, à l’arrière du centre. Des laitues et des ‘brèdes bâtons verts’ recouverts au moyen de filets pour éloigner oiseaux et autres insectes ont vite fait d’attirer nos yeux avides. Avides et curieux de voir comment l’amour et les pensées positives peuvent booster la culture de légumes sains, sans produits chimiques. Et, comment on lutte contre les petites bêtes nuisibles. Au fur et à mesure qu’on avance, de minis-écriteaux, en guise de conseils, nous introduisent dans une atmosphère méditative. Au loin, plus bas, ont été piqués des drapeaux rouges et jaunes, symboles d’énergies positives. En passant devant les menthes, on est ainsi convié à « walk softly ». Deux pas plus loin, à « spread peace » et puis ensuite à « smile » parmi les coriandres, ‘bâtons verts’ ; ‘bâtons blancs ‘ ; aubergines ; pommes d’amour ; safrans, ananas, ‘brède giraumon’ ; ‘voëmes’ et haricots…
Originaire de l’Inde, l’agriculture yogique a été introduite à Maurice en octobre 2012 par la BKWSU dans le cadre de la Journée mondiale de l’Alimentation, au Jardin botanique de Pamplemousses. En 2013, une délégation de la BKSWU de l’Inde est venue assurer une formation sur cette singulière méthode agricole. « L’agriculture yogique est une combinaison de l’agriculture biologique et de la pensée positive. Il s’agit du côté non-physique de la chose. Quand on demande à un enfant de manger pour grandir, on a l’aspect physique. Mais, à côté, on lui donne de l’amour. L’amour n’est pas quelque chose de tangible et pourtant, c’est important à sa croissance. De même, pour les plantes, il y a des recherches qui ont été faites en Inde qui ont démontré que les plantes cultivées selon l’agriculture yogique comportent plus de valeurs nutritives. L’agriculture biologique se démarque de l’agriculture qui utilise des produits chimiques, mais l’agriculture yogique apporte un plus car elle fait appel aux vibrations positives. Il y a toute une série d’énergies positives qui peuvent émaner d’une personne. Pour cela, on doit avoir recours à la méditation » nous explique Frère Vikram Dookna.
C’est le fort taux de suicide parmi les planteurs en Inde suite à la dévastation de leurs plantations à cause de conditions climatiques qui ont donné naissance à cette méthode agricole, selon le responsable du jardin yogique de la BKSWU. « Beaucoup de planteurs en Inde contractent des emprunts pour leurs plantations mais lorsqu’il y a des problèmes climatiques et que leurs champs sont ravagés et ne pouvant rembourser leurs dettes, ils sombraient souvent dans l’alcool ou alors mettaient fin à leur vie pour éviter la prison. C’est dans ce contexte que la BKSWU  a décidé d’introduire ce projet en vue de motiver les agriculteurs. Quand ils étaient affectés, c’est toute la famille qui l’était aussi. Les planteurs ont alors bénéficié d’une formation sur l’agriculture biologique et sur la méditation. Ce qui a diminué le problème. Ils sont encouragés à cultiver plusieurs types de plantes. Cela aide à la biodiversité et repousse les insectes. Par ailleurs, cultiver plusieurs plants garde les planteurs occupés et les empêche de sombrer dans les fléaux ».
Comment procède-t-on dans l’agriculture yogique ? Selon le frère Vikram Dookna, « en prélude à la plantation, il importe de bien préparer la terre où vivent plusieurs organismes. Avec l’utilisation des pesticides, toute vie est détruite dans les terres. Il faut donc y remettre de la vie. Il nous faut du ‘Jiv Amrit’, Jiv signifiant ‘vie’ et ‘Amrit’, nectar ». De quoi est constitué ce nectar de vie ? « Il faut de la bouse qui contient beaucoup de bactéries, et pour multiplier ces bactéries utiles pour une terre fertile, on mélange la bouse à de l’eau de pluie ou de la rivière. On ne prend pas l’eau du robinet car le chlore les tuerait. On y ajoute du sucre roux comme source de glucose et de la farine de pois chiches (besan) pour de la protéine. On arrose ce mélange sur la terre l’après-midi et on le couvre de feuillages secs une semaine durant pour garder l’humidité. Pendant ce temps, les semences sont déposées dans la salle de méditation pour y recevoir des vibrations positives. Nous avons fait l’expérience de semences avec méditation et semences sans méditation. Nous avons constaté que les premières poussaient plus vite et étaient en meilleure forme ». Le planteur est appelé à créer un endroit de méditation dans son potager. « Il faut encourager la biodiversité. Ce n’est pas parce qu’il y a des oiseaux qu’il faut mettre du poison pour les tuer. Ils ont besoin de manger. Les oiseaux aident en mangeant des chenilles. Quant aux insectes ou les poux blancs, on peut utiliser l’huile de ‘neem’ (lilas de Perse) sur les feuilles ou l’urine de vache pour les repousser ». Par ailleurs, selon Vikram Dookna, si les semences que l’on achète « sont déjà traitées avec du poison, il existe une alternative. Vous pouvez récolter vos propres semences à partir de vos plantes ».
Le compost est aussi utilisé dans l’agriculture yogique. La BKSWU compte un autre potager yogique, étalé sur un plus grand espace, à Goodlands. Une méthode qui suscite l’intérêt de nombre de planteurs pour un retour vers l’harmonie entre l’homme et la nature.

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