AIDS CANDLELIGHT MEMORIAL: « Mo pa konpran kifer dimounn ziz mo papa ! » déclare Owen 16 ans

« Mon papa et moi, nous menons une vie normale… On rigole ensemble, on passe du temps tous les deux, comme tous les autres enfants avec leurs parents. Et je le prends dans mes bras sans hésitation… Il n’y a aucun problème ! Ce n’est pas pour autant que j’attrape le sida ! Je ne comprends pas pourquoi les gens le rejettent. Kifer zot touzour ziz li ? » Le bras autour des épaules de son père, Owen, 16 ans, n’a pas eu à dire ni à faire davantage pour que l’assistance présente au Caudan Waterfront, hier soir, ait le coeur gros et les larmes aux yeux. Owen, adolescent, aîné d’une famille de quatre, témoignait de sa condition d’enfant d’un père séropositif, Den Ramsamy. C’était le clou de la septième commémoration mauricienne du AIDS Candlelight Memorial, organisé hier soir au Caudan par l’ONG LEAD.
Il y a quelques années, Owen était un enfant qui allait être enlevé à ses parents. Ils l’avaient confié au CEDEM, et avaient appris que la Child Development Unit (CDU) allait leur enlever la garde, très probablement parce qu’à l’époque, Den Ramsamy, le père d’Owen, terminait sa réhabilitation et sa réinsertion. Sa femme en faisait autant. Les deux parents étant absents de la maison, les autorités craignaient qu’ils ne puissent s’en occuper. Cependant, grâce à la persévérance de Den Ramsamy et des efforts soutenus de sa femme, ils purent retrouver Owen, qui resta, le temps qu’ils terminent leurs thérapies, sous la garde du CEDEM.
Hier soir, dans son témoignage, Owen n’a pas manqué de remercier cette structure d’accueil. Et son père a rappelé que « durant 22 ans, j’ai été sous l’emprise de la drogue. Mais depuis sept ans, je suis totalement clean ! »
La “success story” de Den Ramsamy démarre quand, un jour, se remémore Owen, « je suis allé chercher mon père. Il était dans un bar. Li ti cabossé… Larm ti dan so lizie. Monn dir li : “Pa, to pa krwar inn ariv ler to al dan enn centre ?” » Den Ramsamy a souvent rappelé que, pour lui, les paroles d’Owen ont été « le déclic ». « C’est à partir de ce jour-là que je me suis rendu compte combien mon enfant souffrait à cause de ce que la drogue nous avait fait, à ma femme et moi-même. »
Owen a aussi raconté comment il a vécu l’enfer de la drogue, aux côtés de ses parents : « Ma mère devait se rendre au poste de police. Comme il y avait un “case” contre elle, elle fut arrêtée. Ce soir-là, quand on est rentré à la maison, où on habitait comme locataires, le propriétaire nous a mis à la porte… », sans doute après avoir appris que Den et sa compagne étaient des toxicomanes. « Nou finn al res dan enn lakaz vide, se souvient encore Owen. Pa ti ena narien, ni meb ni lili, ni dilo ni kouran. Gramatin, pou mo baigne avant al lekol, papa inn al rod enn boutey delo pou mwa… »
L’adolescent, qui est actuellement en Form 2 dans un établissement scolaire très réputé des Plaines-Wilhems, a la voix cassée à ce point de son témoignage. D’une voix très basse, il continue son récit : « Ma mère est allée en prison à ce moment-là. Et mon père était au plus bas… »

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