AISHA TIMOL : « Impératif de renforcer la bonne gouvernance »

Le renforcement de la bonne gouvernance dans le secteur des services bancaires et financiers en général s’impose aujourd’hui, eu égard aux scandales qui secouent ce secteur depuis 2008 et à l’importance de la bonne gouvernance dans l’avancement d’une entreprise, de l’économie d’un pays ou encore d’une juridiction financière comme celle de Maurice. Propos ce matin d’Aisha Timol, Chief Executive Officer de la Mauritius Bankers Association, qui faisait un exposé en son nom personnel à l’ouverture d’un atelier de travail du Mauritius Institute of Directors à l’hôtel Hennessy Park à Ebène.
Le MIoD a fait appel au CEO de la Global Governance Services Ltd, Chris Pierce, pour animer ce séminaire. Ce dernier a soutenu que malgré les bonnes notes obtenues par Maurice de diverses instances internationales pour la qualité de son environnement des affaires, « il n’est pas question de dormir sur ses lauriers » car bien des pratiques méritent d’être revues.
La bonne gouvernance, a déclaré d’emblée Aisha Timol, est maintenant un sujet très sensible dans le secteur des services financiers si l’on prend pour témoin les scandales qui le marquent. Situant le rôle des banques en tant qu’intermédiaires financiers, elle a observé que ces institutions ont des responsabilités vis-à-vis de trois parties : le public, le marché et les actionnaires. « Tout repose sur la confiance », a-t-elle souligné. S’appesantissant sur les responsabilités des banques vis-à-vis du marché, elle a indiqué que tout manquement de la part d’une banque peut déboucher sur la perte de confiance dans l’institution concernée avec un impact négatif sur le système financier national. Parlant de la responsabilité d’une banque vis-à-vis de ses actionnaires, Aisha Timol, se référant à une institution où l’État est actionnaire principal, a fait ressortir que cette responsabilité est aussi grande vu qu’elle implique des fonds publics.
Aisha Timol a évoqué les différentes initiatives prises au niveau local pour la mise en place d’un cadre de bonne gouvernance. Elle a fait ressortir que bien avant la crise financière de 2008, soit en avril 2001, la Banque de Maurice avait élaboré ses premières directives (guidelines) qui couvraient un éventail de sujets tels la gestion des risques, la protection des intérêts des déposants, la mise sur pied de comités d’audit et de rémunération dans les institutions bancaires. Une nouvelle ébauche de directives portant sur la bonne gouvernance a été émise en novembre 2010 et tout laisse croire que les recommandations finales seront officielles dans les prochains mois.
Pour sa part, la MBA a élaboré un Code of Banking Practice en 2007, qui met, entre autres, l’accent sur les droits des consommateurs, les obligations des banques. Ce code sera également revu et Mme Timol considère que la question de l’éthique dans les pratiques bancaires devra occuper une bonne place dans le nouveau document. Elle a, par ailleurs, insisté sur l’importance de la bonne gouvernance dans la protection de la réputation internationale de la juridiction mauricienne. Elle a fait état de l’adhésion de Maurice à diverses instances internationales (couvrant les services bancaires, de l’assurance, des marchés de capitaux ainsi que le combat contre le blanchiment de capitaux), affirmant que l’adhésion totale aux pratiques de bonne gouvernance contribue à la promotion d’une bonne image de Maurice.
Cependant, Aisha Timol est d’avis qu’il faut veiller à ce qu’il n’y ait pas de sur-règlementation. Beaucoup d’opérateurs, selon elle, pensent que les coûts associés à une sur-règlementation peuvent limiter le développement de l’entreprise. Il est important, ajoute-t-elle, de s’assurer que les bénéfices soient plus élevés que les coûts.
Concluant son intervention, Mme Timol a soutenu qu’à l’avenir certains principes ou pratiques devront avoir priorité dans le secteur des services financiers : privilégier la sécurité des opérations et de l’entreprise en opposition aux risques, afficher une générosité et un dévouement sans faille à son entreprise en opposition aux récompenses et agir avec modération au lieu de faire montre de matérialisme.

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