Alcool au volant : limite de 20 mg, soit le premier verre de bière

Il faudra bien se tenir. Le Road Traffic (amendment) Bill, qui a été voté sans amendement au Parlement mercredi aux petites heures du matin, n’autorise que 20 mg d’alcool dans le sang, contre 50 mg auparavant, soit le premier verre de bière ou l’équivalent en vin ou spiritueux. Sans compter que deux instruments seront bientôt utilisés pour déceler des traces de drogue dans le sang. Intervedant lors des débats, Ravi Rutnah, Dan Baboo, Sangeet Fowdur, Eddy Boissezon ont commenté les nouvelles dispositions d la loi. Ainsi, le premier nommé estime que « personne n’a le droit de consommer une goutte d’alcool avant de prendre le volant ».

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Dan Baboo et Sangeet Fowdur, eux, se montrent sévères vis-à-vis des autorités, le premier affirmant que « ce n’est que vers la fin de son mandat que ce gouvernement se réveille » et le second, lui, qu’il aurait « apporté des lois plus sévères » s’il était ministre. Eddy Boissezon, pour sa part, est plutôt d’avis que cette loi arrive « au bon moment ». Nando Bodha lui emboîte le pas, étant certain en effet que le système « apportera de meilleurs résultats ». « Ni un homme ni une femme n’ont le droit de prendre de l’alcool avant de conduire », soutient le backbencher de la majorité, Ravi Rutnah après l’intervention du député de l’opposition, Paul Bérenger. Selon Ravi Rutnah, le pays se trouve dans une phase « où tout est hors contrôle » à cause des chauffeurs imprudents et d’autres qui conduisent intentionnellement pour causer des accidents. « Certains veulent être Mad Max sur la route. Nous devons prendre des décisions difficiles car la situation est aussi difficile », dit-il en affirmant que 75 différents amendements ont été apportés au Road Traffic Act depuis 1939 pour être en ligne avec le développement de la société.

Énumérant les points saillants des amendements apportés, notamment le Fixed Penalty Regime ou encore la politique de zéro tolérance, Ravi Rutnah ajoute qu’il est plus que jamais nécessaire d’appliquer cette politique. La décision de baisser à 20 milligrammes d’alcool dans 100 millilitres de sang, selon lui, devra être appliquée sans aucune concession. « Ce sera de votre responsabilité de ne pas avoir de l’alcool dans votre sang lorsqu’on vous arrête », dit-il.

« Manque de vision »
Le député de l’opposition Dan Baboo, qui est également intervenu sur le projet de loi, n’a pas hésité à tirer à boulets rouges sur le gouvernement. « Ce projet de loi arrive en retard. Cela démontre l’incapacité du gouvernement de voir plus loin car du retard est accusé dans la prise de décisions sévères », dit-il et ajoute qu’un autre gouvernement aurait apporté de mesures strictes depuis longtemps compte tenu du nombre d’accidents sur les routes. « Ce n’est que vers la fin de son mandat que ce gouvernement se réveille », ajoute-t-il.

Pour le député, il est difficile de changer la mentalité des gens. « Nous avons une culture de mauvaise conduite à Maurice. Les délits ne manquent pas. Les chauffeurs ne sont pas courtois et ceci est la cause des accidents graves. De plus, des gens traversent l’autoroute », dit-il. Prenant pour appui des chiffres sur les accidents de la route de Statistics Mauritius, il avance qu’une hausse de 1,2% dans le nombre d’accidents a été notée de 2016 à 2017 et 15,2% sont fatals dont 40,2% des motocyclistes. Le député regrette que les campagnes de conscientisation n’aient pas apporté les résultats escomptés. De l’autre côté, il souligne l’absence remarquée de policiers sur les routes et accuse certains d’entre eux de fermer les yeux lorsque des infractions se passent devant eux. « S’il n’y a pas une bonne coordination entre la police pour appliquer les règlements, rien ne se passera », soutient le député. Dan Baboo accu se certains policiers d’être des « canards boiteux » qui ne s’engagent pas à faire respecter les règles.

Dan Baboo constate un manque de lois sévères pour les deux roues. « J’attendais des mesures plus sévères qui concernent les motocyclistes qui sont sans expérience », dit-il et espère que les moto-écoles apporteront des résultats. Par ailleurs, au niveau du test de la pratique effectué aux Casernes pour l’obtention de son permis de conduire, Dan Baboo avance que ce test doit être mis à jour car il est  « trop simple et facile ». De plus, il estime qu’il est également important d’avoir des cours sur la sécurité au volant offerts par des policiers.

Au niveau des drogues synthétiques, Dan Baboo dit espérer des mesures avant-gardistes mais rien n’a été annoncé.  Le député ajoute qu’il faut que le ministère des Infrastructures publiques lance un numéro sur l’application WhatsApp pour que les usagers de la route puissent informer des infractions qui opèrent sur les routes. « Il faut nommer et couvrir de honte ceux qui enfreignent les lois. Lorsque les lois sont sévères, les gens sauront obéir », dit-il.

Dan Baboo n’a pas épargné la décision du gouvernement lors de la campagne de L’alliance Lepep d’enlever le permis à points et d’éteindre les caméras avant les élections.

« Des lois plus sévères »
Le trafic routier n’est pas un débat politique pour le député de la majorité, Sangeet Fowdur qui est brièvement intervenu sur le projet de loi. « J’aurais apporté des lois plus sévères si j’étais le ministre », dit-il face aux accidents sur la route. Pour le député, le trafic routier n’est pas uniquement une question de lois mais de changement de mentalité des gens.

Selon lui, il faut intimider les motocyclistes à cause de leur mauvaise conduite sur la route et le non-respect des règles. Toutefois, il estime qu’il est aussi difficile pour les policiers d’appréhender ces motocyclistes sans des véhicules appropriés. Il ajoute qu’il est également compliqué d’arrêter ceux qui boivent et conduisent.

Prenant le cas du Royaume-Uni où des policiers sont présents près des bars, il demande que des policiers soient aussi présents dans plusieurs endroits de Maurice où se trouvent ces bars, et non seulement à Grand-Baie ou Flic en Flac. Par ailleurs, Sangeet Fowdur se réjouit que l’installation des 4 000 caméras de surveillance à travers le pays puisse permettre d’arrêter ceux qui ne respectent pas les lois et qui sont la cause des accidents.

Au niveau de la drogue de synthèse, Sangeet Fowdur avance que ce sujet est le plus important en ce moment. Tout comme ce problème, l’utilisation du téléphone portable au volant est aussi un autre sujet épineux. Il demande au gouvernement de se procurer des caméras de nouvelle technologie qui pourra prendre en photo ceux qui utilisent leur téléphone portable au volant même si leur vitre est teintée.

« Moment opportun »
Réagissant aux critiques de l’opposition selon lesquelles les amendements apportés au Road Traffic Act sont tardifs, le ministre de la Fonction publique, Eddy Boissezon a affirmé : « Il ne faut pas venir dire qu’il est trop tard d’avoir pris les décisions. Cette loi arrive au moment opportun », dit-il. Énumérant le nombre de morts sur la route depuis le début de cette année, il avance que le constat est accablant, ajoutant que le gouvernement n’a pas de « baguette magique » pour venir rapidement avec des lois et concédant que la tâche est ardue.

Selon le ministre, il n’existe pas une culture de la conduite à Maurice. Il avance que quelques personnes n’hésitent pas à jeter des objets sur l’autoroute. « Pour qu’on puisse créer cette culture, il nous faut des actions immédiates et dissuasives », souligne-t-il. La conscientisation, selon lui, est également importante. Il fait ressortir que les mesures apporteront des changements positifs lorsque les lois seront amendées. Si les policiers doivent être constamment vigilants sur la route, Eddy Boisssezon est d’avis qu’une réduction de la vitesse entraînera automatiquement une baisse dans le nombre d’accidents.

Pour lui, il ne faut pas que des opérations “crack-down” mais une vigilance continuelle.
Par ailleurs, il réfute que les amendes soient une manne pour les policiers. Il demande aux membres de l’opposition qui pensent ainsi de faire preuve de patriotisme et de placer leur confiance en la police. Il lance un avertissement aux policiers qui voudront prendre des pots-de-vin lorsqu’une personne est prise en contravention. « Si un policier le fait, ce sera très sévère pour lui », dit-il.

S’il est d’accord que l’alcool peut être consommé avec modération, il estime que plusieurs personnes pensent que l’alcool est un ami. « Nous devons adopter une culture de either drink or drive », avance-t-il. Dans la foulée, le ministre refuse de ramener le taux à 50 milligrammes contre 20 milligrammes dans les nouveaux amendements. « Il faut également penser aux jeunes. Si nous voulons qu’il n’y ait pas d’alcool au volant, il faut accepter ce chiffre », dit-il. Il demande à ceux qui souhaitent que le taux soit à 50 milligrammes d’analyser l’état des routes à Maurice. « Nous nous efforçons tous les jours d’avoir des routes aux normes internationales. Nous ne pouvons pas avoir de l’alcool au volant », dit-il.

D’autre part, les points de pénalité selon lui étaient une « grave injustice » contre les utilisateurs de la route. « C’était plutôt une tirelire pour le gouvernement que de réduire le nombre d’accidents », dit-il à l’égard de l’ancien régime.

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