ALEXANDRA JUGLALL, COSTUMIÈRE: Le sens créatif de fil en aiguille

Styliste de renom, Alexandra Juglall s’est vue confier cette année le soin de réaliser avec son équipe les costumes pour les spectacles Mamma Mia et La Traviata. Son succès, elle le doit en partie à la récompense qu’elle a reçue en 2001 lors de la cérémonie du Web d’Or. En effet, c’est elle qui avait confectionné les costumes de Servihoo, ce grand bonhomme juché sur des échasses arborant les couleurs bleu et rouge. Connue comme la dame aux doigts de fée, Alexandra Juglall se dit fière d’être dotée d’un sens de créativité qui lui permet de réaliser des costumes d’époque de toute beauté.
Son atelier à Quatre-Bornes croule sous les demandes. Ses sympathiques employées affichent une mine radieuse lors de la séance photos, affichant cette passion pour leur métier.
Après avoir réalisé les costumes de Mamma Mia avec ses couleurs disco, Alexandra Juglall opte pour plus de sobriété avec la confection des costumes de l’opéra La Traviata. Des tenues qui rappellent l’époque où les robes Charleston étaient de mise. Alexandra Juglall sourit et ses yeux d’un gris vert reflètent intensément l’amour qu’elle porte à son métier. Elle aime les robes à la fois colorées, fantaisistes et brillantes qu’elle parvient à confectionner pour en faire une tenue de scène.
Ambiance
C’est le circuit hôtelier qui l’a en premier lieu motivée. Le St Géran où Alexandra Juglall a pris de l’emploi comme danseuse lui a permis de pratiquer tous les styles de danse. C’est en rangeant ses costumes après chaque répertoire qu’elle a eu le déclic : devenir costumière.
Un premier atelier à Curepipe, J.W. Fashion, au prénom de ses deux fils Jérémy et William, elle reçoit bien vite l’estime de sa clientèle. Alexandra Juglall se tourne alors vers les spectacles et dans un premier temps, c’est pour le compte d’une école maternelle qu’elle confectionnera des tenues pour la représentation La Belle et la Bête. Ensuite, il y a eu Zenfan des îles, Extravaganza. Le Sugar Beach lui confie également leurs tenues de scène et elle aura aussi l’opportunité de confectionner des vêtements du Millenium Show 2000.
Ayant entendu parler d’Alexandra Juglall, François Gaulthier, un Réunionnais, lui confie tous les costumes de son carnaval. Ses coiffes à la brésilienne faites de fruits et recouvertes de polystyrène trouvent preneurs dans les spectacles de samba. « Je confectionne aussi des robes de mariées et récemment j’ai eu le privilège de créer la robe de Laeticia Darche-Sauzier, l’ex-Miss Mauritius. Ma force repose sur mon travail et la satisfaction de mes clientes qui me font entièrement confiance. J’aime relever les défis. Quand on m’a proposé de travailler pour le spectacle Mamma Mia l’année dernière, j’ai gardé en tête l’époque d’Abba avec cette profusion de couleurs chaudes et des tenues flashy. Il fallait aussi faire en sorte que mes costumes s’identifient aux quatre chanteurs d’Abba dont les ritournelles sont légendaires. »
Travaillant à partir des photos que lui remettent les producteurs de spectacle, entourée de son équipe, Alexandra Juglall parvient facilement à recréer la même ambiance. « Je fais en sorte que les acteurs et chanteurs qui endosseront ces costumes aient le même éclat sur scène. Et je dois dire que je suis fière de pouvoir à chaque fois recréer cette magie, ce qui m’a valu ce compliment de la part d’une dame : “Vous avez des doigts de fée”. Depuis, j’ai inscrit ces mots sur ma carte de visite. »
La discrétion reste aussi une des grandes qualités de cette styliste. Dans son atelier à Quatre-Bornes, son équipe l’aide à installer certains costumes de La Traviata. Cette fois, Alexandra Juglall fait dans la sobriété. « C’est un opéra et j’essaie jusqu’au bout de garder l’essence du spectacle à travers les tenues. J’ai une préférence pour les robes Charleston et aussi pour les combinaisons aux couleurs fluides agrémentées de fleurs. » Un travail qui peut lui prendre un mois entre la coupe, la confection et les accessoires. « L’avantage dans ce métier, c’est de pouvoir changer de ton. On passe du classique au moderne, de la sobriété au superflu, chaque tenue correspond à une image de femme ou d’artiste. C’est comme jongler avec une palette de couleurs et donner à chaque fois cette petite touche qui fait la différence, et cette différence se trouve dans l’art de confectionner une tenue. Pourtant, les ingrédients sont simples : une aiguille, du fil et beaucoup de créativité. Le fait-main, c’est quelque chose d’extraordinaire, c’est comme un artiste devant sa toile. » Confiante d’avoir fait le bon choix, Alexandra Juglall veut explorer toutes les perspectives. « Je rêve d’un défilé pour les femmes bien portantes. Il faut pouvoir aussi oser porter certains vêtements car ils sont comme une deuxième peau et reflètent nos états d’âme. » La styliste se dit heureuse de voir ses costumes sur des affiches de spectacle. « C’est encourageant de montrer qu’il existe aussi un vrai savoir-faire mauricien. »

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