ALLIANCE ÉLECTORALE: « Aucune raison de ne pas croire SAJ »

Le tête-à-tête de ce matin à la State House entre le président de la République sir Anerood Jugnauth et le Premier ministre Navin Ramgoolam devrait déboucher en principe sur une accalmie dans l’attaque frontale de l’hôtel du gouvernement contre la State House. En effet, s’adressant à la presse après la manifestation officielle marquant la Journée international de la Femme, le Premier ministre a levé un coin du voile sur la teneur des échanges avec SAJ sur le projet d’accord électoral MedPoint II de l’opposition. L’un des principaux sujets à l’agenda de ces échanges, qui ont duré 45 minutes, était la quête de précisions de Navin Ramgoolam auprès de sir Anerood Jugnauth quant à son éventuelle implication dans les tractations politiques de l’opposition pour le Remake 2000.
« Le président de la République m’a fait comprendre qu’il est normal que le Premier ministre recherche des éclaircissements au sujet des questions d’ordre politique. Sir Anerood Jugnauth m’a confié qu’il n’est pas impliqué dans le Remake 2000 », a déclaré à la presse Navin Ramgoolam peu après la fin de la cérémonie.
Pressé par les journalistes au sujet de cette confidence du président de la République, Navin Ramgoolam a fait comprendre qu’il n’a aucun raison de mettre en doute la parole de sir Anerood Jugnauth. « Mo pena okenn rezon de pa kwar le prezidan de la Repiblik. Je pense que Paul Bérenger a été un peu trop vite en besogne ». Il a ajouté qu’il a fait ces commentaires avec l’aval du président de la République
L’épisode de ce matin à la State House vient modifier en quelque sorte les données sur l’échiquier politique. Il faudra s’attendre à voir l’artillerie politique du gouvernement cibler dorénavant le MMM au lieu du président de la République. Par ailleurs, le Premier ministre a indiqué que le projet de réforme électorale a été enterré politiquement.
« Pourquoi devrai-je changer le système électoral qui m’a permis de remporter trois élections générales ? » a lancé le Premier ministre aux journalistes présent à cette même occasion. Deux sujets politiques à rebondissement.
Générosité pour les Safe Seats
En marge des consultations de ce matin, les dirigeants du MMM et du MSM se sont rencontrés pendant 45 minutes, hier, en vue de passer en revue la situation sur l’échiquier politique après le vote secret 33 contre 10 au comité central du MMM et à la veille de la rentrée parlementaire du mardi 20. Les premières modalités du Remake 2000 ont été à l’ordre du jour des échanges, le leader du MMM Paul Bérenger soulignant que le « Remake 2000 c’est le Remake 2000 ». A savoir, une répartition Fifty/Fifty des investitures pour les prochaines élections générales et l’actuel président de la République désigné comme leader de l’alliance et en tant que candidat au poste de Premier ministre pour les trois premières années du mandat et Paul Bérenger complétant les deux dernières années.
La question des investitures au niveau des différentes circonscriptions et le fait que certaines personnalités du MSM soient susceptibles de susciter des irritations de la base mauve dans certaines régions urbaines n’ont pas échappé à l’attention. En tout cas, à ce stade des discussions, le mood au sein du MMM est qu’il faut éviter de subir l’expérience de 2005 où pour des élections du 3 juillet de cette année-là, le MMM avait fait preuve de « générosité » envers le MSM en terme de « safe seats ».
Un autre aspect de la répartition des tickets en vue des prochaines élections est que tout député de l’actuelle majorité qui pourrait être tenté par l’aventure politique du Remake 2000 sera assimilé au sein du MSM pour les besoins d’investiture. Dans l’immédiat, la priorité confirmée du MMM et du MSM reste de mettre l’accent sur la fragilité du gouvernement dirigé par Navin Ramgoolam en faisant pression sur des « parlementaires vulnérables » de la majorité.
À terme, l’opposition parlementaire se donne pour objectif de mettre en minorité à l’Assemblée nationale le Premier ministre avec toujours Anerood Jugnauth à la présidence de la République. Dans cette perspective et le temps d’une transition vers les prochaines élections générales anticipées, Paul Bérenger pourrait être appelé à former un gouvernement à la demande du président.
Toutefois, au sujet de la motion de censure à l’Assemblée nationale contre le gouvernement Ramgoolam, le leader de l’opposition s’en tient à sa positions initiale, à l’effet que « kan mo feel mo bizin prezant li, mo ava fer li ». La carte de la motion de censure ne peut être utilisée par l’opposition qu’une seule fois pendant une session parlementaire et au sein du MMM, l’on souligne que tout empressement pourrait ne pas rapporter les dividendes escomptés dans la conjoncture politique.
Aucun délai légal
En attendant que des prochaines réunions conjointes ne soit fixées pour approfondir les discussions au sujet du Remake 2000, le MMM et le MSM ont pris la décision de renouer avec les réunions du groupe parlementaire conjoint en vue de mieux coordonner les actions parlementaires. Le leader du MMSD et député de l’opposition Eric Guimbeau sera invité à se joindre à ces discussions, dont la première se déroulera à Ebène le samedi 17 courant après le point de presse hebdomadaire du leader du MMM.
D’autre part, un autre dossier majeur en suspens, dont les répercussions pourraient se faire sentir au plus haut sommet de l’État et impliquant le président de la République, soit l’affaire de la contestation du redécoupage électoral des arrondissements urbains, attend toujours le dénouement. Avec la décision des maires des cinq villes et du ministre des Administrations régionales Hervé Aimée de boycotter les consultations initiées par le président de la République, la prochaine étape reste la proclamation de la State House avec des amendements aux délimitations prévues dans la Local Government Act 2011.
Les procédures établies aux termes de l’article 9 (3) de la nouvelle loi-cadre sur les Administrations régionales sont que la proclamation du président de la République doit être transmise au ministre des Administrations régionales, la seule autorité habilitée à publier à l’officiel dans la Gazette du Gouvernement la proclamation avec les changements. Néanmoins, le hic est que cette même clause de la Local Government Act n’impose aucun délai légal au ministre pour enclencher cette étape finale.
Dans la conjoncture de haute tension politique, où l’hôtel du gouvernement maintient que le président de la République serait en contradiction avec l’article 64 (1) de la Constitution, il n’est pas exclu que le ministre des Administrations régionales vienne avec une initiative à l’Assemblée nationale pour confirmer les délimitations initiales des arrondissements du texte de loi, renversant la proclamation présidentielle.
Le comble sera que le président de la République devra, alors, accorder son Assent à ces délimitations urbaines qu’il aurait remises en question avec les consultations sur la base du document soumis par le MSM de Pravind Jugnauth, soit un retour à la case départ avec des conséquences sur le plan constitutionnel à prévoir…
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Scandale du siècle MedPoint : l’ICAC de nouveau à la Santé
Après une longue accalmie dans l’enquête sur le scandale du siècle du rachat de la clinique MedPoint au coût de Rs 144,7 millions, l’Independent Commission Against Corruption (ICAC) se signale de nouveau ces jours-ci. Des limiers de la Special ICAC Squad ont débarqué hier au ministère de la Santé à la mi-journée et comptaient revenir ce matin pour poursuivre cette nouvelle étape dans l’enquête, qui a démarré depuis plus de 15 mois avec au moins sept inculpations provisoires, dont celles de l’ancien vice-Premier ministre et ministre des Finances Pravind Jugnauth et de l’ex-ministre de la Santé Maya Hanoomanjee.
Les recoupements d’informations effectués par Le Mauricien indiquent que durant l’après-midi d’hier, les enquêteurs de l’ICAC ont eu une séance de travail avec la nouvelle Senior Chief Executive Jaya Veerapen à la tête de ce ministère. L’ICAC serait en quête de détails au sujet de la genèse du projet de Geriatric Hospital au ministère de la Santé en vue de compléter tout le dossier à être soumis au Directeur des Poursuites Publiques (DPP).
Les limiers de l’ICAC devaient retourner ce matin au ministère de la Santé pour continuer le travail initié depuis hier. D’autres sources avancent que l’ICAC aurait dressé une nouvelle liste de noms de fonctionnaires du ministère de la Santé à être entendus dans les prochains jours et susceptibles de faire progresser le dossier du scandale MedPoint en attendant que les procédures d’appel entamées par le leader du MSM au niveau de la Cour suprême ne soient bouclées.

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