Alphabétisation : Karina Palisade, des mots d’espoir

En marge de la Journée internationale de l’alphabétisation célébrée demain, le 8 septembre, Sunlights est allé à la rencontre de Karina Palisade, apprenante en alphabétisation.
C’est une fille dotée d’une douceur agréable, joviale et pas timide. Assez grande et menue, Karina Palisade a 18 ans. Elle refait actuellement sa Form 4. Illettrée, la jeune fille souffre beaucoup de son incapacité à s’en sortir académiquement. Dotée d’une volonté de fer et malgré tous les efforts fournis, Karina éprouve de la difficulté à lire et à écrire. Suivie depuis janvier par Angélique Menelas, animatrice d’alphabétisation de Caritas, Karina, aujourd’hui, arrive à lire quelques mots en français comme en anglais, mais se dit consciente que cela ne lui suffit pas encore.
“En classe de Fashion & Design à l’école, je m’en sors très bien pour le côté pratique, mais je m’achoppe complètement sur la théorie. Je n’arrive pas à saisir les mots”, explique-t-elle. Cet handicap, Karina le ressent chaque jour de sa vie, en se demandant de quoi sera fait son avenir. “Sans certificat, je ne sais pas comment je trouverais un emploi. Quand je pense à demain… que vais-je devenir? J’ai peur”, dit-elle, le regard attristé. Elle qui caressait le rêve de travailler dans le domaine médical pour être aide-soignante ou infirmière, ou encore dans une agence de voyage, il lui semble aujourd’hui que ses rêves ne sont que chimères. Elle garde pourtant l’espoir de trouver une voie qui lui permette de mettre à profit ses capacités manuelles sans que ses difficultés académiques ne soient indéfiniment des obstacles.
Son histoire, elle accepte de la raconter sans langue de bois. Après la maternelle, où elle n’avait a priori aucun problème, ses premières années en primaire se sont bien déroulées. Jusqu’à son entrée en Std 3. “J’avais des maux de tête tous les jours jusqu’à la Std 4. Et j’étais constamment malade. Ce qui a probablement contribué à me perturber au niveau scolaire.” Elle doit aussi faire face à l’incompréhension de ses proches. “J’ai eu beaucoup de problèmes avec ma maman au sujet de mes études. Elle n’arrivait pas à comprendre. Je lui ai maintes fois parlé pour lui expliquer mon problème, que je n’arrivais pas à lire et comprendre les mots. Il m’a fallu du temps et des efforts pour réussir à faire comprendre mes difficultés à ma famille. J’ai même dû avoir recours aux parents de mes amis pour qu’ils viennent parler à mes parents”, nous confie Karina. Par la suite, c’est sa mère qui l’a encouragée à suivre des cours d’alphabétisation. Aînée d’une fratrie de trois enfants, elle est la seule qui semble rencontrer de telles difficultés.
À l’approche des examens du troisième trimestre, Karina ne se sent pas prête, malgré les progrès qu’elle reconnaît avoir faits particulièrement en français depuis qu’elle est suivie trois fois par semaine par Angélique Menelas. Karina trouve dommage que les enseignants ne suivent pas les élèves: “À l’école, on ne connaît même pas les capacités de l’enfant. Il n’y a pas de suivi, on ne discute pas avec les parents pour leur expliquer les problèmes de l’enfant”, dit Karina. Elle soutient avoir d’ailleurs plusieurs fois tenté d’expliquer à ses professeurs à l’école que d’autres de ses camarades éprouvaient la même difficulté qu’elle à lire et à mémoriser les mots, mais elle a fini par se résoudre à ne pas insister face à ce qui ce rapproche de l’indifférence de la part des enseignants. “Ce n’est pas qu’on ne fait pas des efforts. On essaye, mais c’est dur, on n’y arrive pas”, dit-elle.
 

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