Amal, le chinois … en Haïti

… mais, un sinwa Made in Mauritius qui, dès le départ, nous emmène aux périodes épiques de la Chine ancienne ! Car Amal Sewtohul, avec sa maîtrise de la langue chinoise, en est profondément et subtilement imprégnée. De l’histoire de la Chine contemporaine aussi avec ses crimes politiques et ses erreurs (encore aujourd’hui pour les Droits de l’homme et le Tibet notamment). La Chine est certes debout, soutenue par une dictature de Parti Unique et par son armée pour « couper » les têtes contestataires du régime. Cependant, les femmes chinoises à peine sorties des pieds bandées sont aujourd’hui conductrices de camions ou de grues géantes, « la moitié du Ciel » défiant justement les gratte-ciel champignons. Une bonne partie de l’intelligentsia des années 70 seront les « porte-voix » de la propagande maoïste dans le Monde.
Restons-en aux bas-fonds de Chinatown à Port-Louis, là où musulmans (lascars) et chinois (macao ou pas) se sont toujours côtoyés avec respect depuis des générations. Avant que des têtes brûlées, excitées encore et toujours par nos politiciens, viennent à commettre cet incendie criminel de l’Amicale. Le Port-Louis de notre enfance pour tant de nous, avec « ses maisons typiques aux pas de porte qui donnent directement sur la rue ». Avec ces marchands de toute origine venant des quatre coins de l’île au Champs de Mars : les jouets en bois, les délicatesses indiennes et chinoises pour le petit peuple, pas pour ceux des tribunes. Tous ces souvenirs à jouir nous sont offerts par Laval / Amal, Made in Mauritius.
Rarement ailleurs existe cette chance unique que nous avons de pouvoir réunir dans nos assiettes quotidiennes « nana » venu d’Europe, d’Asie et d’Afrique. Quel gâchis aussi ! Chacha et Gaëtan vont s’asseoir au pouvoir sur la base de l’obscurantisme et du « nu bannism ». Le point culminant de cette période de feu dite « communale » sera le Patris, nous rappelle Amal Sewtohul avec une partie de « la population générale » (pas ceux trop proches des mauriciens originaires de Madagascar et d’Afrique) fuyant le supposé hégémonisme hindou, vers l’Australie particulièrement.
Ce sera un gouvernement de coalition (imposé par les colons anglais). Ce sera l’abandon de la vocation progressiste du Labour qui va se marier avec l’ennemi de classe de toujours autour du PMSD. Le grand capital et l’oligarchie franco-mauricienne vont en profiter de plus bel. « Be nu bann nek pu gete » ? C’est encore le principal leitmotiv de nos acteurs politiques et économiques d’aujourd’hui. La « droite imbécilement réactionnaire » aura l’occasion de jouer intelligemment le jeu, pour mieux réussir en « biznes ». Why not après tout, puisque il y a eu une certaine réussite d’accomplie, pour rester honnête. Why not, à un capitalisme mais à visage humain (est-ce bien le cas ?) à la place de certains régimes barbares, militaires et/ou religieux qui dominent encore trop certaines contrées de notre planète !
Par contre, sur le plan de la nation mauricienne, la situation ne s’est malheureusement pas beaucoup améliorée. On a raison de craindre que « la moindre étincelle peut mettre le feu à la prairie » (dixit Mao Zedong), partout à Maurice. Pour des raisons « racistes et religieuses » que certains ont déguisé électoralement sous le vocable de « nou bann sa » ou du « communalisme scientifique ». Comme Amal nous le rappelle, « le Mauricien, un homme en boîte, produit raté de la grande usine de l’histoire … sur une île flottante, dans un conteneur Made in Mauritius / Made in China ». Cette réalité du « nu bannism » qui perdure plus que jamais est tout simplement triste à pleurer. Il ne nous reste qu’un peu de consolation, comme ce « vol de palombes qui, lors d’une migration, voit leur forêt en feu. Le Dieu du feu les voyant tremper leurs ailes pour essayer d’éteindre  l’incendie, leur rit au nez pour leur dire que cela ne servait à rien : Que voulez-vous, c’est notre seule façon de pleurer notre tristesse » (poème de la Dynastie des Tang)
De la Chine donc, celle grande de par sa lointaine histoire et sa riche culture dans ce conteneur. Il nous transporte aussi dans cette Australie profonde, en pays d’aborigènes, les vrais australiens d’origine. L’histoire de Laval, de Feisal et de Ayesha va prendre une autre dimension là-bas avec le « dreamtime » et le spiritisme que les aborigènes nous rendent dans la beauté époustouflante de leur peinture. De cette polonaise / allemande qui sera notre initiatrice aux mondes mystiques de ces bushmen. Ils sont noirs de peau, en plus sorciers sinon fous. Les génies sont souvent qualifiés de fous.
Malcolm de Chazal en était un, lui blanc mais un « perdi bann ». Fou et poète à la fois, comme ces histoires dans l’histoire, Made in Mauritius. Nous tous sommes Made in Mauritius avec ses « rivières d’étoiles ………… et la mer qui fait sa lessive telle une ménagère excentrique ………. ». Nous aimons tous le Dholl Puri, le Briyani, les mines et riz « frits » (les meilleurs du Monde), la cuisine dite créole elle-même fortement pimentée d’influence européenne et africaine.
Quel symbole ! Made in Mauritius recevra le Prix de la Francophonie en Haïti. Les « lang.. t, L… to M… sont exactement les mêmes au pays des Tontons Macoutes de l’époque des Duvalier (in Les comédiens avec Richard Burton et Elisabeth Taylor qui a soulevé le public populaire dans les salles de cinéma à Maurice : ta ye, zot pe zure kuma nu). Vérification aussi faite auprès d’un chauffeur de taxi à Miami. Nous entendant parler en français, il nous demande d’où nous venions. De l’île Maurice, la preuve « lang ……….. to M… ». Il a hurlé d’horreur en nous disant que ce n’était pas bien de dire cela, Voilà jusqu’où ce foutu conteneur nous emmène, en Haïti !
Made in Mauritius va plus loin en faisant entrer la philosophie grecque par la porte de ce conteneur. Pour conclure majestueusement : « tu es toi-même la réponse à ton propre mystère – Seul le temps peut réparer ce que le temps a commis ».
Chapeau Amal, un authentique mauricien qui nous fait faire des voyages intérieurs, comme à travers les aventures de Sanjay, « explorateur mauricien des Anciens Mondes ». La voilà, encore, cette dimension universelle.

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