Ameenah Gurib-Fakim sort de son mutisme

La présidente de la République, Ameenah Gurib-Fakim, est sortie de son mutisme en s’en prenant directement aux « personnes qui tentent de paralyser le bon fonctionnement de nos institutions en utilisant une source partielle ». « Nous vivons une époque où la présidence est victime d’un procès par la presse », a-t-elle lancé dans une allocution prononcée lors du lancement de son livre intitulé: “From Le Réduit to the State House”
La cérémonie d’hier du lancement a été organisée à la State House en présence du vice-président de la République, Barlen Vyapoory et d’un bon nombre de membres du corps diplomatique et de consuls honoraires. La présence du vice-Premier ministre adjoint, Ivan Collendavelloo, était parlante alors que le Premier ministre a déclaré la veille qu’il y avait une divergence de vues entre la présidente de la République et lui et qu’il y a consensus en sa faveur au sein du conseil des ministres.

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L’intervention de la présidente de la République était attendue avec impatience par les personnes présentes dont plusieurs avaient pris la précaution de téléphoner d’avance pour demander l’heure à laquelle la cérémonie devait avoir en lieu, une manière courtoise de s’assurer que la cérémonie de lancement aurait bel et bien lieu.

Ameenah Gurib-Fakim a commencé à parler du Château du Réduit dont la construction avait été initiée en 1746 par Pierre Felix Barthèlemy David, pour servir comme refuge contre une éventuelle invasion britannique. Une bonne partie de la construction a été complétée en 1750 avant d’être achevée en 1778. Le jardin du Réduit est l’œuvre du botaniste Jean Baptiste Fusée Aubret. Elle a également évoqué la création d’un jardin de plantes médicinales alors que sir Anerood Jugnauth était président de la République. D’autres jardins ont été ajoutés, dont le “bamboo garden”, l’Aboretum comprenant des plantes endémiques de Rodrigues entre autres.

La présidente de la République avait conservé sa contre-attaque pour la fin de son allocution. « Je voudrais réfléchir sur quelque chose et vous laisser tirer vos propres conclusions », celle-ci affirmant par là même que le pays connaît des jours sombres de son histoire; où certaines personnes tentent de paralyser le bon fonctionnement de nos institutions en utilisant une source partielle. « Je ne suis pas un politicien mais un professionnel et fier d’être un membre de la société civile ». Ameenah Gurib-Fakim ajoutera par ailleurs: « Alors que nous nous apprêtons à célébrer le 50e anniversaire de l’indépendance, nous nous retrouvons à questionner et à douter de l’intégrité des individus et de nos institutions. Ça devrait être le moment de réfléchir sur notre passé, sur notre avenir commun ». Elle poursuit: « Nous vivons une époque où le chef de l’État subit un procès par la presse. Pendant une semaine, j’ai été calomniée, accusée, vilipendée, jugée maintenant que je suis condamnée. Où était mon crime? Quand j’ai rejoint le bureau, j’ai dit dès le début que je voulais penser différemment. J’avais assumé mes fonctions en tant que scientifique et entrepreneur, deux ingrédients essentiels à la fois pour l’Afrique et le continent africain. J’ai développé un partenariat avec l’institution de charité basée à Londres, Planet Earth Institute, comme avec le Bill et Belinda Gates Foundation pour le plaidoyer et le renforcement des capacités au plan scientifique », a-t-elle dit. Elle a poursuivi « qu’au cours de cet exercice, on m’a donné une carte bancaire d’entreprise et j’ai dûment remboursé tout ce que j’avais utilisé depuis mars 2017. Je ne dois rien à personne. Pourquoi cette question arrive-t-elle à la veille de notre 50e anniversaire? À la veille de la célébration de la journée de la Femmes où on parle de l’autonomisation des femmes. My message to all of you dear sisters is now, now is the time to stand up and let your voice be heard ».

En conclusion de son allocution d’hier, Ameenah Gurib-Fakim dira: « Je ne souhaite pas ce moment à mes pires ennemis, des moments qui portent atteinte à ma dignité de femme, de mère de famille et de fille de mon père, et ici en tant que professionnel je reste avec beaucoup de fierté; j’ai la conscience claire car je n’ai rien à me reprocher”, a-t-il conclu.
Si le vice-Président, Barlen Vyapoory a, pour sa part, observé que la présidente se sentait blessée, le vice-Premier ministre Collendavelloo s’est gardé de faire des commentaires estimant que le lancement de ce livre était une initiative excellente, un moment glorieux pour notre intellect. Il a refusé toutefois de réagir à ce discours. « C’est aux journalistes de venir réagir au discours », a-t-il lancé.

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