AMÉLIORATION EN APPROVISIONNEMENT EN EAU POTABLE : Une situation difficile à «virer » en 2015

A en croire les astrologues, 2015 sera plus abondante en eau. Un espoir pour les 346 879 abonnés du réseau domestique de la Central Water Authority (CWA) qui s’appuient également sur la garantie donnée par le nouveau gouvernement, durant la campagne électorale et avec sa prise du pouvoir que cette année,  la distribution d’eau sera assurée 24/24h, sept jours sur sept. Un défi majeur à relever, lorsqu’on tient en compte que les barrages de Bagatelle et de Rivière des Anguilles, dont les travaux auraient dû prendre fin cette année et début 2016, ne seront pas prêts avant 2017-2018.
Il est un fait que Maurice, en 2015, est encore incapable de fournir une alimentation continue et constante en eau à sa population. Les coupures en période de sècheresse demeurent la préoccupation majeure des habitants en plusieurs endroits du pays. Si en certains lieux, pour les fêtes de fin d’année, les vannes ont été ouvertes, histoire d’apaiser la colère des abonnés, dans d’autres, comme à Cité Kennedy, Quatre Bornes, les robinets étaient à sec le 31 décembre et le 1er janvier. Même dans la circonscription du Premier ministre, SAJ, plus précisément à Rivière du Rempart, les abonnés sont restés trois jours sans eau en ce début d’année. Des coupures d’eau qui minent le quotidien de nombreux abonnés qui déplorent la distribution inégale qui s’effectue sur le réseau de la CWA, du fait que certaines zones sont fournies 24/24h et d’autres 2 à 3 heures seulement par jour. D’autant que les plus diluviennes de ces derniers jours ont rehaussé le niveau de nos réservoirs et de nos nappes phréatiques, ce qui aurait dû allonger le temps d’alimentation en eau. Il n’en est rien.  A charge pour le nouveau gouvernement de subir déjà les foudres des habitants lésés qui n’hésitent pas à descendre dans la rue pour revendiquer leur droit d’avoir de l’eau potable à domicile.
La vieille rengaine des tuyaux vétustes
Et cette eau n’arrive toujours pas aux robinets de ces abonnés qui se sentent abandonnés. Et on reprend les mêmes rengaines réelles mais peu convaincantes lorsque votre robinet est à sec: le mauvais état du réseau de la CWA qui est pointé du doigt. Plus d’un tiers de l’eau traitée (environ 200 millions de litres) est perdue quotidiennement dans un réseau qui fuit de partout. Un récent rapport du National Economic and Social Council (NESC) en fait état et impute cette situation au mauvais état du réseau de distribution d’eau qui date, dans certaines régions, de plus de 100 ans. Une donne, provoquant une perte de Rs.875 millions dans l’eau annuellement selon le NESC, que la CWA ne conteste pas, indiquant avoir pris des mesures pour remplacer les tuyaux vétustes. Cependant, le travail est colossal et prendra beaucoup de temps. D’autres mesures d’urgences ont aussi été appliquée, avec notamment, la déviation de certaines rivières et cours d’eau vers les réservoirs afin d’augmenter la capacité de traitement d’eau dans certains station de distribution. Toutefois, en raison des tuyaux vétustes, la fourniture d’eau reste encore inadéquate dans la plupart des régions.
Retard dans la livraison des barrages
À ce jour, Maurice compte six réservoirs pour l’eau potable : Mare aux Vacoas, La Nicolière, Piton du Milieu, Mare Longue, Midlands Dam et La Ferme. L’alimentation en eau dans le pays repose à la fois sur ces réservoirs, sur les nappes phréatiques et sur les rivières, dont l’eau est d’abord traitée, puis envoyée dans les réservoirs avant d’être distribuée. Depuis 2011, des travaux de remplacement de tuyaux vétustes, au coût de Rs 715M, pour l’ensemble de l’île (excluant le Plateau Central) ont été entrepris de part et d’autres, sans pour autant que le problème de fourniture d’eau dans ces régions où les tuyaux ont été remplacés ne soit résolu totalement.?De même, alors que l’ancien gouvernement avait promis monts et merveilles avec la construction du Bagatelle Dam (prévu pour desservir les régions de Port-Louis et des basses Plaines-Wilhems, et également une partie de la côte ouest pour répondre aux développements en cours dans cette région) dont les travaux aurait dû prendre fin en décembre 2014, et celui de Rivière des Anguilles, qui devait être livré en 2016, les délais ont été repoussés en raison des problèmes techniques relevant de la nature du sol mais ignorés par les promoteurs pour des gains de marge. Le barrage de Bagatelle, dont l’investissement s’élève désormais à plus de Rs 5.4 milliards, soit Rs 1.7millliards de plus qu’initialement, ne sera pas prêt avant décembre 2016. Et il devrait coûter encore plus cher. Celui de Rivière des Anguilles, prévu pour desservir les régions du Sud et quelques zones de l’Ouest, ne sera pas livré avant 2018. Ce qui constitue un énorme retard  qui privera de nombreux mauriciens d’une alimentation en eau potable normale.
?A la CWA : « il faudra changer beaucoup de choses»?
Conscient du problème, le nouveau ministre des Utilités Publiques, Ivan Collendavelloo, s’offusque de la situation, estimant que l’inégalité dans la distribution d’eau, avec certaines zones percevant l’eau 24/24h et d’autres 3 heures seulement est inacceptable. « J’ai promis une fourniture adéquate d’eau potable en sachant qu’il n’était pas possible d’assurer du jour au lendemain une fourniture 24 heures sur 24. Par contre, le plan pour fournir l’eau 24 heures sur 24 sera échafaudé et sera mis en place », a-t-il laissé entendre dans une interview accordée à notre confrère du Mauricien, insistant que « l’eau c’est ma priorité ». Le ministre fait aussi comprendre que si certaines habitudes en cette période de l’année ne peuvent être bousculées, « il est clair qu’à la CWA, il faudra changer beaucoup de choses, car son but primordial est d’assurer une fourniture d’eau adéquate à la population ». A première vue, la CWA souffrirait plus de problèmes organisationnels principalement que structurelles et infrastructurelles, nous a fait comprendre Ivan Collendavelloo.
Ainsi, si le gouvernement, dans son manifeste électoral a indiqué envisager la construction de barrages, dans les quatre points cardinaux de l’île, dans l’immédiat, pour remédier aux carences, les autorités misent sur les mesures palliatives d’urgences, dont les camions-citernes et une meilleure planification de la CWA.  Or, avec les promesses électorales de l’Alliance Lepep, la population s’attend à ce qu’en 2015 et au plus vite, elle perçoit l’eau 24/24h. Ce qui relève de l’utopie malgré les bonnes intentions et une volonté manifeste. Le temps fait défaut et la population est à fleur de peau. En attendant il faudra encourager, par une adéquate information et vulgarisation —avec les moyens financiers nécessaires— les foyers mauriciens à s’équiper de leur propre système de captage et de stockage d’eau pour les utilisations domestiques non-potables. Un des exemples à ce niveau, reste Rodrigues où l’approvisionnement en eau potable est plus complexe qu’ici mais des installations spéciales permettent à la population de surseoir à ses besoins propres et, du coup,  enlever une part de pression sur la distribution étatique de l’eau.

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