ANIMAUX DE COMPAGNIE: Légiférer adéquatement pour mieux responsabiliser

Depuis la nuit des temps, les êtres humains ont toujours été appelés à vivre avec d’autres êtres, en l’occurrence les animaux. Notre planète a toujours eu suffisamment d’espace pour les accommoder, même si l’histoire de l’humanité démontre des tensions permanentes, que ce soit pour la nourriture, le territoire, etc.
Les êtres humains ont pratiquement tout conquis. Cela n’a pas empêché le rapprochement de plusieurs espèces différentes, quitte à en faire des amis, comme l’Homme qui a su apprivoiser plusieurs bêtes comme animaux d’utilité, de compagnie, ou tout simplement pour mieux les manger ! Souvent, les chiens, chats et chevaux, sont ainsi considérés comme les ‘amis’ de l’Homme…
Dans notre petit pays où certains éditorialistes en mal d’autoglorification se la jouent hybrides gandhiens d’un cross-over entre Staline et Churchill, on écrit ou débat rarement de la place des animaux dans notre société, sauf lorsqu’il y a de malheureux incidents (ex. des chiens qui mordent, des chevaux maltraités, des singes capturés, etc.).
Les Mauriciens sont en général ‘amis’ de la race canine, à l’exception d’une haine et d’une inimitié soudainement découvertes quand il y a eu des épisodes malheureux de personnes blessées par des ‘attaques’ de chiens… Beaucoup en élèvent, comme « gardiens » de la propriété et/ou comme animaux de compagnie.
Savoir en prendre soin
Malheureusement, la plupart ne s’en occupent pas convenablement. Ils vont les laisser enchaînés à longueur de journée, dans un petit espace sombre et sale ou sur le toit de la maison, négliger de leur donner de l’eau à boire et une alimentation équilibrée et appropriée, oublier les visites chez le vétérinaire (surtout pour les vaccins, et la stérilisation si on possède des femelles et mâles aptes à se multiplier rapidement), oublier de les socialiser et de les dresser à l’obéissance de base, et surtout négliger le quota d’affection dont ils ont besoin…
Résultats : des chiens qui vont dans la rue, surtout le soir (il y a encore des gens qui croient que c’est permis de « lâcher » leurs chiens après 21h ! – ce qui est FAUX – le chien devant à tout prix être sur la propriété de son maître ou sous contrôle avec laisse s’il est promené en public) ; des « mariages » et bagarres interminables entre chiens ; des reproductions incontrôlées (une chienne est en chaleur deux fois par an, et peut donner naissance à 10 chiots, voire plus à chaque portée – donc faites le calcul !) ; des accidents de la route ; des aboiements nocturnes qui n’en finissent pas ; des meutes de chiens qui se forment et qui peuvent effrayer le public ; poubelles renversées, insalubrité, maltraitance, maladies, etc…
Les Molosses
Dans notre petite île Maurice où des Molossoïdes – Mastiffs (Mâtin de Naples, Boerboel, Cane Corso, Grand Danois, Dogue de Bordeaux, etc.) sont devenus phénomènes de mode (autres chiens à la mode : Amstaff/Pitbull que des jeunes promènent nonchalamment dans les rues) parce qu’ils sont grands, beaux, impressionnants, forts, parce qu’on veut frimer et qu’on a du fric (je connais même des propriétaires qui n’ont aucun contrôle sur leurs molosses et qui n’ont même pas de force de les tenir en laisse !), parce qu’on veut faire ‘peur’ aux autres, parce qu’on a des expatriés experts en chiens de garde pour résidences IRS, parce que c’est du bon business pour certains, etc., on a oublié pendant des années d’éduquer convenablement les gens sur la race canine, sur les variétés de « races » (pour les « racistes » et puristes de certaines « races » ! lol), sur le comportement et la psychologie des chiens, bref on a oublié beaucoup de choses…
On a aussi oublié de mettre en place des lois. Surtout, l’importance de légiférer, d’être proactifs sur tout ce qui est régulations, normes, dressage, etc ; on a certainement oublié de mieux légiférer pour le bien-être des animaux et pour mieux assurer une harmonie Homme-Chien…
Aujourd’hui, l’on annonce qu’un Dangerous Dogs Bill viendra remplacer l’ébauche du Dog Control Bill, avec des listes de chiens à être bannis d’importation et de reproduction parce que certains de leurs congénères ont mordu des gens (étonnant de ne pas voir le Dalmatien sur cette liste noire, car un Dalmatien aurait déjà mordu une dame !) et de chiens classés « dangereux » comme le Berger Allemand (on ne sait pas trop pourquoi – sur quels critères ?).
Mais que se passera-t-il à l’avenir, lorsque d’autres « races » de chien poseront/causeront des problèmes, attaqueront des gens ? Que faire des « roquets » s’ils n’ont aucune « classification » ? Un petit pays comme le nôtre ne peut se permettre de faire n’importe quoi et de trouver des solutions à l’emporte-pièce. Plusieurs lois et régulations gouvernementales doivent être introduites tout en donnant les moyens nécessaires aux autorités et aux Mauriciens de les appliquer et de s’y conformer.
Plus qu’une loi
Il aurait fallu au préalable un « Dog Breeders Bill » pour mieux réguler à travers un cadre légal le secteur de l’élevage, responsabiliser les éleveurs et mettre au pas ce qui ne s’y conforment pas. Il y a trop d’éleveurs (avec permis ou non) à Maurice, et il est essentiel qu’on sache qui doit faire quoi légalement dans ce secteur, comment seront délivrés les permis à l’avenir, quelle autorité en fera le suivi et le contrôle, comment sanctionner les reproductions abusives, etc.
En parallèle, il faudrait passer une loi (« Dog Training Bill ? ») pour que tous les propriétaires dressent leurs chiens (par eux-mêmes, par un ‘trainer’/dog-handler privé mais qualifié ou à travers une école de dressage), passent éventuellement un examen/brevet pour l’obéissance de base, et puissent prendre soin comme il se doit de leurs animaux de compagnie. Peut-être faudrait-il même un « Animal Welfare Bill » ? Le Conseil des Ministres pourrait aussi réguler pour empêcher la coupe des oreilles et de la queue de chiens (mesures plus esthétiques que nécessaires et qui sont en fait une forme de cruauté).
Un nouveau « Dog Control Bill » pour rendre obligatoire la stérilisation des chiens qui ne seront pas gardés pour l’élevage et pour mieux définir les rôles des diverses institutions appelées à « contrôler » le nombre de chiens (errants ou pas), pourrait aussi servir à démontrer le niveau que nous avons atteint comme nation/société (pour paraphraser le Mahatma), en mettant l’accent sur la stérilisation en masse, au lieu d’avoir recours à l’euthanasie (je suis résolument contre).
Pour terminer, je lance un appel à ce qui sont intéressés par la cause des animaux à visionner le formidable documentaire « The Earthlings » (2006) de Joaquin Phoenix, qui a été plusieurs fois primé, s’ils ne l’ont pas déjà vu. L’adresse Internet est la suivante : www. earthlings. com.

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