ANTHROPOLOGIE—RECHERCHES SUR LA PROPAGATION DE MALADIES: Léo Couacaud regrette que des informations soient inaccessibles

L’anthropologue Léo Couacaud, Senior Lecturer à l’Université de Maurice (UoM), regrette que l’accès à des informations lui ait été refusé par le ministère de la Santé. Ces informations, estime-t-il, sont nécessaires à ses recherches sur la relation qui pourrait exister entre la propagation des maladies transmises par des moustiques, comme le chikungunya et la dengue, et le développement suburbain de Maurice. C’est ce qu’il a indiqué dans le cadre d’un exposé sur l’ankylostomose, ou hookworm disease, chez les immigrants indiens, lors d’une journée de réflexion sur le patrimoine mondial à l’UoM en juillet dernier pour marquer les dix ans de l’inscription de l’Aapravasi Ghat à la liste du patrimoine mondial par l’Unesco.
Lors de son intervention, Léo Couacaud a observé qu’à l’époque, la maladie des vers intestinaux était la deuxième plus dangereuse à Maurice après la malaria. Aujourd’hui, observe-t-il, la maladie a été endiguée et celles non-transmissibles, comme l’obésité et le diabète, sont devenues les plus inquiétantes pour la population. L’anthropologue est toutefois d’avis que « les autorités devraient quand même lutter contre les menaces que représentent une réintroduction de la malaria ou d’autres maladies transmises par les moustiques comme la dengue, le chikungunya ou encore le zika ».
L’urbanisation et un meilleur système sanitaire, estime-t-il, ont pu permettre à Maurice de surmonter ce fléau, mais « the disease continues to affect rurally-based populations in other parts of the world while it has declined in countries such as the United States and South Korea due to their levels of economic development ». Pour étudier les possibilités d’une résurgence de ces maladies dans l’île, Léo Couacaud a entamé des recherches sur la relation entre la propagation des maladies transmises par des moustiques et le développement suburbain, notamment sur les récents cas de chikungunya et de dengue dans certaines régions spécifiques.
Pour étudier les causes de la réapparition de ces maladies, le Senior Lecturer de l’UoM indique avoir officiellement contacté le ministère de la Santé afin d’avoir accès au rapport de mission qui avait été commandité au moment des faits. Cependant, le ministère lui aurait catégoriquement refusé ces informations, le renvoyant aux statistiques officielles. « It was quite disappointing after writing to the ministry of Health requesting access to the reports they have written on recent outbreaks of dengue fever and chikungunya to better learn how these diseases are being spread in peri-urban areas that they categorically refused to share the information », a-t-il déclaré.
Vulnérabilité accrue sans collaboration
Aujourd’hui, affirme Léo Couacaud, les recherches concernant l’impact humain sur l’écologie, que beaucoup décrivent comme la « multi-species interaction », est des plus prometteuses. Il a mis l’accent sur « the benefits that studying the history of communicable diseases in Mauritius can also offer in terms of helping us to reconstruct patterns of human settlement ».
Alors que de nombreux historiens qui ont écrit sur la malaria et ses conséquences à Maurice ont mis l’emphase sur l’élite blanche du pays, Léo Couacaud soutient avoir, en outre, axé ses recherches sur les engagés indiens travaillant dans les champs, qui ont migré vers les hauts plateaux et les villages comme Triolet et Goodlands pour fuir la maladie. Considérant la santé de la population mauricienne comme primordiale, il insiste que l’accès aux informations figurant dans le rapport de mission ne portera nullement atteinte à l’image du pays en tant que destination touristique. « We are not damaging the tourism industry. The health of population is of utmost importance », dit-il. « Le pays continuera à être vulnérable aussi longtemps qu’il n’y aura pas de collaboration et de soutien entre les autorités et les chercheurs ».
À l’occasion de cette journée de réflexion sur le patrimoine mondial, le conférencier a aussi regretté l’absence de la ministre de l’Éducation, Leela Devi Dookun-Luchoomun, qui était représentée par Aneeta Ghoorah, assistante secrétaire de la commission nationale de l’Unesco. Léo Couacaud souhaitait solliciter la ministre pour une intervention auprès de ses collègues afin que les informations requises puissent être mises à la disposition des chercheurs.

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