APOLLO BRAMWELL: Une centaine de licenciements confirmée

Le couperet est tombé hier soir pour 100 employés d’Apollo Bramwell, qui ont reçu leur notification de licenciement dans le sillage de l’écroulement de l’empire de Dawood Rawat. Cette confirmation de la nouvelle publiée dans l’édition de Week-End de dimanche dernier n’est nullement une surprise et constitue la deuxième série de limogeages pour raisons économiques après la fermeture du chantier naval de GRNW Boat Yard. La crainte de pertes d’emplois dans le groupe BAI ne fait que s’accentuer dans la conjoncture, les dirigeants de la Confédération des Travailleurs du Secteur privé (CTSP), Jane Ragoo et Reeaz Chuttoo, réclamant une intervention du gouvernement pour préserver des emplois menacés. D’autre part, l’idée d’une manifestation par des employés de l’hôpital a été abandonnée.
« Le licenciement de 100 employés d’Apollo Bramwell démontre que nous ne pouvons tout laisser dans la main des Special Administrators. Gouvernman bizin intervenir pou sov lanplwa sa bann anploye ki zordi trouv zot dan enn sitiasyon dezespere », a déclaré ce matin Reeaz Chuttoo. Dans une lettre envoyée au ministre du Travail Soodesh Callichurn hier, la CTSP avait exigé une réunion tripartite urgente vendredi prochain pour discuter de la menace qui pèse les employés de Courts Mauritius Ltd, l’Iframac Group, l’Apollo Bramwell Hospital et des autres compagnies du groupe BAI. Quelque 2 000 employés sentent que leurs emplois sont menacés alors que certaines de ces entités, dont Courts, sont présentées comme étant profitables. Les syndicalistes regrettent que toutes les tentatives pour entrer en contact avec les ministres Vishnu Lutchmeenaraidoo et Roshi Bhadain aient été vaines jusqu’ici.
Dans sa lettre au ministre du Travail Soodesh Callichurn, la CTSP soutient que certaines compagnies du groupe Rawat, à l’instar de Courts et de la Quincaillerie Centrale, « roulent bien et ont encore du “promissing business potential” ». Les signataires précisent : « Depuis que le groupe est sous l’autorité du Conservator, aucun fonds n’est injecté dans ces entreprises pour acheter des marchandises pour soutenir le business. Courts perd ainsi des opportunités d’affaires florissantes, surtout à l’approche de la fête des mères, chose qui n’est jamais arrivée depuis sa création », avancent Reeaz Chuttoo et Jane Ragoo, qui s’interrogent sur les raisons derrière cette décision.
Entre-temps, au sein de la clinique Apollo Bramwell, les salles d’attente sont vides, les couloirs déserts et les regards fuyant… L’ambiance y est terne et morose. Outre la menace d’autres licenciements, une réduction salariale de 5 à 40% touchant ceux qui bénéficient de salaires supérieurs à Rs 25 000 – 75% des frais de l’hôpital concernant les salaires – a été annoncée officiellement. En dépit des assurances, aucun département ne sera épargné. C’est ainsi que, depuis hier, quelques médecins résidents, personnel infirmier et non-infirmier à tous les étages, ont été touchés par la vague de licenciements. D’autres, qui figurent parmi cette première sélection, devront suivre. D’où la morosité même si tous les services fonctionnement. « Nous sommes des professionnels. La santé est un service vital, nous allons assumer nos fonctions jusqu’à la fin », disent-ils. C’est dans cette optique, mais aussi par crainte de représailles, qu’une manifestation des employés envisagée pour ce matin a été avortée.
Mais ces pères et mères de famille, de même que ceux qui y travaillent depuis l’inauguration de la clinique en 2009, n’ont pas le coeur au travail. Ils avaient souhaité travailler à Apollo Bramwell parce que l’hôpital représentait l’avenir, la haute technologie. Aujourd’hui, c’est la faillite. Ils n’auraient jamais cru que leur emploi serait menacé. Dans les couloirs, les employés chuchotent et cherchent à savoir qui sont les derniers à avoir reçu leur lettre. La tension est visible sur tous les visages. À la cafétéria, c’est la même conversation à toutes les tables : « A qui le tour ? » Tristes, ils attendent, impuissants, que le couperet tombe. Si depuis un mois ils ont compris que la clinique était en difficulté, ils ne s’attendaient pas à être mis à la porte. Justement parce que la santé est un service vital. Mais les Special Administrators en ont décidé autrement. « Pour survivre, Apollo Bramwell doit réduire ses coûts, nous a-t-on expliqué. Mais ce n’est pas facile. Perdre son emploi du jour au lendemain, c’est un traumatisme pour nous et nos proches en même temps », disent les employés, qui laissent aussi ironiquement entendre que « nou mem nou pou bizin admet lopital-la ».

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