APRÈS LE PASSAGE DE BANSI : Rodrigues se mobilise

La fin de la semaine, avec le passage de Bansi à son point le plus rapproché de Rodrigues dans la matinée de vendredi, a été cause de tension dans l’île. Vu le danger que représentait le cyclone tropical, un avertissement de classe 4 a été décrété dans la matinée de vendredi. Mais finalement, il a eu davantage plus de peur que de mal, sauf que les cultures vivrières, notamment le maïs, ont beaucoup souffert de la surabondance d’eau de pluie envahissant les champs. Le réseau électrique a également pris un sacré coup avec 88% des abonnés du Central Electricity Board (CEB) sans électricité depuis la nuit de jeudi. Dès la journée de vendredi, le mot d’ordre du chef commissaire de l’Assemblée régionale de Rodrigues, Serge Clair, est la solidarité pour remettre Rodrigues sur ses pieds dans un délai de trois jours.
Toutefois, la tempête a été davantage politique avec le chef commissaire transmettant un signal clair au nouveau ministre de l’Environnement et de la Protection des Catastrophes naturelles, Raj Dayal, qu’aucun écart au respect de l’autonomie de Rodrigues ne sera toléré. Serge Clair a pris ombrage d’une précédente déclaration de Raj Dayal à l’effet qu’un tsunami allait déferler sur Rodrigues. Le ministre avait annoncé le départ de Maurice de deux avions de membres de la SMF pour la reconstruction de l’île après le passage du cyclone.
Le Divisional Commander de la police à Rodrigues en a pris pour son grade lors de la réunion du Disaster Risk Reduction and Management Committee de vendredi. La police de l’île avait donné l’alerte au tsunami sans avertir le chef commissaire ou encore le comité. Le ton de Serge Clair a été des plus sévères, selon les témoignages recueillis. Avec la visite d’une journée du ministre Dayal aujourd’hui à la tête d’une Task Force, les deux hommes politiques auront l’occasion de délimiter leurs prérogatives en vue d’éviter de nouveaux dérapages dans des cas d’urgences. Une première réunion de travail est prévue ce matin à 6 h 30 à La Résidence de Port-Mathurin.
Entre-temps, les travaux de réhabilitation post-Bansi n’ont pas attendu l’arrivée des contingents de la SMF de Maurice. Après une première évaluation sur le terrain, la priorité a été de rétablir la fourniture d’énergie électrique dans l’île. A vendredi matin, sur les 12 000 abonnés recensés, seuls 1 700 étaient alimentés en énergie électrique.
Le plan de travail établi par le Manager du CEB, Jim Payen, avec à ses côtés l’ingénieur Kevin Waterstone, allait rapporter ses premiers dividendes. A 15 heures, hier, la fourniture électrique était assurée dans 7 700 foyers, soit la moitié. Avec des renforts venant de Maurice, l’objectif est un retour à la normale d’ici mardi.
La desserte aérienne : pour un retour à la normale
Un autre secteur où l’heure est aux bouchées doubles après le passage de Bansi est l’aéroport avec l’interruption de la desserte aérienne depuis mardi dernier. Quelque 800 passagers ont été bloqués à Rodrigues et 200 à Maurice. Depuis hier matin, la compagnie aérienne nationale, Air Mauritius, assure une série de rotations sur Rodrigues pour un retour à la normale dans les prochaines 24 heures.
« Avec le passage du cyclone, les dégâts ne sont pas aussi importants, sauf dans les champs avec l’agriculture affectée le plus. Les officiers établiront un bilan détaillé de la situation en vue de venir en aide aux agriculteurs pour relancer les activités », a fait comprendre Serge Clair. Ce point de vue est confirmé par les propos de Jean-Claude Cupidon, agriculteur de son état à Rivière-Banane. Hier matin, il était au marché de Port-Mathurin pour offrir en vente ce qu’il reste de sa production vivrière. « Dans le village de Rivière-Banane, nous sommes 80 agriculteurs. Une quinzaine seulement ont pu descendre à Port-Mathurin, car la production vivrière des autres a complètement été détruite par l’eau. Nous aurons besoin d’une assistance en vue de nous approvisionner en semences pour redémarrer nos activités aux champs », déclare-t-il sans pour autant baisser les bras.
Mme André du village d’Orange n’arrive pas à digérer comment ses plantations de haricots, de maïs, de manioc et d’anthurium ont été dévastées en un clin d’oeil. « Je suis traumatisée. A chaque passage de cyclone, c’est la même chose. Je ne sais pas si cela vaut la peine de reprendre les activités. C’est extrêmement décourageant », dit-elle.
De leur côté, les membres de la communauté des pêcheurs craignent des répercussions de l’eau boueuse sur les coraux et les poissons dans le lagon. « Ena aussi banne prodwi simik ek banne debris qui vine avec delo la li capave empoisonne pwason. Ena banne produits a baz plastiqk, diesel, l’essence pou ale dans la mer ek sa li move pou nou lekosystem marin », fait comprendre Joseph Moïse Collet, pêcheur âgé de 55 ans, opérant dans le Nord de l’île.
Des travaux de réparation des radiers sont en cours en vue de rendre le réseau routier praticable, comme c’est le cas à Anse Baleine où la route s’est effondrée. Pas moins d’une vingtaine de radiers ont été endommagés avec le cyclone Bansi.
Le pari de Serge Clair pour un nouveau départ trois jours après le passage du cyclone est bien engagé…

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