Après un séjour à l’étranger : le vécu des Mauriciens en quarantaine

Le couple Jaimie et Fayz en observation dans des hôtels : « Chapeau bas aux autorités ! »

- Publicité -

Jaimie et Fayz, et leurs deux enfants, Dinah et Jibrail, sont rentrés de l’étranger durant le dernier week-end. Ce n’est qu’au bout de 48 heures, explique l’employée de bureau et mère de famille, que « nous avons pu retrouver nos marques et repères, tellement la situation a été complexe et stressante. Heureusement, cependant, et nous tenons à le faire ressortir, depuis que nous avons pris l’avion à Cape Town et jusqu’à maintenant, à l’hôtel, où nous sommes en isolation, nous sommes entourés de personnes à la fois gentilles, coopératives et surtout, professionnelles. »

Son époux renchérit : « nous avons une chance inouïe ! Nous sommes reconnaissants envers l’Etat qui a accepté d’investir autant d’argent dans notre rapatriement. Nous réalisons que ce ne sont pas des dépenses négligeables pour le gouvernement. Et nous tenons à saluer bien bas tous ceux et celles qui sont à pied d’œuvre, dans les différents ministères et les agences de l’Etat, entre autres, qui ont, d’une part, contribué à faciliter notre déplacement, et ceux qui s’occupent de nous minutieusement, actuellement. »
C’est aux petites heures du matin, ce lundi, que la petite famille débarque dans cet établissement hôtelier cinq étoiles du littoral Nord. « J’avais à peine fermé l’œil depuis les deux derniers jours, » concède Jaimie. « Quand nous avons enfin eu la confirmation que nous allions être rapatriés, nous avons poussé un grand ouf  de soulagement, à l’idée que nous allions enfin être réunis avec le reste de la famille. » Puis suivirent de longues heures d’attente à l’aéroport de Cape Town, en attendant que le décollage de l’avion, et le temps de procéder et compléter les démarches administratives.

«Dans tous les pays de la région, nous faisons face à une situation exceptionnelle. Il faut donc s’attendre à des couacs, évidemment. » De surcroît, reconnaît Fayz, «moi-même qui suis d’ordinaire râleur, je me suis surpris à être davantage compréhensif. Nous sommes dans un contexte très difficile, avec l’angoisse et l’incertitude. Je ne vais pas ajouter aux soucis ! Certainement pas. » Il fait remarquer que « tous les passagers qui étaient sur ce vol en provenance de Cape Town ont fait preuce de patience et de coopération remarquables. Idem pour les membres de l’équipage d’Air Mauritius, qui nous accompagnait. »

A l’arrivée ,au Sir Seewoosagur Ramgoolam International Airport, « nous avons été très bien accueillis. Nous savions que la situation était difficile et pas dans le schéma classique. Aussi, nous nous sommes armés de patience et tout s’est bien passé. Nous ne comprenons pas, par exemple, pourquoi certains ont pété les plombs, comme un peu tout le monde a pu voir via les réseaux sociaux, en ce qu’il s’agit d’un autre groupe de voyageurs, venus d’un autre pays. Nous savons tous que dans des situations comme celles que nous vivons tous dans le pays, actuellement, il est attendu de nous que nous soyons indulgents et helpful. Et pas le contraire ! »

De fait, quand ils arrivent à l’hôtel où ils ont été placés en quarantaine par le ministère de la Santé, la petite famille de Jaimie est « fatiguée, désorientée, déconnectée… » Mais qu’à cela ne tienne, « nous étions de retour au pays : ça, c’est inestimable. » Fayz et Jaimie se prêtent au jeu : « elle a joué les baggagistes, en aidant les autres passagers qui étaient dans le même mini-van que nous à débarquer leurs valises, » ajoute-t-il. Tandis que lui-même donne un coup de main, le lendemain matin de leur arrivée, quand le transport leur apportant à manger et à boire s’est présenté et qu’il fallait débarquer les packs de bouteilles d’eau.

La première journée se passe tranquillement, avec les contrôles du personnel médical présent : un médecin en alternance, et soutenu de trois infirmiers/infirmières. « Nous tenons à féliciter le staff du ministère de la Santé qui s’occupe de nous avec beaucoup de gentillesse, et de compréhension, » dit Fayz. Mais surtout, ils font preuve d’un très grand professionnalisme et de beaucoup de collaboration. Pour preuve, les examens se font quotidiennement « pour prendre notre température, c’est deux fois par jour, très tôt le matin, au lever du soleil. Ensuite, en fin de journée. Mais également quand l’un de nous deux descend prendre les plateaux repas. Là, automatiquement, nous nous faisons tester. »

Il faut savoir, font ressortir nos deux interlocuteurs, q’u« il n’y a aucun membre du personnel de l’hôtel qui est présent. Les propriétaires de l’établissement ont passé le relais au ministère de la Santé, qui, lui, a confié les clés de l’hôtel au médecin en charge… Ce n’est pas une petite responsabilité.  Et pour cause, le médecin et son staff, aidé d’une personne s’occupant du ménage, qui ont eux-mêmes mis de l’ordre, porté des chaises, des transats, par exemple, dans une salle aménagée, pour qu’à l’heure des vérifications, tout se déroule comme il le faut. »

De plus, continue Fayz, « nous avons la chance d’avoir des professionnels qui connaissent bien leur métier et qui sont très au fait. On dialogue en permanence, histoire d’améliorer les choses pour tout un chacun. » Et de souligner que « si le médecin en charge change, en alternance, en revanche, les trois infirmiers/infirmières, et l’aide soignante  restent sur place. Ils ont demandé à le faire, dans le but de mieux monitor  ce groupe de passagers. Nous les remercions de leur sacrifice, parce qu’eux également ont des familles, et sont fatigués. Mais ils ont accepté de s’investir dans ce travail. Ils sont parfaitement conscients des enjeux sanitaires que cela représente, pour tout le pays. Ils sont Dedicated, aux petits soins, conscientieux… Et toujours avec le sourire et la politesse. Bravo à eux ! »

Jaimie d’ajouter : « cela nous rassure, d’être si bien entourés. Dans ce contexte actuel, avec l’angoisse que procure la situation, ces hommes et femmes se mettent en quatre pour pas que nous ne soyons pas stressés. C’est formidable d’avoir de telles personnes autour de soi. » Ils poursuivent que « ce sont eux qui se sont occupés de la répartition des chambres, par exemple. Les familles, comme nous, dans les grandes chambres, pour accommoder tout le monde. Et les individuels dans des chambres appropriées. Nous pouvons sortir et marcher, mais pas s’adonner à des activités en groupe ou autres. C’est compréhensible. »

Fayz et Jaimie font remarquer que « même si nous nous trouvons à l’hôtel, c’est loin d’être les vacances ! Il ne faut pas se leurrer : que les autres compatriotes qui pensent que nous sommes est à se dorer la pilule se corrigent. Nous ne sommes pas là pour nous amuser, mais pour se faire soigner, au cas où l’un de nous tombe malade. Ce que nous ne souhaitons, évidemment, pas. Le but de ce séjour, ici, n’est pas une partie de plaisir. »

Sur ce plan le couple souhaite « faire un appel à tous les autres Mauriciens qui se retrouvent comme nous, en isolation et observation, dans des hôtels de l’île. Nous savons que certains sont émerveillés par les lieux : c’est vrai, nous sommes gâtés. Merci aux opérateurs touristiques qui ont gracieusement mis leurs hôtels cinq étoiles à la disposition de l’Etat. De fait, de grâce, chers compatriotes, ne vandalisez pas ces lieux ! Pensez à l’après. Rendez-vous compte qu’avec toutes les dépenses encourues par le gouvernement, on ne va pas les augmenter, pour qu’après le lever du confinement, l’état ait à payer des réparations exorbitantes ! Soyons responsables et agissons comme des adultes matures. »

Fayz va plus loin : « il nous faut anticiper ; quand les choses retourneront à la normale, avec tout l’argent que le gouvernement aura investi dans la conjoncture du lockdown, il faudra redémarrer le pays. Le tourisme est notre pilier principal. Allons-nous attirer des touristes avec des hôtels en délabrement et endommagés ? »

Le couple et leurs enfants « déjeunent et dînent, chaque jour, convenablement. «  On nous sert, ponctuellement, des repas équilibrés.  Il en est de même au petit déjeuner. Il n’y a vraiment rien à redire. »

Next step, espère la petite famille : « rentrer à la maison ! Et en bonne santé. Reprendre une vie normale… autant que possible, bien entendu. Car avec le confinement total, c’est beaucoup de déphasage avec le quotidien, les réflexes habituels. »

- Publicité -
EN CONTINU

l'édition du jour

- Publicité -