AQUAPONIE : Aquaculture et hydroponie font bon ménage

Romeno Ramasawmy, un habitant de Goodlands, travaille depuis pas mal de temps sur un projet écologique mêlant culture vivrière et élevage de poissons, appelé aquaponie. Grâce à un système d’une simplicité étonnante, il arrive à produire des légumes et du poisson sans grosses quantités d’eau ni engrais.
Féru de science et d’écologie, l’employé de Mauritius Telecom a transformé une parcelle de terre dans sa cour en jardin grâce à un système ingénieux et quasi autonome. Romeno Ramasawmy possède un bassin de 1,000 litres d’eau où vivent des poissons d’eau douce, un bac rempli de graviers pour que les plantes puissent étaler leurs racines, des semences de légumes, herbes ou fruits de son choix, et une pompe électrique. Notons que plusieurs bacs peuvent être reliés à un seul bassin de poissons, augmentant ainsi la quantité de légumes ou de toute autre plante souhaitée.
En six mois, les résultats sont impressionnants. Pipangailles, lalos, calebasses, menthe et basilique, entre autres, peuvent être récoltés. Les poissons sont déjà à une taille propre à la consommation. “L’aquaponie prend le meilleur de l’aquaculture et le meilleur de l’hydroponie. C’est un cycle perpétuel qui me permet d’avoir des légumes et du poisson sans avoir à dépenser énormément de ressources et d’argent”, confie Romeno.
Cycle.
Le principe est simple : l’élevage de poissons fournit aux légumes leurs besoins en nutriments et les légumes nettoient l’eau dans laquelle vivent les poissons, créant ainsi un cycle. “Les poissons rejettent de l’ammoniac qui, au bout de quelques jours, devient un poison pour eux. Dans un projet d’aquaculture normal avec des poissons d’eau douce, l’eau doit être changée chaque deux semaines environ. Dans le cycle que j’ai créé, cela n’est pas nécessaire. Cette eau remplie d’ammoniac est pompée jusqu’aux racines des plantes, qui s’en nourrissent après que des bactéries ont naturellement transformé l’ammoniac en nutriments. L’eau est alors débarrassée de l’ammoniac et est transportée, toujours grâce à la pompe, jusqu’au bassin, avant de reprendre son cycle.”
Écologique.
Romeno souligne que l’aquaponie est très écologique dans la mesure où elle permet d’économiser des ressources. Ainsi, le système conserve une grande majorité de l’eau initiale de l’élevage de poissons. Selon lui, 10% de cette eau seulement doit être renouvelée de temps en temps, sachant que cette perte d’eau n’est due qu’à l’évaporation. “C’est un système de culture d’avenir. Nous vivons dans une période où le manque d’eau est devenu un problème mondial. À travers l’aquaponie, on évite le gaspillage de cet élément essentiel.”
Par ailleurs, le système est tel que l’ajout d’engrais est superflu. Seule la nourriture pour les poissons doit être achetée.
Romeno élève des berris rouges, mais tient à préciser que tous les poissons d’eau douce comestibles peuvent se prêter à ce système. “J’ai choisi les berris rouges parce qu’il est plus simple de se les procurer : l’Albion Fisheries Research Centre les donne gratuitement. On peut également prendre les kois ou les tilapias.”
Autonomie.
Ceux qui ne sont pas habitués à la consommation de poissons d’eau douce doivent savoir que ces derniers contiennent davantage d’oméga-3 (acides essentiels à l’organisme humain) que les poissons marins.
Romeno Ramasawmy va plus loin dans sa démarche écologique en produisant son propre composte. “Je place des légumes abîmés et leurs feuilles dans un seau et je les laisse pourrir, ce qui me donne du fumier, que je peux ré-injecter dans mon cycle de production.” Il nous confie qu’il est en train de trouver un moyen de faire fonctionner sa pompe à travers une énergie alternative comme l’éolienne ou le solaire, ce qui rendrait son cycle complètement autonome.

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