ARRESTATION D’AURORE GROS-COISSY: Le douanier face à ses contradictions

Le procès intenté à Giantee Ramchurn et la Française Aurore Gros-Coissy (25 ans), arrêtée à l’aéroport de Plaisance en possession de 1 680 cachets de Subutex, s’est ouvert aux Assises hier devant le juge Bobby Madhub. Les deux accusées ont plaidé non coupable. Le premier témoin de la Poursuite, le Custom Officer qui avait procédé à l’arrestation de la Française, devait hier faire état de plusieurs détails autour de l’arrestation de la Française dont il n’avait jamais fait mention dans sa déposition à l’ADSU le 22 août 2011, soit trois jours après son arrestation.
Aurore Gros-Coissy a été arrêtée à l’aéroport SSR en possession de 1 680 cachets de Subutex. La jeune Française, originaire de Saint-Romain-de-Popey, une petite commune du Rhône, maintient qu’elle n’était pas au courant de la présence de Subutex dans ses bagages. Elle aurait été piégée par un ami de la famille, Tinsley Cornell, qui aurait dissimulé les cachets dans deux paquets de biscuits destinés à sa mère, chez laquelle elle devait séjourner à Maurice. Lors de l’ouverture du procès hier, la poursuite représentée par Me Asha Egan-Ramano a fait comparaître son premier témoin, Roopeshsingh Dawoo, l’officier de douane qui avait fouillé les bagages d’Aurore Gros-Coissy à son arrivée à Maurice le 19 août 2011.
Le douanier était en poste à l’aéroport à 6 h 15, le vol en provenance de France atterrissant à 11 h. Il était posté au Green Channel, là où il procède d’habitude au profiling des passagers ayant un comportement suspect. Pratiquement tous les passagers avaient quitté ce couloir quand il aperçut une femme, qu’il a identifiée comme la Française, seule à tirer ses bagages. « Seeing the physical appearance and body language, and from my experience, I felt that there was something wrong and I needed further questioning », a-t-il soutenu. Aurore Gros-Coissy a été conduite au Custom Room où ses bagages ont été scannés. La jeune femme devait indiquer au douanier que sa valise contenait des paquets de cigarettes. Cependant, l’officier avait remarqué à travers le scan qu’il s’agissait d’autre chose et a demandé à la Française de se diriger vers le Custom Office pour ouvrir ses bagages.
C’est en ouvrant la valise, assisté de la Woman Police Constable Raggoo, qui l’avait rejoint à un certain moment, qu’ils sont tombés sur deux paquets de biscuits enroulés dans un sac. Les paquets de biscuits étaient en deux parties, l’une contenant en effet des biscuits et l’autre les cachets de Subutex. « The lady was evading my questions, she became tensed and was not able to answer clearly. She was shocked », a indiqué le témoin en Cour. À ce stade, la Poursuite devait indiquer à la Cour que le témoin avait omis certains détails dont il avait fait mention dans sa déposition à l’ADSU. Lorsque le douanier avait compté le nombre de cachets de Subutex présents dans la valise de la Française le jour de son arrestation, il y en avait 240. Cependant lors de l’exercice de photographie des exhibits, il y en avait 239. Hier, l’officier a expliqué en Cour qu’il avait fait une erreur le jour de l’arrestation car il n’avait pas compté les cachets individuellement mais en lot afin d’aller plus vite car la police devait monter une Control Delivery Exercise.
Lors du contre-interrogatoire mené par Me Glover, l’avocat devait faire ressortir que la déposition du douanier avait été prise par un officier de l’ADSU dans une narrative form et qu’aucune question ne lui avait été posé. Me Gavin Glover a tenté de démontrer que la version du témoin était remplie de contradictions.
Me Glover : A aucun moment ma cliente ne vous a-t-elle dit qu’il y avait des cartouches de cigarettes dans sa valise ?
Le témoin : Non.
Me Glover : C’est votre expérience qui vous a fait croire qu’il y avait des cartouches de cigarettes pour vous pousser à en chercher ?
Me Glover : Dans un scanner, l’on ne peut dire si ce qu’on voit est en carton ou en bois. Pourtant, dans votre déposition vous faites mention de deux boîtes en carton que vous avez vues à travers le scan ?
Le témoin : C’est une erreur. I am confused.
Le témoin devait à ce stade expliquer à la Cour que de par son expérience il savait que c’étaient des boîtes en carton et qu’il avait aperçu des points sur les boîtes. Me Glover le confronte au fait qu’il n’avait jamais fait mention de ce détail dans sa déposition.
Me Glover : Dans votre déposition vous ne faites pas mention de cela. C’est sûrement que vous avez présumé que ces points étaient les comprimés. N’était-il pas plus important de faire mention de ce détail que de dire que la boîte était en carton ?
Pas de réponse du témoin.
Me Glover lui demande alors s’il avait questionné Aurore Gros-Coissy après avoir scanné sa valise. Roopeshsingh Dawoo devait répondre par l’affirmative. Me Glover lui rappelle alors qu’il n’avait pas demandé ce qu’il y avait dans la valise mais ce qu’il y avait dans les deux boîtes.
Le témoin : Yes my lord.
Me Glover : Une erreur de plus.
L’avocat de la défense le confronte par ailleurs au fait que bien qu’en Cour un peu plus tôt il avait évoqué les physical appearance et body language de l’accusé qui l’ont amené à avoir des doutes, il n’avait jamais fait mention de cela dans sa déposition.
Me Glover : Comment se fait-il que cette explication n’est pas dans votre déposition et que ce n’est que maintenant en Cour, après trois ans, que vous évoquez ceci ?
Le témoin ne répond pas.
Me Glover : Your silence will be interpreted by the Court. The whole episode of body language and facial expression is a new version you are putting today ?
Le témoin : Oui.
Me Glover l’a par la suite interrogé sur la personne qui avait ouvert la valise d’Aurore Gros-Coissy. Le témoin soutient que c’est lui qui l’avait ouverte. Me Glover le confronte de nouveau au fait qu’il ne racontait pas exactement ce qui s’était passé car la valise était fermée à clé et que c’est l’accusé elle-même qui avait ouvert le cadenas. Me Glover poursuit son contre-interrogatoire en lui demandant des détails sur ce qu’il avait trouvé lorsqu’il avait ouvert la valise de l’accusée. L’avocat de la défense est revenu sur le fait que sa cliente n’avait jamais fait mention de cartouches de cigarettes mais de boîtes de cigarettes qui se trouvaient effectivement dans sa valise. À ce stade, l’avocat fait une fois de plus ressortir qu’il n’a jamais été mentionné dans sa déposition que l’accusée fuyait ses questions.
Me Glover : Ce n’est pas dans votre déposition ?
Le témoin : Non.
Me Glover : Une autre erreur.
L’avocat de Giantee Ramchurn, l’autre accusée, Me Ashvin Kandhai, procédant à son tour au contre-interrogatoire du témoin, est revenu sur les questions qu’il avait posées à l’accusé pour obtenir l’information selon laquelle les paquets de biscuits lui avaient été remis par son ami Tinsley Cornell pour qu’elle les remette sa mère. Me Glover a objecté, soutenant que la déposition du douanier concernait son client et que le contre-interrogatoire de ce témoin par l’avocat de la deuxième accusée n’avait aucune pertinence à ce stade. L’audience a repris aujourd’hui avec la déposition de la Woman Police Constable Raggoo, qui avait mené l’opération conjointement avec le douanier.

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