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Arriveé des travailleurs indiens : les descendants se souviennent

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Arriveé des travailleurs indiens  : les descendants se souviennent
Dhunraj Rasiawan montrant fièrement une photo de son père, Bahori Rasiawan

Ce vendredi, hommage est rendu aux travailleurs indiens qui ont aidé au développement et au peuplement de l’île. Les premiers travailleurs contractuels ont débarqué le 2 novembre 1834 à Trou Fanfaron, Port-Louis, à bord du bateau L’Atlas.

Cent quatre-vingt-quatre ans plus tard, Dhunraj Rasiawan, Jasmoontee Moharaz et Kamlawtee Sohur se souviennent de l’histoire de leurs parents et grands-parents.

“Je suis né à La Tour Koenig. Mes parents sont venus de l’Inde. Nous étions six et je suis le benjamin de la famille”, dit Dhunraj Rasiawan, 92 ans. Il est le dernier fils de Bahori et Chawri Rasiawan à être encore vivant. Entre 1834 et 1920, presque un demi-million de travailleurs sous contrat sont venus d’Inde pour travailler dans les plantations sucrières de Maurice ou de l’île de La Réunion, d’Australie et des Caraïbes, selon l’Aapravasi Ghat. Parmi eux, le père de Dhunraj Rasiawan. “Il avait 24 ans lorsqu’il a débarqué à Maurice.”

Les histoires se répètent mais ne se ressemblent pas. Jasmoontee Moharaz, 59 ans, raconte que son grand-père, Ramburrun Ramjit, a été parmi les Indiens qui sont venus à Maurice. Son histoire se révèle quelque peu surprenante. Elle raconte que son grand-père est né sur le bateau sur lequel leur arrière-grand-mère a fait le trajet d’Inde à Maurice. “Nous ne savons rien de notre arrière-grand-père, qui était resté en Inde. Nous ne savons même pas si notre arrière-grand-mère avait d’autres enfants en Inde”, confie la sœur de Jasmoontee Moharaz, Kamlawtee Sohur.

Lettres retournées.
Selon les informations fournies par le MGI, les parents de Dhunraj Rasiawan étaient originaires de Ghowra Jila, Khana Birpur. “Je ne sais pas où cela se situe exactement, car l’Inde et le Pakistan n’étaient pas divisés à l’époque.” Lorsque ses parents ont débarqué à Maurice, ils habitaient La Tour Koenig. Avant de venir vivre à Chebel. “Mon père était laboureur sur la propriété de Chebel. Ma mère n’a jamais travaillé.” En 1944, son père a acheté le terrain où il vit aujourd’hui avec ses enfants, à la rue Dr Reid, Beau Bassin.

Son père lui a raconté que pendant la Seconde Guerre mondiale, les bateaux ne faisaient plus le va-et-vient entre Maurice et l’Inde. “Mon père avait envoyé des lettres en Inde pour retrouver sa famille. Ces lettres ne sont jamais arrivées à destination car les bateaux ne faisaient plus de détour par Maurice. Trois mois après, les lettres ont été retournées car le destinataire n’existait pas”, se souvient-il. 

Kamlawtee Sohur, 73 ans, habitante de Quatre-Bornes, confie que sa grand-mère était originaire de Calcutta. “Elle était enceinte lorsqu’elle a embarqué pour Maurice et elle a accouché sur le bateau.”

Aapravasi Ghat.
Les Indiens ont embarqué dans les ports de Calcutta, Mumbai ou Madras dans l’espoir d’avoir un avenir meilleur à Maurice. Ils ont tous débarqué à l’Aapravasi Ghat. Ce lieu est classé au Patrimoine mondial de l’UNESCO depuis le 12 juillet 2006. Il représente les souvenirs, les traditions et les valeurs que ces hommes, femmes et enfants ont emportés lorsqu’ils ont quitté leur pays d’origine pour venir travailler à Maurice. La majorité provient du Bihar. En arrivant à Maurice, les premiers arrivés ont travaillé sur la propriété d’Antoinette à Piton. Pour sa part, Ramburrun Ramjit a travaillé comme sirdar dans les champs de cannes à Trianon. Il habitait avenue Belle Rose.

“J’ai uniquement une photo de mon père. J’ai fait des recherches au MGI pour me procurer cette photo en 1975. Mais je n’ai aucune photo de ma mère”, confie Dhunraj Rasiawan. Il a toujours chez lui une assiette et un lota en cuivre. “Ma mère m’a dit que c’est ma grand-mère qui les lui a offerts”, précise la fille de Dhunraj Rasiawan.

L’assiette et le lota en cuivre de la mère de Dhunraj Rasiawan

Kamlawtee Sohur confie : “Nous n’avons pas de souvenirs de mon grand-père. Après le décès de ma mère, les jeunes n’ont rien conservé. Ils ne connaissent pas la valeur des choses.” Elle avait trois ans lorsqu’elle a pris une photo avec son grand-père, Ramburrun Ramjit. “Mon oncle devait aller travailler pour l’armée. Pour l’occasion, mo granper ti met enn langouti, enn tok ek enn kann dan so lame.”

À la recherche de la famille perdue
“Ma sœur a fait des démarches pour retrouver les membres de notre famille en Inde. Nous allons essayer d’emmener notre père dans la Grande Péninsule”, dit la fille de Dhunraj Rasiawan. “Je ne suis jamais allé en Inde. J’aimerais les retrouver. Je ne sais rien de ma famille et si mon père a des frères ou des sœurs”, confie Dhunraj Rasiawan. Son père, Bahori Rasiawan, est décédé en 1953 et sa mère est morte quelque temps après. “Nous voulons en savoir plus sur notre famille. J’ai fait des demandes auprès du MGI. C’est important pour nous. Notre père n’a jamais eu l’occasion de nous raconter son histoire. C’est par notre mère que nous avons appris le peu que nous savons”, dit Jasmoontee Moharaz. Les deux sœurs ignorent l’âge de leur grand-père et savent peu de chose de lui.

Ce dernier est décédé lorsque Kamlawtee Sohur avait 23 ans. “J’ai un vague souvenir de mon grand-père”, dit Jasmoontee Moharaz, 59 ans. Ramburrun Ramjit avait cinq enfants. “Notre père est le troisième fils de Ramburrun Ramjit.”