ART ABSTRAIT : Vasarely et l’art optique vus par le Pr Serge Lemoine

« Victor Vasarely, un pionnier et un maître » est le titre de la conférence que Serge Lemoine présente le 22 mai à l’Institut Français de Maurice (IFM). Professeur émérite à la Sorbonne, directeur puis président du musée d’Orsay à Paris de 2001 à 2008, Serge Lemoine est un puits de connaissances en histoire de l’art des XIXe et XXe siècles, qui ne semble pas pratiquer le sectarisme divisant encore trop souvent le monde des arts visuels. De Courbet aux artistes contemporains, ce spécialiste s’intéresse à une diversité de courants impressionnante, prenant garde d’ailleurs de rester ouvert aux expressions visuelles les plus populaires, comme le démontre le commentaire qu’il propose d’une planche d’Hergé (le père de Tintin) pour le compte d’Artcurial.
Serge Lemoine a été conseiller de la région Bourgogne, a dirigé le musée de Grenoble, puis il a veillé aux destinées à caractère international du musée d’Orsay à Paris pendant plusieurs années. Il n’en est pas pour autant un spécialiste exclusif de la création au XIXe siècle… Aussi est-ce en homme des XXe et XXIe siècles qu’il regarde les courants artistiques du XIXe siècle européen. Sans doute est-ce d’ailleurs ce regard imprégné, si ce n’est amoureux, de tout ce qui s’est passé depuis le mouvement impressionniste, qui lui a permis de doubler la fréquentation du musée parisien, qui caracolait à son départ de la direction en 2007 à… 3,7 millions de visiteurs par an !
Serge Lemoine a fréquemment participé en tant que critique et historien d’art à une collection d’ouvrages, qui sonde justement des correspondances esthétiques entre les artistes du XIXe siècle, dont on peut observer les oeuvres dans ce musée, et les artistes contemporains du XXe. A priori, à moins d’être spécialiste, on n’associerait pas spécialement Monet à Morellet, pas plus que Manet à Anne Saucer Hall ou Alain Kirili à Edward Steichen, etc… Et pourtant il existe des filiations, les liens esthétiques, des cheminements créatifs que cette collection établit, histoire de huiler nos intelligences visuelles.
Depuis qu’il a quitté ses responsabilités au musée d’Orsay, cette ancienne gare aux belles verrières, qui présente depuis plus de 25 ans des collections du XIXe que le Louvre, trop à l’étroit, ne parvenait plus à contenir, Serge Lemoine continue d’enseigner l’histoire de l’art à la Sorbonne. Dynamiser le musée d’Orsay, il a su le faire, non seulement en s’attachant aux grands courants de fonds qui relient les générations et les époques, mais aussi en ouvrant le calendrier événementiel du musée aux courants de peinture étrangère. Serge Lemoine est donc capable de nous intéresser véritablement aussi bien aux néo-impressionnistes qu’aux origines de l’art abstrait, aux grands maîtres du XIXe siècle, à l’instar de Courbet, aussi bien qu’à Piet Mondrian, Christian Boltanski ou Annette Messager. Il a aussi écrit sur Kurt Schwitters, Puvis de Chavannes, Gustave Caillebotte, Ferdinand Hodler… Mais il fallait bien faire un choix pour sa conférence à l’IFM, injuste comme tous les choix bien sûr. Il parlera le 22 mais, à 18 heures, du père d’un des courants majeurs de l’art abstrait, l’art optico-cinétique : Victor Vasarely.
Lié au début de la carrière dans les années 40 aux peintres de l’art géométrique, tels Mondrian, Malevitch ou Auguste Herbin, Vasarely va, par l’agencement et la répétition de formes géométriques simples, jouer sur les effets visuels que les couleurs et la lumière peuvent créer sur les formes. L’op art, l’art optique ou encore l’art cinétique se développeront ensuite en s’inspirant de l’oeuvre de cet artiste d’origine hongroise, qui compte parmi les plus connus du XXe siècle. Ayant travaillé aussi dans les arts appliqués, notamment les arts graphiques et le secteur publicitaire, l’artiste a, par exemple, aussi transformé le logo du constructeur automobile Renault, une image géométrique qui a le don de synthétiser, en quelques lignes, la griffe de l’artiste et le concept de la marque. Comme quoi l’art ne se limite pas aux musées et aux coffres forts des investisseurs.

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