ARTISANAT : Vishal Magraja, l’art de brûler et façonner le bois

Il a choisi de placer ses marques là où tout avait démarré : à l’intérieur d’une des huttes dans l’enceinte du musée de Mahébourg. Seize ans déjà que Vishal Magraja baigne dans la pyrogravure, l’artisanat et la sculpture sur bois. Ce maître-artisan sort de son antre pour transmettre son savoir-faire aux autres. Il nous parle du feu qui l’anime depuis ses débuts.
Jeudi 10 heures, à Mahébourg : Vishal Magraja vient à notre rencontre à bicyclette. Un physique particulier : une imposante stature, une longue barbe et un catogan sont les signes distinctifs de cet artisan. D’emblée, Vishal Magraja s’anime lorsqu’il parle de son travail : « La pyrogravure représente mon tout. C’est ma passion, mon talent et c’est cela qui me permet de nourrir ma famille. « 
« Tout a commencé il y a longtemps pendant mes vacances scolaires. J’ai toujours aimé le dessin, et voulant meubler mon temps libre, je me suis renseigné auprès de la direction du musée car j’avais entendu dire qu’on y dispensait des cours. A l’époque, je ne savais même pas ce que c’était que la pyrogravure. Ainsi a démarré ma grande aventure avec cet art, à la suite d’un stage au National Handicraft Centre », poursuit avec humilité le maître artisan lorsqu’il revient sur son parcours.
A force de travailler le bois et acquérant ce faisant de la maîtrise et un certain style propre à lui, Vishal expose ses oeuvres d’abord dans son village, ensuite dans d’autres lieux de l’île. Il veut se mettre à son propre compte et vivre de ses oeuvres. Ambition qu’il dit était très risqué car la pyrogravure était méconnue des Mauriciens : « J’ai appris pendant trois ou quatre ans rien que par amour. Les Mauriciens à l’époque n’avait jamais entendu parler de pyrogravure. J’arrivais plus facilement à vendre d’autres produits artisanaux les plus communs et que les touristes aiment. Au commencement, pour réaliser mes oeuvres, j’utilisais un fer à souder, de la sulfure de fer, des clous, des boulons, etc. Ce n’est que bien plus tard que j’ai pu m’acheter un pyrograveur et cela a été possible en réinvestissant les profits accumulés à travers la vente des produits artisanaux. Les gens se sont petit à petit intéressés à mes oeuvres pyrogravées. J’ai trouvé que je pouvais en faire mon gagne-pain.  » Vishal insiste quand on lui demande si se sont bien les Mauriciens qui achètent ses oeuvres ou les touristes. « La majeure partie de ma clientèle est mauricienne. Il m’arrive de vendre à un touriste de temps en temps. Si je m’installe dans un centre commercial, par exemple, il y a beaucoup de Mauriciens qui viennent vers moi, me questionnent sur mon travail et achètent mes créations.  » L’une des particularités de la pyrogravure, c’est que l’on peut graver le nom d’une personne sur du bois, ou encore en tracer le portrait. « Les Mauriciens aiment de plus en plus des cadeaux personnalisés et c’est cela qui distingue la pyrogravure », explique-t-il.
Ce maître artisan dit ne pas se limiter seulement à la pyrogravure. Son champ de travail s’est étendu à diverses disciplines au fil des ans. Il aime utiliser d’autres matières que le bois comme le cuir, l’argent. De la pyrogravure sur bracelets, il a aussi crée des boîtes à bijoux. Le cuir est pour lui une surface sur lequel il aime dessiner et peindre, dit-il. Le cadre des miroirs sont pour lui un autre champ de créations. Vishal Magraja manie aussi maillet et marteau pour réaliser des sculptures en bois.
Créatif et professionnel, le maître artisan, qui s’est fait un nom maintenant, commence à cumuler les commandes. Récemment, il s’est occupé de la décoration intérieure du Cappaclub (un club de loisirs) de l’hôtel La Plantation. Le ministère des Arts et de la Cuture a fait appel à ses talents de sculpteur en 2010 pour le bicentenaire de la bataille de Grand-Port. Ce qui lui a permis de remporter le titre de Maître-Artisan titre décerné en 2012 par la Culture.
Vishal est aujourd’hui coach d’un atelier de travail pour la SMEDA, à Coromandel. Un environnement dans lequel il évolue à son aise. Il enseigne à « des élèves de 7 à 77 ans issus de divers milieux, dont des policiers à la retraite ». Vishal vise toujours plus loin et veut diversifier ses activités. Il prévoit dans un futur proche d’ouvrir sa propre école de pyrographie et un salon de tatouage. Ce salon sera conçu de manière à délivrer un service sur mesure à ses clients et chaque oeuvre sera unique dit cet artisan qui avoue que « chacune de mes créations est une partie de moi-même. D’où ma nostalgie lorsqu’il faut m’en départir… « 

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