ARTS PLASTIQUES : Sheetul Goorah privilégie les pigments naturels

Début décembre, le public a eu l’occasion de découvrir les travaux de la plasticienne mauricienne Sheetul Goorah à l’occasion d’une exposition au Caudan Waterfront. La particularité de son oeuvre réside dans l’utilisation qu’elle fait des pigments naturels. Une partie de ces tableaux a été réalisée au Mexique, où elle a participé à une résidence d’artistes du 25 août au 11 novembre.
Attirés par les peuples, leurs cultures et les techniques traditionnelles d’art, Sheetal Goorah développe une passion pour les pigments naturels lors de ses études de Beaux-arts à Cape Town, entre 2002 et 2005. « Durant ces années d’études, nous devions développer notre propre style. J’avais commencé à travaillé avec le henné pour les résultats en relief qu’il donne. Ensuite, j’ai extrait les couleurs et poursuivi cette expérimentation avec le café et le safran. Depuis, je favorise les pigments naturels », fait ressortir notre interlocutrice, même si, par moment, elle utilise la peinture en tube. « C’est tellement facile d’utiliser la peinture en tube. Je trouve plus intéressant et symbolique d’aller à la recherche des pigments. »
A son retour à Maurice, la jeune femme prend de l’emploi dans le domaine du marketing. Cette année, elle a choisi de consacrer du temps à son art et, fin août, elle met le cap pour le Mexique, où elle a été acceptée en résidence d’artistes après une sélection sur dossier. Sheetul Goorah passe les trois premières semaines à une initiation à l’extraction et l’utilisation des pigments naturels et les trois autres à la réalisation de ces travaux en marge de l’exposition qui a eu lieu en décembre.
L’artiste indique avoir travaillé à partir de quatre plantes : le cochinilla, l’anil, le perricon et le nuez. « Le cochinilla est une plante parasite de couleur qui pousse sur les cactus. On écrase la plante pour en extraire la couleur. Les teintes dépendent de la concentration et de la quantité de couleur qu’on utilise. Cela va du rose au bordeau. Elles sont utilisées comme colorant alimentaire ou pour teindre la laine », souligne notre interlocutrice.
« L’anil donne la couleur indigo : une coloration obtenue après fermentation de la plante. Pour avoir du violet, on peut mélanger les extraits d’anil et de cochinilla », poursuit Mme Goorah. Quand à la couleur jaune « intense, comme le safran », elle est obtenue à partir du perricon, qui est une plante médicinale, fait-elle ressortir. Sheetal Goorah apprend aussi qu’elle peut obtenir la couleur café à partir du nuez, qui est une noix. Consciente qu’elle ne disposera pas de toutes ces plantes à Maurice pour en extraire les couleurs, Sheetul Goorah compte aller à la découverte et exploiter d’autres plantes locales pour poursuivre son cheminement. Notre interlocutrice indique que les pigments naturels tiennent très bien. « Je n’ai eu aucun reproche jusqu’à présent », dit-elle.
Pendant son séjour mexicain, elle a eu l’occasion de côtoyer des artistes australiens, américains, mexicains, allemands et japonais, parmi d’autres, bien que « les artistes bougent tout le temps ». Sheetal Goorah indique qu’elle s’inspire de la culture des autres, qu’elle tente de montrer à travers son art. « J’ai toujours été attirée par les anciennes civilisations également : les Mayas, les Aztèques, les Hindous, entre autres. » Son exposition au Caudan était intitulée « Viva la vida » (Ndlr : “Vive la vie”).

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