Assemblée nationale – Débats sur la réforme électorale – Le PM : « A mauritian model for Mauritius »

Pravind Jugnauth, refusant de rendre publics les commentaires de l’ESC : « As we all know, ESC can only offer comments and we decide on policy »

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À 15 heures 57, le marathon parlementaire des débats sur The Constitution (Electoral Reform) (Amendment) Bill relatif au projet de réforme du système électoral, a démarré avec 34 parlementaires sur la liste des orateurs. Toutefois, dès les premières interventions au sein de l’hémicycle, il est évident que la majorité des trois-quarts, soit les 52 Yes, imposée par la Constitution, ne sera atteinte. En effet, devant la teneur du discours du Premier ministre et Leader of the House, Pravind Jugnauth, s’en tenant à la proposition initiale de 63 députés sous le First-Past- The-Post, de 12 avec l’introduction de la représentation proportionnelle pour le choix de 12 parlementaires et l’accordéon de six à dix au titre des “Additional Seats”, les dés quant au sort de la réforme électorale sont jetés. Outre le rejet de ces propositions de réforme par le PMSD et le Labour Party, le MMM a pris la décision d’annuler le Comité central, qui avait été convoqué pour 13 heures 30 aujourd’hui.

« Cette réunion du Comité central avait été convoquée par respect pour les militants au cas où le gouvernement aurait décidé de modifier les dispositions de la non-réforme initiale. Nous avons déjà dit non à cette non-réforme. Avec ce que nous avons entendu cet après-midi, nous ne voyons aucune pertinence de nouvelles délibérations. D’où la décision d’annuler la réunion de cette instance. À la place, le MMM tiendra un point de presse », soutient-on dans les milieux officiels de ce parti.

« Le gouvernement a fait sa part, il revient maintenant aux membres de l’autre côté de la Chambre d’assumer leurs responsabilités vis-à-vis du pays et de la nation. » C’est sur cette note que le Premier ministre, Pravind Jugnauth, a conclu son intervention de près d’une heure pour présenter le Constitution (Amendment) Bill portant sur la réforme du système électoral hier après-midi devant un Parlement attentif. Son intervention n’a été interrompue qu’une fois. Au moment où il annonçait les mesures contre le transfugisme, le leader de l’opposition, Xavier-Luc Duval, a lancé en direction du ministre Alain Wong, un transfuge du PMSD : « to bizin revini ». Ce qui a provoqué une remarque de la Speaker, Maya Hanoomanjee, qui a demandé au leader de l’opposition de ne pas interrompre le discours en ce moment solennel. Parmi les personnalités à l’Assemblée figuraient le commissaire électoral, Irfan Rahman, ainsi que le Solicitor General, Me Dhiren Dabee, Senior Counsel.

Le Premier ministre, qui a soutnu que le projet de réforme constitue « a mauritian model for Mauritius » s’est appesanti à plusieurs reprises sur la dimension historique de son intervention. « This bill will certainly make history. However, when the history books will be written, it will not be kind to those who today choose to play petty politics or hide behind lame arguments and excuses », a-t-il lancé avant de souhaiter que les parlementaires de l’opposition choisissent « the right and bright side of history ». Toutefois, pour justifier le refus du gouvernement de rendre publics les commentaires de l’Electoral Supervisory Commission, il a trouvé que « As we all know, ESC can only offer comments and we decide on policy ».

Pour le Premier ministre, le texte de loi marquera d’une pierre blanche l’histoire constitutionnelle du pays. Ce projet de loi, a-t-il dit, a une grande importance constitutionnelle. Il vise à consolider et à « faire avancer la démocratie constitutionnelle, les valeurs républicaines et les idéaux de Maurice » tout en favorisant l’inclusion et le sentiment de citoyenneté nationale.
Tous les partis politiques du pays sont unanimes à reconnaître que la Constitution et le système électoral dont le pays a hérité de ses pères fondateurs lui ont bien rendu service. Selon le Premier ministre, depuis l’accession du pays à l’indépendance en 1968, un long chemin a été parcouru. « Alors que nous célébrons le 50e anniversaire de notre Indépendance, il est temps pour nous en tant que nation d’examiner ce qui a marché et les améliorations qui peuvent être apportées. »

Il poursuit en déclarant que le gouvernement après de longues réflexions est prêt à respecter la promesse faite en 2014 d’apporter certaines réformes importantes. « Notre but est de consolider et d’élargir les contours de la démocratie et d’assurer une plus grande participation des femmes dans la vie politique du pays et de promouvoir la “nation building” tout en consolidant l’unité nationale. C’est le but du texte de loi présentement devant le Parlement », a-t-il dit.

Le Premier ministre a ensuite rappelé que la volonté d’apporter des changements à notre système électoral date de plus de 25 ans. Il a fait mention du rapport Sachs en 2002, du Select Committee de 2004, du rapport Carcassone en 2011, du rapport Sithanen en 2012, des propositions publiées en mars 2014 et des propositions de réforme électorale du PTr et du MMM en 2014. Aucune des propositions n’a été mise en œuvre.

Il a rappelé que Lalyans Lepep a pris l’engagement de présenter une réforme électorale lors de la campagne électorale de 2014. « We pledged to introduce a dose of proportional representation in our electoral system and not a full PR system », a-t-il rappelé.

Il a fait état de l’instition du comité ministériel de 2016 de même que des amendements sudséquents au Rodrigues Regional Assembly Act. Selon le Premier ministre, le comité a fait des propositions concernant l’introduction d’une dose de proportionnelle tout en maintenant le système “First-Past-The-Post”, pour garantir une meilleure représentation des femmes au Parlement. Il a également recommandé au gouvernement de se défaire de l’obligation pour un candidat aux élections législatives de déclarer sa communauté. Un document à cet égard a été publié en septembre dernier, mais le Premier ministre a estimé que les contre-propositions reçues « ont été trop radicales » ou « remettaient en question la stabilité ». Par conséquent, aucune proposition n’a été retenue. Il est ensuite revenu sur les éléments de la proposition gouvernementale.

Il a insisté sur le fait que le gouvernement est contre le recensement ethnique « qui mettra en péril l’unité nationale ». Il a expliqué que les pouvoirs accordés aux leaders « ne sont pas nouveaux ». Le Premier ministre s’est également réjoui de l’abolition des références communautaires dans la Constitution. Il a finalement souligné « qu’il n’y a pas de système électoral parfait » et « qu’il n’y a pas de “one-size-fits-all model” ». Et d’ajouter : « We have to design our own model after taking into account the historical, social, political, and cultural factors. Thus a Mauritian model for Mauritius. »

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