ASSEMBLÉE NATIONALE: Drogues synthétiques : Anil Gayan remet çà

La tranche du Question Time d’hier après-midi à l’Assemblée nationale a vu le ministre de la Santé, Anil Gayan, maintenir sa position par rapport au fléau des drogues synthétiques surtout parmi les jeunes. Il a réitéré sa position qu’il y a beaucoup d’exagération autour de ce dossier, qualifié d’extrêmement sensible. Au grand dam des députés de l’opposition, il a soutenu qu’il n’y a à ce jour aucun cas de décès lié directement aux drogues synthétiques, du moins en l’absence de « scientific evidence ». Il a trouvé une nouvelle Bible dans sa croisade contre ceux qui tirent la sonnette d’alarme contre les effets catastrophiques de drogues synthétiques. En effet, il a déposé sur la table de l’Assemblée nationale le premier rapport de l’Observatoire national des Drogues, avec une quarantaine de cas d’étudiants impliqués dans des cas de drogue. De son côté, la ministre de l’Education, Leela Devi Dookun-Luchoomun, a peint un tableau positif de la situation de la drogue dans les institutions scolaires avec l’opposition rappelant à la ministre que les chiffres avancés sont en contradiction et nettement inférieurs à ceux révélés dans un récent rapport sur la jeunesse.
Un autre dossier qui continue à soulever les passions même seize mois après l’écroulement de l’empire Rawat n’est autre que la clinique Apollo-Bramwell. Le leader de l’opposition, Paul Bérenger, qui n’a pas ménagé ses critiques à l’encontre de la société de consultants BDO, s’est insurgé contre l’opacité autour de l’exercice de Due diligence sur les nouveaux gérants de la clinique, Omega Ark plc. Pour sa part, le député Reza Uteem n’a pas manqué de mettre en exergue que la clinique de Dawood Ajum Rawat, qui avait jusqu’à tout récemment un Price tag de USD 60 M, ne rapportera que USD 18 M après cinq ans, dont USD 11 M actuellement.
Cette partie des travaux parlementaires a été également marquée par un clash verbal des plus virulents entre Paul Bérenger et l’Attorney General, Ravi Yerrigadoo, sur le terrain de la nomination des Senior Counsels et Senior Attorneys aux termes des dispositions du Law Practitioners’ Act. Ce projet de nomination, sur recommandation du chef juge, Keshoe Parsad Matadeen, a pris un sérieux coup de froid avec une première levée de boucliers au sein de la profession légale par rapport au choix arrêté. L’on ne pourra pas passer sous silence la remarque pertinente d’Alan Ganoo à l’effet que dans la République de Maurice, Senior Counsel ne s’est pas encore conjugué au féminin au barreau.
Répondant à une interpellation au nom du député Zouberr Joomaye au sujet de la prolifération des drogues synthétiques, le ministre de la Santé a fait état d’une Multi-prong approach, avec notamment une campagne de sensibilisation dans les écoles. Depuis avril dernier, 101 institutions ont été ciblées touchant quelque 13 000 étudiants. Il a annoncé que ce programme sera étendu au secteur de l’éducation secondaire, que le 26 juillet dernier s’est tenue une marche à laquelle avaient participé un millier de personnes, une campagne de prévention auprès des jeunes ne fréquentant pas le milieu scolaire et aussi bien que dans le monde du travail. Des ateliers de travail sont également prévus. Le programme du ministère de la Santé comprend également des sessions de formation à l’intention du personnel des hôpitaux régionaux en vue d’assurer une meilleure gestion des cas de drug users qui sont sous leur responsabilité. Depuis septembre de l’année dernière, un Observatoire national des Drogues a été institué.
Shakeel Mohamed : Je ne peux que faire état de mes préoccupations devant le fait que depuis le 29 juillet quand le ministre avait soutenu devant la Commission d’enquête sur la drogue qu’il n’y a rien d’alarmant, il n’y a pas un jour qui passe où nous ne soyons confrontés à des drames dans des familles avec des jeunes succombant aux effets néfastes des drogues synthétiques ?
Gayan :… There is a lot of exaggeration regarding synthetic drugs. No case is based on scientific evidence…
Mohamed : Pe kasyet sif sa…
Jhugroo : Ki to kwar Ramgoolam sa. Ramgoolam ki kasyet sif…
Gayan : We have to work on the basis of evidence, on the basis of scientific evidence. We have no death related to synthetic drugs based on scientific evidence.
Joomaye : Il est un fait que le cannabis synthétique est la formule préférée. Mais le laboratoire central du ministère est-il équipé pour détecter des composantes de cette drogue synthétique lors des analyses ?
Gayan : He must address a substantive question.
Ganoo : Le ministre est-il au courant que la surintendante de l’hôpital Brown-Séquard a soutenu devant la commission d’enquête que depuis 2015, le nombre d’admission liées aux drogues synthétiques a connu une explosion. C’est ce qu’elle a déclaré devant la Commission Lam Shang Leen…
Mohamed : Taler li pou al met madam deor depi lopital.
Gayan : Quand il y a zéro cas et qu’après vous en avez deux c’est une explosion, non !
« Dangerous situation »
Osman Mahomed : Le conseil des ministres de vendredi a pris note d’un rapport faisant état de « dangerous situation » en matière de drogue. Le conseil des ministres est l’instance suprême du pays et il a lieu de mettre à exécution les recommandations ?
Gayan : La situation de la drogue a connu des dérapages sous le précédent gouvernement…
Shakeel Mohamed : Saki to pe dir la enn disk raye sa. To propre ofisye inn dir sa. To pe kasyet sif. To pe koz manti…
Le ministre Gayan tente de répondre mais sa réponse est couverte par les protestations de l’opposition. Le Deputy Speaker, Adrien Duval, est forcé d’intervenir.
Adrien Duval : I understand it’s a passionate debate. But Honourable Mohamed, you’ve asked a question. Have some respect. Let the minister answer.
Bhagwan : Des ONG abattent un travail énorme sur le terrain de la lutte contre la drogue. La situation est alarmante sur le terrain. Le moment n’est-il pas venu pour reconnaître le bon travail réalisé par les ONG ?
Gayan : Le rapport que je vais déposer sur la table de l’Assemblée nationale dans un instant a été préparé par les ONG. Please wait for the report.
Ramano : Des patients admis à l’hôpital Brown-Séquard pour consommation de drogues synthétiques sont dans les mêmes wards que les malades mentaux. N’y a-t-il pas lieu de pratiquer une ségrégation entre ces deux catégories ?
Gayan : As far as I know I don’t know if that is the case…
Ramano : Ils sont mélangés…
Shakeel Mohamed : Je présente mes excuses pour le précédent. Le ministre persiste à croire qu’il n’y a pas de problème de drogues synthétiques. Par contre, des parents qui ont perdu des enfants dans la drogue savent que la situation est explosive. Is he ready to meet these parents and face the music ?
Gayan : I face the music every day. I’m not afraid of facing the music.
À une interpellation du député Ganoo au sujet du nombre de patients de moins de 25 ans admis à l’hôpital pour des problèmes de consommation de drogues synthétiques depuis janvier 2015, le ministre a révélé qu’il y a eu 195 admissions. Il devait revenir sur les détails de son programme de sensibilisation auprès des jeunes.
« There is need for extra manpower »
À la reprise des travaux après le déjeuner, la ministre de l’Éducation a fait comprendre au député Osman Mahomed que depuis 2014, 35 étudiants dans 21 institutions du secondaire ont eu des problèmes de drogues, notamment du gandia, et trois pour de la drogue synthétique. Aucun étudiant n’a été appréhendé pour possession d’armes. Il y a eu également six cas de comportement sexuel anormal dans le primaire et trois cas d’Alleged sexual abuse. « Nous travaillons en étroite collaboration avec la police, l’ADSU, la DU et d’autres institutions. There is a sharing of information. A zero tolerance policy at all levels has been put in place », a soutenu la ministre.
Osman Mahomed : Il y a eu un rapport sur la jeunesse en date du 17 juillet. The figures in that report are much higher. A-t-elle pris connaissance de ce rapport ?
Dookun : We do have alleged cases of drugs addictions. These have to be confirmed by the police. Nous travaillons sur la base d’un protocole avec d’autres autorités en la matière. We do not have exact figures…
Bérenger : The question is whether there is a report…
Baloomoody : Des officiels de l’ADSU soutiennent qu’ils n’ont pas accès à certaines institutions dans le cadre du programme de prévention ?
Dookun : Nous avons une collaboration étroite avec l’ADSU. Dans le passé, nous avons eu des cas où des animateurs de ces cours de prévention ont initié des jeunes à la drogue en leur montrant comment préparer du gandia. Nous devrons exercer de la prudence par rapport à l’accès aux étudiants dans des institutions.
Uteem : Y a-t-il suffisamment de psychologues au ministère pour encadrer les étudiants ?
Dookun : We always feel that there is need for extra manpower.
Ganoo : Pourquoi ne pas introduire des cours de yoga ? Cette discipline est reconnue aujourd’hui avec les Nations unies ayant décrété une journée pour le yoga dans le monde…
Jhugroo : Navin Ramgoolam oussi fer yoga…
Rutnah : There is no need to demonise… (Il faisait allusion au nombre ce cas qu’il ne considère nullement alarmant.)
Meea : Ale do ta ! To pa konn realite toi…
La ministre de l’Education administrera une cinglante réplique au back-bencher de la majorité en soutenant que « even a single case, it’s our concern. »
« It’s a very fishy transaction »
Une des dernières séquelles du BAI Ponzi Scheme, soit la vente de la clinique Apollo-Bramwell, a suscité des vagues au sein de l’hémicycle. Le ministre des Finances, Pravind Jugnauth, a fait comprendre au député Uteem qu’un Asset Purchase Agreement a été signé avec la société Omega Ark plc pour la reprise de la clinique. Il a ajouté qu’en raison d’une Confidentiality clause, le contrat ne pourra pas être rendu public. Le prix agréé est de USD 18 M, soit 11 M versés à la signature du contrat, trois tranches d’un million de dollars à la fin de chaque année successives et deux millions de dollars à la fin des quatrième et cinquième années.
« Les recettes seront utilisées pour combler le trou dans le fonds de pension des employés, pour financer les emprunts bancaires contractés par la NIC et d’autres charges aussi bien que pour payer les fournisseurs », ajoute Pravind Jugnauth. La Management team d’Omega Ark plc est actuellement à Maurice pour compléter les formalités.
Uteem : Le ministre peut-il préciser le montant des remboursements à être effectués ?
Jugnauth : La dernière fois, j’avais révélé les chiffres. I don’t have the exact figures. I stated the exact figures the last time.
Bérenger : Lors de la PNQ du 3 mai dernier, le ministre des Services financiers avait déclaré qu’il a failli adresser la question relative à l’exercice de Due Diligence d’Omega Ark au ministre des Finances. Pus le 12 juillet suite à une interpellation parlementaire, le ministre des Finances avait répondu que « I presume » que cela a été fait. Qu’en est-il aujourd’hui ? There is a so-called due diligence by the one and only BDO. It was not a due diligence at all. Check on this.
Jugnauth : Je suis informé que BDO s’en est occupée. Le BoI a également procédé à des vérifications. Cette société a été incorporée en Grande-Bretagne. On m’a fait comprendre que certaines vérifications ont été effectuées.
Bérenger : Cette société n’a été incorporée que l’année dernière en Grande-Bretagne alors que soi-disant elle est présentée comme une terrible sur la place. It’s a very fishy transaction…
Jugnauth : I don’t know which year it was incorporated. Je vais réclamer des renseignements complémentaires à ce sujet.
Baloomoody : Les employés d’Apollo-Bramwell seront-ils réembauchés sur les mêmes conditions qu’actuellement ? Qu’en est-il pour les années de service ?
Jugnauth : I’m informed that the terms and conditions are not less favourable. This is what I’ve been told. Il y a un certain nombre d’employés qui ont déjà signé. Des négociations sont en cours entre le management et un syndicat représentant les employés. Le ministère du Travail et des Relations industrielles est également engagé. Pour les années de services, je ne peux répondre.
Shakeel Mohamed : Au nom de la transparence, le ministre des Finances peut-il révéler s’il y a eu des offres nettement plus compétitives que celle d’Omega Ark ? Qui sont les Highest bidders ? Les autres soumissionnaires ont-ils bénéficié du même traitement qu’Omega Ark pour le volet de Management contract ?
Jugnauth : Ce que je sais, c’est que le Transaction advisor a  dressé une liste de trois soumissionnaires avec les meilleures offres, soit CIEL/Fortis, une société en Afrique du Sud et Omega Ark plc. Omega was by far the best offer…
Bérenger : Puis-je connaître l’identité du Transaction advisor ?
Jugnauth : BDO…
Bérenger : Cette même BDO qui a mené l’exercice de Due diligence. BDO à toutes les sauces… Il y a conflits d’intérêts ? BDO fait le Due diligence et BDO est le Transaction advisor…
Meea : The whole transaction is very fishy. Le ministre doit instituer une enquête dans toute cette affaire…
Bérenger : He must stop everything…
Jugnauth : Lors de l’exercice d’Expression of interests, les soumissionnaires avaient à soumettre des propositions pour six options, dont le rachat, l’Equity participation ou encore le Management contract. À la lumière de ces différentes propositions, la décision a été prise…
Uteem : Le 3 mai dernier, le ministre des Services financiers avait fait état de la signature imminente pour la vente de la clinique Apollo-Bramwell pour un montant de USD 60 M. Aujourd’hui, le montant n’est que de USD 11 M versés pour atteindre subséquemment USD 18 M. Le ministre veut nous faire croire que la valeur de l’immeuble abritant la clinique est de USD 42 M ?
Jugnauth : Il y a eu des options soumises. Puis il y a eu la décision de ne pas tout vendre mais de s’astreindre à un Assets purchase agreement.
« To pe pran nou letan… »
D’autre part, l’éventuelle nomination de Senior Counsels et de Senior Attorneys dans le judiciaire est au centre de la controverse au point de soulever la tension au sein de l’hémicycle. Répondant à une Parliamentary question du député Joomaye, l’Attorney General a cité des extraits du Law Practitionners’ Act au sujet des procédures pour les exercices de nominations par le chef juge. Ce dernier consulte des juges et des Senior Members of the Bar avant de soumettre la liste à la présidence de la République. Mais pour pouvoir aspirer à faire partie de la ligue des Seniors au barreau, tout homme de loi doit avoir un minimum de 15 ans de pratique professionnelle.
Ravi Yerrigadoo donnait lecture des extraits d’une correspondance en date du 5 août du Bureau du Master and Registrar au sujet des dispositions de la loi quand est intervenu le dérapage.
Bérenger : Look ! He is repeating what the law says…
Yerrigadoo (haussant le ton) : Je cite des extraits d’une lettre du Master and Registrar à ce sujet. Let us have some respect for the judiciairy…
Bérenger : Ela to pa enn eli… To pe pran nou letan… Minis sa ! Megalo !
Uteem : Dans certains pays, comme Singapour, ces nominations ne sont plus de la responsabilité d’un seul juge. Ne croit-il pas que le moment est venu pour une plus grande transparence et de l’objectivité lors de cet exercice ?
Bhagwan : Il est un fait que des Long Standing Members at the Bar sont écartés de cet exercice ?
Yerrigadoo : I’ve no say in the matter.
Joomaye : N’est-il pas un fait que la séniorité, l’expérience et la bonne conduite sont mandatory ?
Yerrigadoo : I cannot say whether these are mandatory.
De son côté, le député Rutnah propose que des appels de candidatures soient organisés, permettant à des membres de la profession légale de plus de 15 ans de soumettre leurs candidatures lors de tout exercice de nomination. Et le mot de la fin revient à Alan Ganoo.
Ganoo : Is the Attorney General aware that there is no female Senior Counsel ?
Yerrigadoo : I am.

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