ASSEMBLÉE NATIONALE — Fait du jour du Question Time : l’ombre de Gooljaury et Yerrigadoo

  • Énervement flagrant sur le financement du métro lors du Statement Time avec expulsion du “backbencher” Ravi Rutnah
  • Seulement 4 690 places disponibles sur les 15 000 annoncées dans les gradins du Côte d’Or Multi-Sports Complex
  • Journée internationale du 3e âge oblige, l’Assemblée nationale ajournée au mardi 8 octobre

Le gouvernement se mobilisant pour marquer la Journée internationale du 3e âge au Swami Vivekananda International Convention Centre mardi prochain, il ne fallait pas s’attendre à une séance de travaux de l’Assemblée nationale mardi. De ce fait, peu avant 19h hier, le Parlement a été ajourné au mardi 8 octobre. Des sources se présentant comme étant autorisées avancent que le Question Time de ce mardi 8 pourrait être l’un des derniers car, avec une autre séance probablement pour le vendredi 11, la fenêtre pour la dissolution de l’Assemblée nationale en vue des élections générales pourrait être grande ouverte. Cependant, dans l’immédiat, l’ombre de Rakesh Gooljaury, le “Blue-Eyed Boy” du MSM et de l’ancien Attorney General Ravi Yerrigadoo, a plané dans l’hémicycle lors de la tranche des interpellations parlementaires. Le cas de Rakesh Gooljaury est en effet remonté à la surface avec les commissions de 4,2% du chiffre d’affaires de la Mauritius Duty Free Paradise Limited en janvier 2015. De même que le rôle de Ravi Yerrigadoo au sein de la Gambling Regulatory Authority (GRA), le député du MMM Veda Baloomoody lâchant, dans le cas de ce dernier, un sonore « lisien vey sosis » vu le “Lake Ferblan” que traîne l’ancien Attorney General, forcé à la démission avec le scandale BET 365. Le dossier Metro Express s’est également faufilé dans les échanges pour se retrouver aux premières loges, notamment avec le taux d’intérêt assorti au financement du projet.

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Le fait rarissime des travaux parlementaires d’hier est que le Statement Time s’est déroulé avec une touche d’extrême énervement. En effet, le Premier ministre, Pravind Jugnauth, avait tenu à remettre les pendules à l’heure au sujet des conditions d’emprunt pour la réalisation du projet Metro Express. Auparavant, le député travailliste Osman Mahomed avait allégué que le gouvernement de Navin Ramgoolam aurait bénéficié de conditions nettement favorables de l’Inde, soit des taux d’intérêt de 0,8%. C’était lors du Prime Minister’s Question Time, où Pravind Jugnauth a contesté cette affirmation et promis d’y revenir après avoir consulté les dossiers relatifs.

À l’heure des déclarations des ministres, clôturant le Question Time, le Leader of the House est venu avec des explications, affirmant que le député travailliste, en parlant de 0,8%, avait fait erreur. « The information is not correct. En fait, sur le financement de l’ordre de USD 830 millions, le gouvernement devait contracter un prêt de USD 200 millions avec LIBOR +0,5%, et avec les autres USD 630 millions à des intérêts en cours sur le marché international », déclare-t-il, en martelant que les conditions obtenues pour les USD 535 millions de financement du métro sont nettement plus favorables.

À ce stade, le chef de file du Labour, Shakeel Mohamed, devait tenter d’intervenir, mais la Speaker, Maya Hanoomanjee, devait objecter, de manière à éviter toute interruption de la déclaration du Premier ministre.
Speaker : Honourable Mohamed, please resume your seat. I’m on my feet…
Mohamed : On a point of order…
Speaker : Non. Vous ne pouvez interrompre le Premier ministre dans sa déclaration. There are regulations in the House. I will not accept any point of order…
Mohamed : Madam Speaker…

Speaker : I’ve said no…
Mohamed : Vous n’avez même écouté ce que j’avais à dire…
À ce stade, les échanges dérapent, Maya Hanoomanjee menaçant de prendre des sanctions à l’encontre du chef de file du Labour. De l’autre côté de la Chambre, l’on entend Pravind Jugnauth reprendre ses invectives de « Rekin Moustas » à l’encontre du leader du MMM, Paul Bérenger, qui avait utilisé l’expression de « Tilespri » à son encontre. Comme pour ne pas être en reste avec ces débordements au sein de l’hémicycle, le “backbencher” de la majorité Ravi Rutnah se met de la partie en tentant d’intervenir « on a point of order ». Devant le refus du député du gouvernement d’obtempérer, il est expulsé de la Chambre par Maya Hanoomanjee. Le Premier ministre peut reprendre son “Statement” en dressant le parallèle entre les conditions de prêts sous le gouvernement travailliste et celles, plus favorables selon lui, de son gouvernement, notamment en ce qui concerne la période de repaiement ou la période moratoire.

Mohamed (à la fin de la déclaration) : Le point que je devais faire ressortir est que ce “statement” était des plus controversables et que les procédures ne permettent pas de “controversial statement”. Le Premier ministre a cité des documents dont nous ne connaissons pas la source. Qu’il les dépose sur la table de l’Assemblée !
Speaker : This statement has been vetted. There is no controversy. This is my ruling. There is no debate on statement.

Au tout début du Prime Minister’s Question Time, notamment avec la PQ du député Reza Uteem sur les commissions de 4,2% sur le chiffre d’affaires de la Mauritius Duty Free Paradise Ltd, les agissements de Rakesh Gooljaury et de Nandanee Soornack étaient en filigrane. Pravind Jugnauth a fait comprendre que l’enquête, initiée depuis 2015, est en cours. Prétextant qu’en principe aucun détail ne peut être révélé quand un dossier fait l’objet d’enquête de la police et de l’Independent Commission against Corruption, il devait s’étendre en longueur sur les versements de commissions par la société Dufry, de Suisse, au tandem Gooljaury/Soornack, partenaires de Frydu, suite à l’allocation du contrat d’approvisionnement des boutiques hors taxes. Ces détails sont puisés dans la réponse à la PNQ répondue par sir Anerood Jugnauth le 5 mars 2015 :
– Au 21 octobre 2013, le montant des commissions versées était de l’ordre de 1 106 530 euros, soit :
– 24 octobre 2012 : 431 000 euros
– 2 mai 2013 : 211 351 euros
– 21 octobre 2013 : 464 179 euros.

À cela, il faut ajouter un transfert de 389 558 euros en date du 6 février 2014, 337 134 euros le 16 juillet 2014 et 296 466 euros le 16 janvier 2015. « In total, Dufry has as that date paid commissions of 2 129 688 euros (plus de Rs 80 millions) to Frydu on the supply contract only with MDFP. The inquiries being conducted by the police and ICC are ongoing inasmuch as this matter has international ramifications », devait ajouter Pravind Jugnauth.

Uteem : The Prime minister just repeated verbatim what was said in this house four and a half years ago. Ma question est simple : au cours de ces quatre ans et demi, soit depuis mars 2015, a-t-il été établi si ce versement de 2 129 688 euros est illégal ou non ?

PM : Well, I must say that there are several countries which are involved in this issue. Il y a eu des demandes de “mutual legal assistance”. Ces procédures prennent du temps. Therefore, the enquiry is ongoing. I don’t see what is the problem with regard to the time taken, in view of the fact that a number of evidence have to be gathered from a number of countries.

Uteem : Le Premier ministre a confirmé que la société Dufry avait deux partenaires, soit Nandanee Soornack et Rakesh Gooljaury. Le fait est que le dénommé Gooljaury est toujours à Maurice. Puis-je savoir du Premier ministre si Rakesh Gooljaury a déjà fait l’objet d’enquête policière à ce sujet jusqu’ici ? A-t-il été interrogé, arrêté et poursuivi en cour ? Or is it that he is above the law and can’t be touched ?

PM : De ce que j’ai appris, il a été appelé à consigner des dépositions.

Uteem : But then, Mr Gooljaury is in Mauritius, if he has not been arrested, it means that there has been no prima facie case that Frydu has received commission. Otherwise, I would have expected Mr Gooljaury to be behind bars, right now.

PM : Je ne comprends pas l’attitude de l’honorable membre par rapport à cette question. As I said, I have given a number of evidence that was already before the house. J’ai fait état des comptes bancaires en Suisse. There are people involved in other countries also. There is mutual legal assistance with regard to those countries. Je ne compte pas mentionner de pays étrangers concernés. This would not be proper. But I must say that there are a number of countries. This is why it is taking time and of course, when the enquiry will be completed, the file will be sent to the DPP, it is the DPP who will take action.

Rutnah : Le Premier ministre peut-il révéler qui était le ministre de tutelle de la Mauritius Duty Free Paradise Ltd quand le contrat avait été octroyé à Dufry et quand l’affaire impliquant Nandanee Soornack avait été rapportée à la police ?

PM : Je peux apporter mon témoignage d’expérience. Quand j’étais ministre des Finances, la Mauritius Duty Free Paradise Ltd tombait sous ma responsabilité. I don’t want to go in the details about what happened at that time, because I have myself given a statement to the police, not directly with this case, but with regard to the MITD case. J’ai tout raconté dans cette déposition, notamment comment l’ancien Premier ministre m’avait demandé d’annuler un précédent contrat pour l’accorder à Dufry. I don’t want to take the time of the house, but let me say, that as soon as we left Government, and I hope that the honourable Leader of the Opposition can testify himself, because he was nominated minister of Finance, after that, how the institution was removed under the portfolio of Finance to be under the aegis of the Prime minister’s. And this is how, ils ont fait le bal après.

Ramful : Il y a une chose que je ne comprends pas. Whatever the Prime minister is saying, about the commissions, the contract etc, are illegal. And one of the main persons involved in the whole scandal is Mr Rakesh Gooljaury. Comment peut-il expliquer que lors des récents Jeux des îles de l’océan Indien, il s’affichait publiquement avec ce même Rakesh Gooljaury ?

PM : Je ne suis pas responsable de cette enquête. Je réponds aux questions sur la base des informations qui me sont fournies. What I know is that the enquiry is going on. I have been informed of some procedures that have already started with regard to gathering information and gathering evidence. There are several countries involved in this affair. L’honorable membre doit savoir que l’ancien Premier ministre a des amis à l’étranger. I don’t want to say more about that. The enquiry will reveal who are the people involved in this case.

Le cas de Ravi Yerrigadoo, ancien Attorney General, a aussi été abordé lors du Question Time. L’opposition parlementaire s’est attardée sur la présence de l’ancien Attorney General, qui est également le conseil légal de la Gambling Regulatory Authority, sur un comité enquêtant sur un scandale de jockey lors de la 21e journée de la saison hippique, le 10 août dernier. Devant cet état de choses, le député Baloomoody n’a pu s’empêcher de lâcher : « Pe met lisien vey sosis ! »

Quirin : Le Premier ministre vient d’informer la Chambre qu’un comité a été mis sur pied pour enquêter sur ce scandale. C’est du jamais vu. Peut-on savoir qui préside ce comité, quels sont les membres qui siègent sur ce comité et comment ils ont été choisis ?

Le PM : Le comité comprend Anil Kumar Kokil, ancien directeur aux Finances et Acting Chief Executive de la GRA, Naresh Gujadhur, membre du Mauritius Turf Club. I am told that he is not a member of any board or committee of the MTC. Et aussi Ravi Yerrigadoo, conseil légal de la GRA.

Cette partie de la réponse provoque un gros rire des rangs de l’opposition.

PM : Gagn riye, to pe gagn riye ?
Baloomoody : Met lisien vey sosis !

Quirin : Est-ce que l’honorable Premier ministre trouve cela approprié que Ravi Yerrigadoo, ancien Attorney General, qui était lui-même impliqué dans un scandale que tout le monde connaît, le Bet 365, fasse partie de ce comité ? Est-ce qu’il trouve cela approprié ?

PM : There is nothing against him. What is there against him ? There is no provisional charge against him. What are you talking about ?

Quirin : Le même Yerrigadoo a comparu comme avocat de la GRA en cour contre les “off-course bookmakers”. De plus, c’est lui qui a conseillé la GRA dans le bras de fer qui l’opposait au MTC. N’est-ce pas contre l’éthique qu’il soit appelé à faire partie de ce comité alors qu’il est lui-même un des avocats de la GRA ?

Le PM : The honourable member don’t know anything about ethics. Please, go and seek advice.
Bérenger: To ine fane mardi dernye. Tou le mardi to fane…

Par ailleurs, le dossier Metro Express suscite encore l’intérêt à l’Assemblée nationale, le ministre des Infrastructures publiques, Nando Bodha, évitant de citer de date précise quant au “Soft Launch” annoncé pour le 30. Néanmoins, avec la PQ, presque politiquement naïve du député travailliste Osman Mahomed, le ministre n’a pu s’empêcher de “scorer” en déclarant : « The Honourable Member is very positive with the metro. Puisque maintenant il parle d’extension du réseau du Metro Express… ».

« Une zone potentielle d’extension demeure au niveau de l’Ébène Cybercity avec des prévisions de 50 000 emplois, soit 10% du nombre total pour l’économie, au cours des cinq prochaines années, contre 20 000 actuellement. La Singapore Cooperation Enterprise a entrepris une étude préliminaire pour une extension du réseau de Metro Express de Rose-Hill à Ébène jusqu’à Réduit, avec une population estudiantine évaluée à quelque 20 000 », a déclaré le ministre Bodha, qui a fait comprendre que le tracé envisagé ne passera pas « in the heart of Ébène ».

Toujours en ce qui concerne le métro, la nouvelle préoccupation est le passage par la ville de Quatre-Bornes. En réponse à une PQ du député Osman Mahomed, il concède que « there will be some disturbance » le long de la route Saint-Jean, avec les rails posés au beau milieu de l’axe routier et des “Lanes” véhiculaires de chaque côté.

« Grâce à la collaboration des autorités concernées, notamment la municipalité de Quatre-Bornes, la Traffic Management Unit, la Road Development Authority, la Central Water Authority, le Central Electricity Board, la Wastewater Management Authority et Mauritius Telecom, sans oublier les Infrastructures publiques, nous allons être en mesure d’élaborer les meilleures solutions. We believe in improved accessibility to business and the population », a-t-il dit.

Nando Bodha a aussi commenté les différentes options de circulation routière à Quatre-Bornes avec l’avènement du Metro Express tout en se félicitant qu’à partir de septembre 2020, « Quatre-Bornes bénéficiera des facilités du Metro Express without the hassle ».

Bhagwan : Nous avons témoigné des misères des commerçants avec les travaux du métro à Rose-Hill. Un véritable enfer. Que compte-t-il faire ?

Bodha : This is a major challenge. Nous devrons nous occuper de la situation à la gare Victoria. Nous devrons nous mettre à table pour trouver des solutions.

En matière de sécurité pour le projet Metro Express, un “Joint-Venture” SICOM/Swan a décroché le contrat pour les assurances suite à un exercice d’appel d’offres confié à City Brokers. Il a donné la garantie que tous ceux qui voyageront à bord des Light Rail Vehicles, que ce soit pendant la période d’essais et même après, seront couverts par des polices d’assurance.

Encore au chapitre des projets d’infrastructures, le ministre Stephan Toussaint a déclaré qu’en ce qui concerne les infrastructures sportives au Multi-Sports Complex de Côte d’Or, les travaux ont été complétés à 100%, sauf pour la piste d’athlétisme. Tout devra être prêt vers la mi-novembre, a-t-il répondu au député Armance.

Armance : La Seating Capacity dans les gradins est de 15 000, si je ne m’abuse ?
Toussaint : The actual seating capacity is 4 690. Nous allons bouger vers les 15 000 par étapes.
Armance : Le ministre veut-il nous faire croire maintenant que le projet sera réalisé par étapes.
Toussaint : Yes. La capacité actuelle est de 4 690 et après, nous irons par étapes jusqu’à 15 000.
Quirin : Les fédérations sportives auront-elles accès à ces facilités sportives ? Sous quelles conditions ?
Toussaint : Les conditions ne sont pas encore établies. Nous allons mettre ce bijou à la disposition des fédérations.
Armance : Compte tenu des problèmes de brise rencontrés par les nageurs, le ministre compte-t-il faire installer des “Wind Breakers” ?
Toussaint : I’m not at all aware of this. Vous n’avez qu’à voir la performance de nos athlètes lors des derniers JIOI.

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