ASSEMBLÉE NATIONALE — Hier après-midi : La pétition électorale du No 19 enflamme l’hémicycle

Motion du PM, Pravind Jugnauth, imposant une suspension de deux séances du leader de l’opposition, Arvin Boolell, suite à son « Naming » par le Speaker Sooroojdev Phokeer

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Expulsion de Shakeel Mohamed pour avoir objecté à la motion Collendavelloo réclamant que l’huissier Samtally soit déféré au DPP pour outrage, avec la pétition servie dans l’enceinte du Parlement le 2 décembre 2019

La pétition électorale contestant l’élection du Deputy Prime Minister et leader du Muvman Liberater, Ivan Collendavelloo, dans la circonscription de Stanley/Rose-Hill (No 19) lors des législatives du 7 novembre dernier, a mis le feu aux poudres à l’Assemblée nationale, hier après-midi. Le bilan s’établit comme suit : la suspension du leader de l’opposition, Arvin Boolell, pour deux séances parlementaires sur une motion du Leader of the House, Pravind Jugnauth, suite au « Naming » du premier nommé par le Speaker, Sooroojdev Phokeer, suite aux incidents ayant marqué les vingt premières minutes de la séance. À noter que sur des directives du Chair, le Sergeant-at-Arms et des policiers affectés à l’hôtel du gouvernement, sont intervenus au sein de l’hémicycle pour qu’Arvin Boolell évacue la Chambre.
Auparavant, Sooroojdev Phokeer avait ordonné l’expulsion du député Shakeel Mohamed, qui avait objecté à la motion du No 2 du gouvernement, Ivan Collendavelloo, réclamant que l’huissier Samtally soit déféré au Directeur des Poursuites publiques (DPP), pour outrage à l’Assemblée nationale en ayant servi la pétition électorale du No 19 avec le Judge’s Order dans l’enceinte du Parlement le 2 décembre 2019. Le député de l’opposition avait persisté et signé en qualifiant le leader du Muvman Liberater de « Coward », expression jugée « Unparliamentary » par le Speaker.
Devant la tournure des événements, l’opposition, notamment les députés du Labour, du MMM et du PMSD, a effectué un Walk-Out au cri « Mil fwa Maya! ». Ces échanges en début de séance ont été marqués par « Shoutings » en série, en passe de devenir le Speaker’s Hallmark. De ce fait, la séance d’hier, qui devait voir le leader de l’opposition acculant le ministre des Services financiers, Mahen Seeruttun, sur l’inclusion de Maurice sur la « Grey List » de la Financial Action Task Force (FATF) sous forme de Private Notice Question (PNQ) être transformée en un « One Way Service » avec des discours des membres de la majorité sur le discours-programme du gouvernement de L’Alliance Morisien.
D’entrée de jeu, le Speaker devait faire état d’une Privileged Complaint formulée par le Deputy Prime Minister et ministre des Utilités publiques en date du 24 janvier dernier. Ivan Collendavelloo devait soutenir que l’huissier Samtally aurait commis un outrage aux dispositions de la National Assembly Privileges and Immunities Act, en particulier la section 6 (1)(t). En effet, cet auxiliaire de la justice avait servi la pétition contestant l’élection d’Ivan Collendavelloo au No 19 et le Judge’s Order dans l’enceinte du Parlement le 2 décembre de l’année dernière.
Sur la base de cette plainte du leader du Muvman Liberater et après avoir consulté les documents officiels relatifs au service de cette pétition contre Ivan Collendavelloo, le Speaker est parvenu à la conclusion qu’il y avait matière à enclencher des procédures établies pour soumettre cette affaire à l’attention du DPP pour les mesures correctives nécessaires.
Collendavelloo : Mr Speaker, in the light of your ruling…
Shakeel Mohamed (intervenant pour objecter à la démarche): On a point of order, the Honourable DPM cannot do that…. The matter (la pétition électorale) is subjudice. It is before the Court. It must be raised there. It’s a live issue…
Le Speaker tente d’interrompre le député travailliste, qui rétorque que « he should sit down ».
Speaker (à l’adresse de Shakeel Mohamed) : Can the Honourable Member sit down? Il y a une motion devant la Chambre. Ceux qui ne sont pas d’accord peuvent saisir la Cour suprême…
Le ton monte d’un cran entre la présidence et l’opposition, le Speaker Sooroojdev Phokeer répétant : « you have no right to speak from a sitting position ».
Shakeel Mohamed : Don’t shout at me…
Speaker (sur un ton plus élevé) : You have no right… You are usurping the right of the House…
Reza Uteem : On a point of order, you mentioned the 2nd December 2019. You’ve checked the records. I seek your guidance, at what time was the service done?
Speaker : This is not a point of order. The point of order should come from the Standing Orders. (Le brouhaha au sein de l’hémicycle gagne en intensité.) I’m on my feet. You can’t shout…
Bancs de l’opposition (à l’adresse du Speaker): You are shouting…
Speaker : You are shouting also… (Il répète en pas moins de cinq occasions « No Question »). Allez-y, le Premier ministre adjoint…
La reprise de l’intervention d’Ivan Collendavelloo sur sa motion d’outrage est noyée par le brouhaha, le Speaker répétant en cinq occasions: « Order please! »
Speaker : Don’t shout, Honourable Bhagwan. You shout down…
Pendant les échanges, le député Shakeel Mohamed utilise le mot « Coward » à l’encontre d’Ivan Collendavelloo, qui continue de tenter à faire entendre sa voix.
Speaker : Honourable Shakeel Mohamed, can you withdraw the word « coward »? You withdraw the word « coward »…
Shakeel Mohamed : I say…
Speaker : No explanation. This is the ‘Standing Orders’, please…
Shakeel Mohamed (en direction d’Ivan Collendavelloo) : Kapon! Kapon!
Speaker : You withdraw the word…
Shakeel Mohamed : Let me…
Speaker (d’un ton péremptoire) : No. This is not a word to be used in Parliament.
Shakeel Mohamed : Allow me to say what he has done…
Speaker : You sit down. Vous avez à vous rétracter…
Shakeel Mohamed : I say again…
Speaker : No explanation. You withdraw the word « coward ».
Shakeel Mohamed : I withdraw the word « coward ».
Mais à peine quelques secondes écoulées, la controverse reprend autour du mot « Cowardly ». Le Speaker reprend le député travailliste pour lui demander de retirer le mot « Cowardly ». « I withdraw the word ‘coward’ but not ‘cowardly' », répondra le Whip. Comme il refusait de retirer le terme ‘cowardly’ Shakeel Mohamed a été ordonné « to withdraw from the Chamber ».
Bancs du GM : Deor! Deor!
Arvin Boolell tente d’intervenir sur un Point of Order en soulignant que « this House is the Temple of Democracy ». Mais très vite, Sooroojdev Phokeer décide que c’en est pas un. Le député Patrick Assirvaden a tenté en vain d’intervenir à cette étape des échanges.
Speaker : This is not a point of order. Please sit down. Don’t show me fingers. You are being disrespectful to the Chair. You are challenging the authority of the Chair. You withdraw from the House. (Le Speaker répètera cet ordre à sept reprises au moins.) One time, second time and third time. I’m naming you. Sergeant-at-arms, get ready!
Cette dernière phrase suscite l’hilarité au sein de l’hémicycle, même dans les travées de la majorité. Au même moment, le Sergeant-at-Arms et d’autres policiers, affectés au service d’ordre à l’Assemblée, font leur entrée au sein de l’hémicycle pour inviter le leader de l’opposition à partir. Sur ce, les députés de l’opposition décident d’effectuer un Walk-Out en lançant presque unanimement « Mil fwa Maya! ».
Après le départ de l’opposition, le Deputy Prime Minister devait pouvoir compléter sa motion pour que le DPP soit saisi de cette affaire d’outrage à l’Assemblée nationale contre l’huissier, qui lui avait servi la pétition contre son élection lors du scrutin du 7 novembre de l’année dernière. Cette motion avait été secondée par le Premier ministre.
Pour conclure ces incidents, Pravind Jugnauth, s’appuyant sur le « Naming » du leader de l’opposition, devait présenter une motion quant à la suspension de ce dernier pour les deux prochaines séances parlementaires. Cette motion fut adoptée par les parlementaires de la majorité.
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Les travaux ajournés à lundi
En début de soirée d’hier, les travaux de l’Assemblée nationale ont été ajournés à lundi prochain. Les intervenants au discours-programme étaient Kavi Doolub, les ministres Bobby Hurreeram et Stephan Toussaint, Joanne Tour et Sandra Mayotte, tous de la majorité gouvernementale.
De son côté, le Premier ministre, Pravind Jugnauth, est intervenu lors du Statement Time pour faire le point sur le dossier des Chagos.

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