ASSEMBLÉE NATIONALE : La PQ sur le FS Manraj fait monter la tension

La Speaker de l’Assemblée nationale Maya Hanoomanjee, n’a pas eu la partie facile avec le Question Time du jour. La Parliamentary Question du député Adil Ameer Meea, sur les conditions de service et les salaires du secrétaire financier, Dev Manraj, a fait monter la tension avec le scénario d’expulsion, cette fois-ci, contre le député du MMM, Rajesh Bhagwan, mis à exécution. Le député du MMM, qui a refusé d’obtempérer aux directives de Maya Hanoomanjee, qu’il a accusée de vouloir « protect the Prime Minister », a été expulsé et devant le refus du premier nommé d’évacuer son siège, la Speaker n’a eu d’autre choix que de lever la séance des travaux parlementaires à peine le Question Time entamé. A la reprise de la séance vers 13 heures 30, suite à des tractations dans les couloirs, le Premier ministre est intervenu pour retirer ses propos à l’encontre de l’opposition, notamment Rajesh Bhagwan. Ce dernier est également intervenu pour dire «I withdraw» et l’incident de la PMQT sur la première PQ à l’agenda était clos et la séance suspendue de nouveau pour le déjeuner.
Pour signer son retour au sein de l’hémicycle, Xavier-Luc Duval avait soulevé précédemment le fléau social de la violence domestique, dont le coût à l’économie est évalué à quelque Rs 2 milliards annuellement. C’est ce que révèle une étude entreprise par l’Université de Maurice et validée en avril de cette année. C’est ce qu’a répondu la ministre de l’Égalité des Genres, Fazila Daureeawoo. Le ton adopté lors des échanges sur la PNQ était des plus mesurés mais le leader de l’opposition sera pris de court par la tactique employée par la Speaker. Sans aucun avertissement, avec au moins « one last supplementary question », Maya Hanoomanjee devait mettre fin abruptement à la PNQ en déclarant: « Time is over ». Xavier-Luc Duval n’avait, semble-t-il, pas épuisé ses interpellations supplémentaires.
Xavier-Luc Duval n’avait d’autre choix que de regagner sa place car la Speaker devait affirmer que la ministre n’avait épuisé que dix des trente minutes allouées à la PNQ. Mais le plus dur allait être d’enchaîner avec le Prime Minister’s Question Time, plus particulièrement la première PQ portant sur les salaires, conditions de service et les missions du secrétaire financier, Dev Manraj. D’entrée de jeu, l’auteur de la PQ, le député du MMM Adil Ameer Meea, devait protester énergiquement contre le fait que la teneur de son interpellation avait été interpellée. Initialement, il devait recourir à un Point of Order pour consigner ses protestations. Cependant, la Speaker devait se montrer intraitable en avançant que ce n’était nullement un Point of Order aux termes des Standing Orders.
Le député Meea ne devait pas s’avouer pour autant vaincu. Il allait revenir à la charge avec un Point of Personal Explanation. Nouveau rejet de la démarche par la présidence de l’Assemblée nationale. Le député, qui devait déposer sur la table de l’Assemblée nationale une copie de la PQ, fut invité par Maya Hanoomanjee pour un échange de vues au Speaker’s Office pendant le break.
Répondant à la PQ, le Premier ministre Pravind Jugnauth devait révéler que Dev Manraj touche Rs 174 000 par mois au total. Il a ajouté que pour les autres parties de la réponse, un document a été déposé sur la table de l’Assemblée nationale. Les députés du MMM devaient protester contre le fait que le Premier ministre n’avait pas répondu à la PQ comme il faut. En guise de protestation, le député Meea ne devait plus poursuivre avec des interpellations supplémentaires vu que Pravind Jugnauth a refusé d’y répondre.
« Zorey pa bon…»
La tension était déjà montée d’un cran au sein de l’hémicycle, Pravind Jugnauth tentant d’intervenir pour répondre à l’opposition. Néanmoins, il fut stoppé par la Speaker en dépit de ses protestations selon lesquelles « Madam Speaker, these members are doing allegations saying that I don’t want to answer, then I will answer ».
La Speaker arrivait difficilement à maintenir le décorum de la Chambre avec du brouhaha de part et d’autre et  les parlementaires du MMM critiquant le Premier ministre. A ce moment, Pravind Jugnauth devait répondre à l’égard de Rajesh Bhagwan et Adil Ameer Meeah « Zorey pa bon ale fer soigne. You need an expert to unblock this…. »
Mais les protestations allaient monter crescendo, Maya Hanoomanjee prenant ombrage contre le fait que le député Bhagwan l’avait vertement accusé de vouloir « protéger le Premier ministre ».
En pas moins de quatre reprises, elle avait voulu s’adresser au député Bhagwan mais celui-ci ne l’entendait pas de cette oreille. Finalement, elle avait pu demander au député du MMM de se rétracter quant à ses accusations à l’encontre de la présidence de l’Assemblée nationale. À un moment, la Speaker devait soutenir à l’adresse des rangs du gouvernement : « Don’t provoke, I’ll deal with the other side ».
Face à la demande de Maya Hanoomanjee à ce qu’il retire ses propos, Rajesh Bhagwan devait déclarer à l’égard de la première. « I maintain, you are protecting the Prime Minister ». Et la messe était dite.
Speaker : Are you prepared to accept to withdraw these words ?
Bhagwan : No!
Speaker : Unless you withdraw those words… I give you a chance to withdraw. This is very outrageous. I can’t accept this Honourable Bhagwan. I won’t accept. I don’t have any other alternative; I have tried my best to keep you in this house. I am asking you to withdraw from the House.
Bérenger (d’un ton rageur): Shame on you!
Speaker (en levant la séance) : I order you out.
En début de séance, le leader de l’opposition avait soulevé le fléau de la violence domestique par voie de PNQ.
Fazila Daureeawoo : Je remercie l’honorable leader de l’opposition d’avoir posé cette PNQ car cela me donne l’occasion de mettre en lumière les mesures prises par mon ministère. Nous ne pouvons nier que la violence domestique est un problème sérieux dans la société mauricienne. Il y a diverses causes de violence domestique, dont des conflits entre partenaires et époux, des problèmes financiers et même des abus de substances. Alors que les cas enregistrés au niveau du ministère reçoivent le soutien complet de mes officiers, il demeure un fait qu’il est nécessaire de briser le tabou autour de ce problème et d’encourager les victimes à venir de l’avant pour en parler. Il existe un cadre légal, The Protection from Domestic Violence Act, loi qui a été renforcée en 2016 et qui fait provision pour un meilleur encadrement et soutien aux victimes. Une loi ne peut être vraiment utile que si elle est soutenue par d’autres mesures. Il nous faut prendre connaissance du problème existant d’abord.
Un cas de violence domestique ?chaque semaine
Selon un rapport publié par l’Université de Maurice sur la violence entre partenaires intimes, dont les conclusions ont été validées en mai dernier, une victime vit un épisode de violence domestique chaque un à huit jours. Les femmes subissent en silence sans aucun réseau de soutien comme la famille ou les amis. Le nombre de jours non productifs s’étend de trois à quatre jours pour une femme victime en moyenne. Selon l’étude, le fardeau économique de la violence domestique sous forme économique, psychologique et d’abus sexuel est estimé à Rs 2 milliards. Mon ministère est en train de finaliser un plan d’action axé entre autres sur la prévention et le renforcement du Capacity Building des partenaires concernés.
S’agissant de la première partie de la question, du 1er décembre 2016 à ce jour, il y a eu 3 250 cas rapportés à la police et 1 616 cas rapportés aux six Family Support Bureau sous la tutelle du ministère. Pour la même période, 382 personnes ont été déclarées coupables. De janvier 2015 à décembre 2015, 1 626 cas de violence domestique ont été rapportés au ministère et de janvier 2016 à décembre 2016, 2 709 cas ont été enregistrés. De plus, 16 personnes ont été arrêtées sous la Protection from Domestic Violence Act. De décembre 2016 à ce jour, il n’y a eu aucun Occupation and Tenancy Order émis.
Durant la même période, seulement 4 Occupation orders ont été émis suivant des applications de mon ministère. La plupart des mesures mentionnées dans le Report of the Advisory Committee on Reinforcement of Framework for Protection against Domestic Violence ont été implémentées. Elles concernent des shelters d’urgence additionnels pour les victimes et leurs enfants qui sont opérationnels depuis mai 2017 et une allocation de Rs 400 et de Rs 341 au quotidien versée aux ONG concernées.
Integrated Support Services Centre
À ce jour, 450 officiers de police et 45 magistrats ont été formés pour leur permettre de mieux répondre au problème de violence domestique. La police a émis une lettre au sujet des actions à être prises et des procédures à être suivies pour gérer les cas de violence domestique.
S’agissant des mesures restant dans le Report of the National Coalition against Domestic Violence Committee, celles-ci sont en train d’être implémentées : un Integrated Support Services Centre qui sera bientôt mis sur pied au niveau de mon ministère et qui opérera à travers une hotline et apportera une aide immédiate et des conseils aux victimes. De plus, la technologie mobile sera utilisée pour localiser les victimes. Des spécifications pour ce centre sont en cours de finalisation par mon ministère en collaboration avec le Central Informatics Bureau. Des consultations avec tous les partenaires pour la mise sur pied d’un Observatoire sur le Gender Based Violence se poursuivent. Cet Observatoire aura pour objectifs de comprendre les réalités et l’évolution de la violence domestique à Maurice et de faire des recommandations en vue d’améliorer les services et facilités offerts par les institutions publiques aux victimes.
Outre les mesures mentionnées, mon ministère met en place une série de mesures en vue d’éliminer la violence domestique : un plan d’action est en voie de finalisation par mon ministère en vue d’obtenir une meilleure coordination entre les partenaires concernés par ce problème ; un protocole est en préparation pour promouvoir une collaboration entre les agences pour une meilleure gestion du problème ; une campagne médiatique agressive à travers billboards, posters, télé et la radio est en voie d’être finalisée et sera lancée incessamment. Des consultations se poursuivent avec le commissaire de police pour renforcer nos stratégies et notre collaboration avec la Police Family Protection Unit. Un programme de réhabilitation des auteurs de violence domestique est en préparation en vue de les rendre accountable pour leurs actes et pour qu’ils changent leur comportement pour la sécurité des victimes.

- Publicité -
EN CONTINU

l'édition du jour

- Publicité -