ASSEMBLÉE NATIONALE : Lalit demande l’introduction du kreol comme langue officielle

Le nouveau gouvernement ayant une majorité de trois-quarts, le parti Lalit souhaite qu’un amendement constitutionnel soit proposé pour faire du kreol une langue officielle du Parlement. Il en a fait état hier dans une correspondance adressée au Leader of the House, sir Anerood Jugnauth, et à la Madam Speaker, Maya Hanoomanjee, avec copies à l’Attorney General, Ravi Yerrigadoo, au leader de l’opposition, Paul Bérenger, au chef de file du PTr, Shakeel Mohamed, ainsi qu’à la presse.
« We call on your government, which, together with the OPR, now has a 3/4 majority, to introduce a Bill for a Constitutional amendment at the first sitting of the National Assembly, so that the official languages of the National Assembly become both English, as it is at present, and Mauritian Kreol, while French can still, as it is now, be used for addressing the Chair », écrit Lalit sous la signature de Rada Kistnasamy. Cet amendement proposé à l’article 49 de la Constitution devrait se lire comme suit : « The official language [s] of the Assembly shall be English [and Mauritian Kreol] but any member may address the chair in French. » Lalit pense que si les partis de l’opposition sont approchés en toute sincérité, ils agréeront à cet amendement.
Au niveau de l’aspect pratique, le parti de gauche estime qu’une semaine de formation serait nécessaire pour donner les outils nécessaires aux sténographes. Des personnes-ressources de l’Open University (OU), du Mauritius Institute of Education (MIE), de Ledikasyon Pu Travayer (LPT) ou encore de l’Université de Maurice (UoM) pourraient être sollicitées pour cela. Lalit suggère aussi que l’Attorney General fasse appel à des volontaires, des académiciens, des associations et à la Creole Speaking Union pour une traduction de la Constitution et de l’Erskine May : Parliamentary Practice au cours des six prochains mois, ces deux documents comptant en tout 500 pages. Lalit suggère que la Madam Speaker et le Deputy-Speaker instituent de petits comités de lexicographes maîtrisant l’anglais et le kreol pour édicter le langage acceptable au Parlement. Pour Lalit, ce processus de « décolonisation et d’approfondissement de la démocratie » constituera également « un facteur unificateur de la population ».
Au début de cette correspondance, Lalit énumère une série de raisons motivant cette proposition, notamment la décision de l’Alliance Lepep de retransmettre en direct les travaux de l’Assemblée nationale. Il souligne aussi que le kreol est la langue du peuple et que, selon un sondage réalisé par Sofres en 2009 pour le compte de LPT, 67% des Mauriciens s’étaient prononcés en faveur de l’introduction du kreol à l’Assemblée nationale, 18% des personnes interrogées s’étant prononcées contre. D’autres raisons évoquées concernent des mesures qui ont déjà été prises dans divers secteurs du pays : l’introduction de l’enseignement du kreol à l’école, qui compte déjà trois cuvées d’élèves ; la formation des transcripteurs de l’Institute for Judicial and Legal Studies au kreol ; la préparation de manuels scolaires par la Kreol Unit du MIE ; l’existence de dictionnaires et de livres de grammaire ; les « modules » de kreol à l’UoM et à l’OU pour des étudiants de licence ; des travaux de fond réalisés par des linguistes pour apporter un éclairage sur le kreol que nous utilisons déjà de manière naturelle ; la codification de la langue pour une graphie nationale ; la croissance de la littérature kreol ; et l’obtention du prix Unesco Linguapax par LPT pour son travail dans le cadre de la promotion de la langue maternelle.

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