Assemblée nationale — Le ministre Padayachy : 
 « Maurice sur la black list, un problème national, mais pas un d’ordre politique »

— L’impact des effets du ralentissement économique découlant de la COVID-19 sur la balance des paiements estimé à Rs 40 milliards (un milliard de dollars US)

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— Le leader de l’opposition s’interroge si le ministre des Finances est en train de vendre des rêves sur la question de Maurice dans la « list of high risk third countries » de la Commission européenne

La décision annoncée par la Commission européenne visant à inclure à partir du 1er octobre Maurice sur la black list de high risk third countries a fait l’objet d’une nouvelle Private Notice Question (PNQ) du leader de l’opposition, Arvin Boolell, en moins de 48 heures. Comme pour situer la gravité des conséquences de cette mesure sur Maurice et en particulier sur le global business sector. De son côté, le ministre des Finances, Renganaden Padayachy, a soutenu que « cette affaire relève d’un problème d’ordre national et pas un problème politique », et a sollicité « un effort de l’opposition pour trouver une solution à ce problème au lieu de glousser ». Il a déclaré que l’impact des répercussions de la COVID-19 sur l’économie, notamment le ralentissement, serait de l’ordre de Rs 40 milliards, soit un milliard de dollars américains, au niveau de la balance des paiements. De son côté, le leader de l’opposition, Arvin Boolell, a trouvé que « the minister is selling dream » sur cette question de liste noire de la Commission européenne.

Les échanges sur la PNQ portant sur les conséquences au niveau de la balance des paiements avec la baisse dans les recettes touristiques, dans celles des exportations et des désinvestissements sur la Bourse de Maurice et le « negative impact on external capital flows » ont vu initialement le Grand Argentier s’engager dans un cours d’économie de base. Le Speaker de l’Assemblée nationale, Sooroojdev Phokeer, a dû suspendre la séance pendant une dizaine de minutes suite à de dérapages verbaux impliquant le Whip de l’opposition, Shakeel Mohamed, et le Premier ministre, Pravind Jugnauth.

« COVID-19 aura un impact énorme sur l’économie. Dans le pire des cas, la décroissance est estimée à 11%. Ce n’est pas réjouissant de ma part de venir annoncer cela. Nous allons travailler avec la même vigueur pour éviter que Maurice ne soit incluse sur cette liste de l’Union européenne. On doit travailler. Il y a l’effort de tout un chacun. Un effort de la part de l’opposition au lieu de glousser. C’est un problème d’ordre national, mais pas un problème politique. Je suis outré de la réaction de la part de l’opposition. Si ce n’est pas de l’antipatriotisme, c’est quoi ? » s’est demandé en substance le ministre des Finances à une interpellation supplémentaire du leader de l’opposition.

Auparavant, Renganaden Padayachy avait soutenu que « la décision d’inclure Maurice sur la liste de la Commission européenne n’est pas effective et devra être doublement validée par le Parlement et le Conseil européens. La liste n’est pas encore effective. On a le temps pour travailler pour sortir de cette liste. Il faudra attendre le 1er octobre prochain pour voir de quoi il en retourne. Entre-temps, nous allons travailler pour ne pas être sur cette liste à cette date du 1er octobre ». Il a annoncé que le Premier ministre, Pravind Jugnauth, le ministre des Services financiers, Mahen Seeruttun, et le ministre des Affaires étrangères, Nando Bodha, travaillent de concert pour éviter de faire partie de cette liste. Il a ajouté que dans le passé, Maurice est parvenue à gérer de problèmes similaires avec l’OCDE et l’Union européenne.

De son côté, le leader de l’opposition s’est demandé « whether the minister of Finance is selling dreams to the population » sur cette question de liste noire en citant le cas de Trinité-et-Tobago, qui ne fait même pas partie de la Financial Action Task Force Grey List. Il a voulu obtenir en vain la confirmation du ministre des Finances si de janvier à mars de cette année, le niveau des réserves à la Banque de Maurice a baissé de 600 millions de dollars américains.

Dans sa réponse liminaire, le ministre des Finances a fait comprendre qu’à la fin de 2014, les réserves officielles se montaient à Rs 124,3 milliards (3,9 milliards de dollars), représentant une couverture de six mois et demi d’importations de biens et de services. « À la fin du mois d’avril dernier, les réserves ont plus que doublé pour atteindre Rs 280,6 milliards (7 milliards de dollars), soit une couverture de 12,8 mois d’importations de biens et de services », a-t-il dit en ajoutant que « cette augmentation, elle n’est pas tombée du ciel, bien au contraire. Elle découle d’une stratégie d’anticipation visant à construire la résilience économique de notre pays pour se prémunir de chocs exogènes. »

Renganaden Padayachy est revenu sur l’état de la situation au niveau des banques commerciales, avec la fin de mars 2020, le niveau des actifs en devises étrangères de Rs 780 milliards alors que les actifs nets en devises étrangères auprès des banques commerciales se montaient à quelque Rs 400 milliards, soit 10 milliards de dollars.

Du côté de la Bourse depuis le début de l’année, des investissements de portefeuilles étrangers de l’ordre de Rs 713 millions avec « le FDI, dans un contexte particulièrement difficile, les entrées sont estimées à plus de Rs 3 milliards pour le premier trimestre 2020. »

Renganaden Padayachy, qui a rappelé les prises de positions d’anciens ministres des Finances du Parti Travailliste sur la pertinence des mesures face à la pandémie sans commune mesure, a soutenu qu’« il est crucial que les membres de l’opposition comprennent, et cessent une fois pour toutes de vouloir semer la panique, que Maurice détient, à ce jour et au total l’équivalent de Rs 1 000 milliards de roupies en devises étrangères. »

En guise de flèche du Parthe à l’encontre de Reza Uteem, qui avait demandé au ministre de « stop behaving as being the First Deputy Governor of the Bank of Mauritius », portant préjudice à l’indépendance de la Banque centrale, le Grand Argentier a pris l’engagement de rendre publique la correspondance officielle de la Banque de Maurice portant sur « une demande d’élargissement de ces compétences afin d’investir dans l’économie locale certains fonds investis à l’étranger et actuellement soumis à de possibles rendements négatifs. » « Ce sera fait une fois les textes de loi adoptés », a-t-il fait conclu.

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