Assemblée nationale—Le vendredi de Nando Bodha

C’était le vendredi noir de Nando Bodha. Entre la Private Notice Question de Xavier Duval sur le Metro Express, l’évocation de gros inconvénients provoqués par ce chantier à l’ajournement des travaux par Rajesh Bhagwan et l’intervention en fin de séance de Soodesh Rughoobur sur la route de contournement Grand Baie-Pereybère-Anse la Raie, le ministre des Infrastructures publiques a eu fort à faire à cette séance et, ironie, c’est à l’adresse de son propre collègue qu’il a haussé le ton en se disant « saddened and shocked » que des contre-vérités soient ainsi débitées.

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Cette séance de vendredi a commencé avec la PNQ du leader de l’opposition sur le volet environnemental du projet Metro Express, exempté d’un Environnement Impact Assessment, mais Xavier Duval voulait néanmoins obtenir copie du rapport fait par Singapore Corporation Enterprise pour limiter les atteintes à l’environnent. Le ministre a expliqué que ce rapport est volumineux et qu’il déposait un executive summary. Lequel a statué que les dommages seraient limités. Dans sa réponse liminaire, Nando Bodha a tenu à souligner que sur les 32 chantiers parallèles qui se déroulent en marge du projet Metro Express, il y a eu seulement deux incidents, celui des conduits d’eau anciens et contenant de l’amiante qui ont dû être remplacés, mais ce qui a provoqué une rupture de la fourniture d’eau et, celui plus récent, de la fuite d’une canalisation de tout-à-l’égout.

Lors de l’exercice des questions supplémentaires, Xavier Duval a dénoncé plusieurs problèmes, le communiqué du ministère de la Santé toujours en vigueur invitant les habitants de la région de Vandermeersch à bouillir l’eau du robinet avant de la consommer, la certification chimique de la qualité de cette eau, l’élimination du canal anglais qui traversait la promenade Roland Armand et qui pourrait causer des inondations dans les habitations alentour pendant la saison des pluies d’été.

Le ministre s’est contenté de répéter que le travail de suivi est constant et que plusieurs organismes sont mobilisés au quotidien pour veiller que les habitants des environs de la rue Vandermeersch ne soient pas incommodés. S’agissant des travaux dans la région de Barkly, connue pour être un cul-de-sac, Nando Bodha a dit qu’ils auront ceci de bien qu’ils ouvriront une voie d’accès à Richelieu. Le leader de l’opposition n’a pas semblé convaincu par les explications du ministre et lui a lancé qu’il serait éventuellement l’objet de poursuites judiciaires de la part des personnes lésées et incommodées par les travaux du Metro Express.

Nando Bodha sera également sollicité à l’ajournement des travaux avec la toute première intervention, celle du député du MMM du N°20, sur les récents problèmes de fuite de conduits de tout-à-l’égout qui ont considérablement affecté non seulement les résidents de la région, mais aussi les petits commerces qui s’y trouvent. Si Rajesh Bhagwan a réclamé des mesures plus soutenues pour limiter les inconvénients causés par les travaux du Metro Express, il a aussi plaidé pour que le responsable du chantier accorde une forme de compensation à ceux qui sont en train de perdre du chiffre d’affaires à l’approche des fêtes de fin d’année. Nando Bodha a invité les commerçants lésés à réclamer des dommages auprès de Larsen & Toubro.

Quant au plaidoyer de Soodesh Rughoobur pour que l’alignement de la route de contournement Grand Baie–Anse la Raie soit revu, la réaction du ministre Bodha suite à l’intervention de son collègue du MSM a été très vive. Le ministre des Infrastructures publiques, tout en concédant qu’il y aura bel et bien des arbres qui seront abattus, a assuré qu’ils seront remplacés au quadruple, avant de dénoncer les mensonges débités par ceux qui contestent ce projet en affirmant que l’accès à la plage publique sera maintenu et que lui-même ne possède pas de résidence à proximité de la route projetée comme le veulent faire accroire ses détracteurs. La réplique ferme de Nando Bodha a d’ailleurs suscité des applaudissements nourris de ses collègues de la majorité.

Le seul texte examiné ce vendredi après-midi était le The Radiation Safety and Nuclear Security Bill. La présentation par Ivan Collendavelloo a été plutôt technique, l’accent étant mis sur la nécessité pour Maurice, après une première loi introduite en 2003, de se mettre en conformité avec les traités internationaux qui préconisent l’encadrement de l’utilisation du nucléaire notamment dans le domaine médical. L’auteur du texte a néanmoins profité pour dérider l’atmosphère, peu captivée par cette législation spécialisée, en rappelant qu’au début des années 1990, sir Anerood Jugnauth avait montré qu’il était très concerné par la question du désarmement nucléaire et qu’il s’était même offert les services d’un conseiller en désarmement.

Hémicycle clairsemé pour Ravi Rutnah

C’est historiquement fondé et ce conseiller en désarmement n’était autre que Paul Bérenger, qui avait occupé cette fonction à titre bénévole pendant quelques mois, jusqu’aux élections de septembre 1991. Toujours est-il que ce rappel a suscité quelques réactions amusées dans l’hémicycle. Le premier intervenant sur ce texte a été Rajesh Bhagwan, l’ancien ministre de l’Environnement, qui a dit bien accueillir un texte qui, finalement, s’imposait du fait des engagements pris par le pays, mais il a néanmoins regretté que des représentants du Mauritius Research Council, de l’université de Maurice ou même le Commissaire de Police ne soient pas sur le conseil.

Se sont succédé ensuite à la tribune Zouberr Joomaye, Arvin Boolell, Ravi Rutnah qui est intervenu après la pause thé devant un hémicycle clairsemé, Danielle Selvon qui a demandé que le port soit interdit aux navires à propulsion nucléaire, Anwar Husnoo, qui s’est appesanti sur le recours au nucléaire dans le secteur médical et Raj Dayal qui a profité pour parler de lui-même. Raffick Sorefan a lui aussi évoqué le secteur qui lui est familier, la dentisterie, qui est aussi utilisatrice de composants ionisants. Il a également relevé quelques lacunes dans la loi, comme la manière dont la police sera appelée à manipuler du matériel radioactif et à le garder comme pièce à conviction, ce qui, selon lui, demande formation et encadrement, ou encore l’inadéquation des amendes prévues. Après un bref résumé des débats par le Premier ministre et Premier ministre adjoint, le texte a été voté en troisième lecture.

À l’ajournement des travaux, en sus des problèmes posés par Rajesh Bhagwan sur le chantier du Metro Express et de Soodesh Rughoobur sur le projet de route dans le Nord, il y a eu plusieurs interventions de députés sur d’autres sujets d’actualité. Shakeel Mohamed, le chef de file du PTr, a réclamé des clarifications sur le cas de Shameem Korimbocus, ce Mauricien résidant à Dubaï qui aurait été interrogé et invité à ménager ses commentaires sur Facebook suivant une requête alléguée des autorités mauriciennes. En l’absence du Premier ministre, c’est son adjoint qui a réagi en disant qu’il en a discuté avec le chef du gouvernement, qui a déclaré qu’il n’a aucune preuve que ce qui a été publié à ce sujet est fondé.

Autre intervention remarquée à l’ajournement, celle du député du MMM Aadil Ameer Meea, qui a, photos à l’appui prises le même jour, dénoncé un trafic de stupéfiants qui se fait en plein jour dans la région de la route Cocoterie à Roche-Bois. S’il a reconnu que, suivant des dénonciations, la police a effectué une descente, il a affirmé qu’une fois les forces de l’ordre parties, le trafic a repris de plus belle un peu plus loin dans le même quartier et qu’il faut une présence accrue pour décourager les trafiquants de drogue. Ivan Collendavelloo a invité le député à communiquer les informations dont il dispose au ministre Mentor et à collaborer pleinement pour aider à venir à bout de ce problème.

Mardi prochain—Veda Baloomoody remet l’affaire

Chistopher Perrine sur le tapis

Est-ce que la Constitution sera amendée afin que l’avis que donne la Commission de pourvoi en grâce soit conforme à la section 51 de la Reform Institution Act de 1988 ? C’est le sens de la question qu’adressera Veda Baloomoody au Premier ministre mardi prochain au Question Time. Avec cette question qui était à l’agenda il y a 15 jours mais qui était trop loin sur l’agenda pour être prise, le député du MMM l’avait retirée pour l’inscrire à nouveau dans le but d’avoir des réponses orales et réagir avec des questions supplémentaires.

Avec cette question, Veda Baloomoody remet sur le tapis l’affaire Christopher Perrine, ce violeur d’une mineure de 15 ans qui avait été condamné à 18 ans de prison et qui, sur l’intervention du Cardinal Maurice Piat, de l’animateur de Dis-moi, Lindley Couronne, et de l’avocat du prévenu, Erickson Mooneeapillay, auprès de la Commission de pourvoi en grâce, a bénéficié d’une remise de peine après avoir purgé la moitié seulement de sa condamnation. Or, la section 51 de la Reform Institutions Act est formelle : pas de remise de peine pour les violeurs de mineurs et de personnes autrement capables. Il serait en effet intéressant de connaître la position du gouvernement sur cette affaire, lui qui est resté extrêmement silencieux sur celle-ci, alors que la première chose que Christophe Perrine a “réalisée” à sa sortie est d’aller voler chez la Deputy Commissioner of Prisons Gunneeta Aubeeluck et attaquer la fille de celle-ci.

Les autres questions pour le Premier ministre sont du député du PTr Osman Mahomed qui veut savoir si la direction de la SIC envisage la réouverture des casinos de Flic-en-Flac et de Belle Mare, du député indépendant Kavi Ramano sur les honoraires du président et des assesseurs de la commission d’enquête sur la drogue, et s’ils ont déjà été payés. Reza Uteem s’intéresse, lui, à la MauBank et réclame les raisons pour lesquelles le contrat du directeur de cette banque, Sridar Nagarajan, n’a pas été renouvelé. Le député du MMM veut aussi connaître les qualifications et conditions de service de celui qui a été appelés à occuper le poste de directeur suivant le départ du titulaire.

Si c’est le nombre de riggers à l’aviation civile et le projet de complexe sportif à Chebel qui préoccupent les députés du PMSD Thierry Henry et Guito Lepoigneur, Rajesh Bhagwan, lui, interrogera Pravind Jugnauth sur le nombre de pompiers en poste à la Mauritius Ports Authority et qui ont reçu une formation spécialisée sur la liste des projets de la NDU au N°20 et sur la National Insurance Company. Danielle Selvon recherche du Premier ministre les mesures envisagées pour la promotion de la liberté d’expression et de la presse, et Jean-Claude Barbier sur la loi qui régit l’installation de barrière électrique.

Après le fils, le père sir Anerood Jugnauth. Reza Uteem a une question intéressante pour le ministre mentor à qui il demande où en sont les enquêtes policières initiées sur le député du MSM Kalyan Tarolah, notamment les dénonciations de celle qui avait porté plainte pour envoi de photos indécentes depuis l’Assemblée nationale. Également pour SAJ, une question de Shakeel Mohamed sur le volume de drogue saisie depuis janvier 2018, les différents types de narcotiques saisis, leur valeur marchande et le nombre de morts par overdose recensé.

Elles sont où les enquêtes sur Kalyan Tarolah ?

Le même député relance la question de recrutements dans les organismes d’État. Le chef de file du PTr demandera à Soodesh Callychurn de dire en combien d’occasions les services de son ministère ont été sollicités pour fournir des listes de chômeurs enregistrés, si elles avaient été approuvées par le fonctionnaire responsable du dossier et les organismes qui en ont fait la demande et quand. Shakeel Mohamed interrogera aussi le ministre Seeruttun sur la conversion des terres depuis janvier 2015.

Est-ce que le quartier général de la CNT a été transféré à la NG Tower à Ébène ? C’est la question qu’adressera le député travailliste Ritesh Ramful au ministre des Infrastructures. Il réclame les détails suivants : les conditions de l’accord de bail et les procédures pour le choix de cet immeuble. Le député interrogera aussi le ministre Mentor sur la prime à la performance payée aux policiers. Alan Ganoo aura lui aussi une question pour SAJ relative aux cas de mineurs trouvés en possession de petites quantités de drogue et si la loi sera amendée pour qu’ils ne soient pas poursuivis. Le député du Mouvement Patriotique aura également une interpellation sur le directeur de la FSC, ses missions à l’étranger, les personnes qui l’ont accompagné ainsi que les coûts de ces déplacements.

Le même député interrogera Ivan Collendavelloo sur CEB Facilities Ltd, le budget alloué à cette compagnie et si elle est domiciliée dans l’enceinte même du CEB, tandis que Danielle Selvon veut connaître la date à laquelle l’augmentation de la Basic Retirement Pension, récemment annoncée, sera effective et le nombre de policiers du GIPM qui sont décédés en service ou lors d’un entraînement.

Pour les questions polémiques, il y celles de Malini Sewocksingh sur les voyages à l’étranger du président de State Informatics Ltd, les pays visités, le but des déplacements, la durée de ces missions, le coût des billets avion et celui des per diem payés. Sa collègue Aurore Perraud cible pour sa part la commission nationale des droits humains, les psychologues scolaires, les maisons de retraite et la criminalisation du viol conjugal.

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