Assemblée Nationale — PNQ : XLD fait le procès de Poly Technologies de RPC

Le leader de l’opposition soutient que cette compagnie, qui lorgne un contrat de Rs 13 milliards dans le logement, n’est autre que la filiale de la People’s Liberation Army, engagée dans le trafic d’armes sur le plan international

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La Private Notice Question (PNQ) du leader de l’opposition, Xavier-Luc Duval, sur le projet visant à allouer un contrat de Rs 13 milliards pour la construction de quelque 6 800 unités de logement, a donné lieu à des échanges surchauffés avec le Premier ministre, Pravind Jugnauth. Se basant sur des antécédents de Poly Technologies de la République populaire de Chine, présentée comme la filiale de la People’s Liberation Army et engagée dans le trafic d’armes, il a fait le procès de cette société chinoise, qui a déjà signé un Memorandum of Understanding avec la SBM (Mauritius) Infrastructure Development Company Ltd en date du 7 juin dernier, et a soutenu que c’est le dernier des opérateurs à être autorisé dans le Global Business Sector. Le ton est monté d’un cran quand le leader de l’opposition a attaqué le gouvernement sur le bilan en matière de construction de logements sociaux depuis les dernières élections générales.

Au tout début de la PNQ, Xavier-Luc Duval a accusé le gouvernement de recourir à un Memorandum of Understanding, dont les dispositions ne pourront être rendues sans l’accord des Chinois, pour contourner le Public Procurement Act et allouer d’importants contrats sans transparence aucune. Ensuite, il s’est attardé sur le fait que Poly Technologies, incorporée en République populaire de Chine, a déjà été sanctionnée par les États-Unis pour avoir enfreint les sanctions d’approvisionnement en armes en Iran, en Corée du Nord et en Syrie. Il fait état des accusations de financement de crimes et de terrorisme en la République Centrafricaine, des allégations de corruption de 700 000 dollars avec annulation d’un contrat d’armes en Namibie ou encore une fraude Rs 13 milliards sur des œuvres d’art en République Populaire de Chine.

Pour sa part, le Premier ministre a fait comprendre qu’il compte transmettre ces allégations à l’ambassadeur chinois en poste à Maurice. Il a maintenu qu’à ce jour, aucun accord n’a été signé avec Poly Technologies et que le Memorandum of Understanding n’est pas “Binding”. Il a avancé que l’objectif du gouvernement est de construire 6 800 logements sociaux au cours des deux prochaines années et que cela n’a rien à faire avec des transactions d’armes.
La PNQ du leader de l’opposition avait pour but de demander au Premier ministre de dire si, en ce qui concerne Poly Technologies Incorporated, de Chine, il peut : 1) indiquer les dates auxquelles il a rencontré son vice-président et d’autres représentants, en précisant les objectifs de celui-ci; 2) indiquer les projets et les investissements envisagés par la société à Maurice, là encore en donnant des détails; et 3) pour le bénéfice de la Chambre, obtenir a) une copie de tout accord signé entre ladite société et la SBM (Maurice) Infrastructure Development Company Ltd, en indiquant les progrès accomplis à ce jour; et b) donner des détails sur tous les autres accords signés entre les sociétés et toute autre entité à Maurice.

Le Premier ministre, Pravind Jugnauth, a expliqué que lors d’une mission de promotion en Chine, en août de l’année dernière, une délégation du BoI avait rencontré les dirigeants du groupe Poly Technologies Incorporated. Cette dernière avait alors manifesté son intérêt dans le secteur immobilier et sur la possibilité d’ouvrir un “general headquarters” à Maurice pour des investissements en Afrique.

Par la suite, une délégation de Poly Technologies a effectué une visite à Maurice en avril dernier, et ce à l’invitation du BoI. Il a ainsi eu l’occasion de rencontrer le vice-président de la compagnie le 10 avril. La Poly Technologies Incorporated ayant manifesté son intérêt dans la construction de logements sociaux, un accord de principe a été signé le 7 juin avec la SBM (Mauritius) Infrastructure Development Company Ltd. « L’accord n’est toutefois pas “binding” et les négociations se poursuivent ».

Interrogé par Xavier-Luc Duval, le Premier ministre a indiqué qu’à la suite des réunions que la compagnie a eues avec le BoI en Chine, la compagnie chinoise a manifesté son intérêt pour la construction de logements sociaux. Par la suite elle a écrit au BoI dans le but de faire un suivi de la rencontre qui avait eu lieu en Chine et avait souhaité organiser une rencontre à Maurice pour poursuivre le suivi. La délégation est donc revenue à Maurice et a rencontré le Premier ministre, à la demande de l’ambassadeur de Chine.
Le leader de l’opposition a ensuite voulu savoir si le Premier ministre était au courant que la compagnie était le principal fournisseur d’armes de la République Populaire de Chine.
« Tout ce qui m’intéresse, c’est la construction de logements sociaux », a répondu le PM.

Le leader de l’opposition a ensuite souhaité obtenir une copie de l’accord qui a été conclu. Le Premier ministre a alors cité une clause du contrat, précisant que le document doit rester secret. « Comment se fait-il qu’un accord portant sur un projet estimé à Rs 30 M doive rester secret ? » a rétorqué Xavier-Luc Duval. Alors que ce dernier insistait sur l’importance de rendre public le document, le Premier ministre a alors lancé : « J’espère que vous n’êtes pas en train de m’accuser d’être impliqué dans une affaire de corruption ? ». Il a par la suite annoncé que les discussions avec le gouvernement chinois « se poursuivent ».

Le ton est monté entre le Premier ministre et le leader de l’opposition lorsque ce dernier a mis en doute la capacité du gouvernement à construire 6 800 logements sociaux. Ce qui a amené le Premier ministre à dire qu’entre 2004 et 2014, 2 496 maisons avaient été construites, « contre 2 701 de 2015 à ce jour ». Et le leader de l’opposition d’accuser ensuite le Premier ministre de ne pas répondre à sa question.

À la question de savoir si un exercice de “due diligence” a été effectué avant la signature du MoU, le Premier ministre a répondu positivement. Le leader de l’opposition a alors cité le cas où les Etats-Unis avaient suspendu les transactions avec la compagnie chinoise pour avoir vendu des armes à deux pays frappés de sanctions. Pravind Jugnauth a lui aussi cité ce cas, indiquant que l’interdiction contre la compagnie chinoise avait été levée. Xavier-Luc Duval a alors cité un autre cas, en Namibie cette fois, où la compagnie chinoise avait été accusée de corruption pour un montant de USD 700 000. Et le Premier ministre de répondre que son gouvernement « n’est pas intéressé par la vente d’armes mais par la construction de logements sociaux ».

Répondant toujours à d’autres questions de Xavier-Luc Duval, Pravind Jugnauth a expliqué qu’avant de traiter avec la compagnie chinoise, il avait demandé conseil auprès de l’ambassadeur chinois, lequel lui avait « fortement recommandé » la compagnie. Et d’affirmer qu’il compte par conséquent évoquer avec ce dernier les accusations du leader de l’opposition. Les échanges ont pris fin après que le leader de l’opposition a fait comprendre que la compagnie chinoise est « exactement le genre de compagnies qu’on ne peut se permettre d’avoir dans le secteur du service financier » mauricien.

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