ASSEMBLÉE NATIONALE – Ruling de la Speaker : Expulsion de l’opposition et suspension pour Shakeel Mohamed

– Présentation du budget 2019/20 le lundi 10 juin prochain à 16 heures

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Les débats parlementaires ont été marqués hier par l’expulsion de l’ensemble de l’opposition du Parlement. De son côté, le chef de file du Labour, Shakeel Mohamed a été suspendu pour trois séances. Les travaux parlementaires ont été ajournés au lundi 10 juin prochain, où à 16h débutera la présentation du dernier budget du gouvernement actuel par le Premier ministre et ministre des Finances, Pravind Jugnauth.

La situation au Parlement s’est envenimée hier soir alors que Shakeel Mohamed terminait son intervention sur l’Anti-Money Laundering and Combatting the Financing of Terrorism et le Proliferation (Miscellaneous Provisions) Bill 2019 et l’United Nations (Financial Prohibitions, Arms Embargo and Travel Ban) Sanctions Bill 2019, lesquels avaient été présentés par le Premier ministre suppléant, Ivan Collendavelloo.

Shakeel Mohamed a présenté des arguments d’ordre légal et constitutionnel pour soutenir son opinion à l’effet que certaines provisions du texte de loi, notamment l’opacité dans lequel le comité, composé de fonctionnaires, pouvait arriver à la conclusion qu’une personne est une “designated party”, n’étaient pas conforme à un “a modern way of governing a country”. C’est alors qu’il a décoché une remarque à l’encontre d’Anil Gayan, qui était intervenu avant lui pour avancer : « What they are going to do to justify as Anil Gayan always love doing. Last time he did it was attacking Pakistan. Today he di dit again attacking Pakistan… »

Cette remarque a provoqué une réaction immédiate de la Speaker, Maya Hanoomanjee, qui a lancé « no, no, no » alors qu’Anil Gayan a demandé d’intervenir sur un “point of order”. « I’m not giving way », a lancé Shakeel Mohamed. La Speaker lui a demandé de s’asseoir alors qu’Anil Gayan expliquait que le député du PTr « is misleading the House because I never attacked Pakistan ».

Protestation de Shakeel Mohamed qui considérait que « ce n’était pas un “point of order” ». C’est alors que la Speaker est intervenue pour affirmer que c’était un “point of clarification”.

Devant la protestation de Shakeel Mohamed, elle lui a lancé : « You can’t argue with the chair. » Et au député d’ajouter : « You are siding with him. »

La Speaker lui a alors demandé de retirer cette déclaration. « I’m not withdrawing these words » a dit Shakeel Mohamed. « Then I order you out », a-t-elle ordonné. En ramassant ses affaires, Shakeel Mohamed a continué de dire que la Speaker « is taking side ». Celle-ci l’a averti que « si vous continuez à le dire, ma sanction sera plus sévère ». Ce à quoi le député a répondu « I am surprised ». À la Speaker d’ajouter : « Should I take sanction ? » C’est alors que Shakeel Mohamed a lancé « You are sovereign » avant que la Speaker affirme « I’m naming you ».

La séance a alors été suspendue afin que la Speaker se penche sur la mise en place des peocédures de Naming au terme des Standing Orders.

À la reprise, le Premier ministre suppléant a demandé l’autorisation de présenter une motion sans avis préalable pour demander que Shakeel Mohamed soit suspendu pour trois séances parlementaires. Le vote sur cette motion a été accueilli par le cri « shame » lancé par l’ensemble de l’opposition. Ne pouvant rétablir l’ordre, la Speaker a alors expulsé tous les membres du parlement de l’Assemblée nationale pour la soirée.

Les réactions n’ont pas tardé pour résumer les débats sur les deux textes de loi, avec le Premier ministre suppléant, Ivan Collendavelloo, qualifiant l’attitude de Shakeel Mohamed « d’hystérique ». À la presse, Rajesh Bhagwan a affirmé que la déclaration du leader du MMM, Paul Bérenger, « à l’effet que “c’est un parlement de fin de règne” se confirme ». Il a déploré que, plus tôt, des députés de l’opposition « n’aient pas eu la possibilité de poser les questions qu’ils souhaitaient ». Selon lui, la Speaker a « perdu le contrôle » et a agi comme « un bouclier » pour protéger les membres du gouvernement, dont le ministre Anil Gayan.

« Le “point of order” réclamé par Anil Gayan et devenu un “point of clarification” pour la Speaker », déplore-t-il. Et d’ajouter : « C’est ridicule et honteux. » Pour Reza Uteem, la sanction imposée contre Shakeel Mohamed est « beaucoup trop sévère » car ce dernier, qui est le chef de file du PTr, « ne pourra intervenir parmi les premiers orateurs sur le budget ».

Pour Arvin Boolell ce qui s’est passé est « regrettable ». Pour lui, la Speaker a agi par « manque d’expérience » et risque de faire des travaux parlementaires « une moquerie ». Il poursuit : « La Speaker aurait dû gérer la situation autrement. C’est très regrettable. Elle porte l’entière responsabilité de ce qui s’est passé. De mémoire, je pense que c’est la première fois que tous les parlementaires de l’opposition sont expulsés d’un seul coup. »

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