Assemblée nationale – XLD: « Le centre de détention est plus une VIP Guest House »

  • SAJ réfutant une suggestion de Rajesh Bhagwan : « I don’t think why the commissioner of police should be sacked as he has done nothing wrong »

La première Private Notice Question (PNQ) de la série budgétaire du leader de l’opposition, Xavier-Luc Duval, était axée sur la Lutchigadoo Saga, avec un suspect au Vacoas Detention Centre en toute impunité et la connivence de policiers de service le 23 avril dernier. Le mentor Minister, sir Anerood Jugnauth, tout en se contentant de récapituler les principales étapes de ce scandale, qui secoue encore la force policière, s’est également montré intraitable à l’encontre des policiers affectés au Vacoas Detention Centre, qui ont agi de concert avec le présumé trafiquant de drogue Kusraj Lutchigadoo et son compère, Ashish Dayal. Toutefois, il s’est gardé de condamner le commissaire de police, Karl Mario Nobin, dans cette affaire. Ainsi, répondant à une interpellation supplémentaire du député du MMM, Rajesh Bhagwan, à l’effet que le commissaire de police doit être limogé dans le sillage de cette affaire et d’autres incidents affectant la réputation de la police, il fait comprendre : « Many people here deserved to be sacked. The commissioner of police was not there. He cannot be present everywhere. I don’t agree that the commissioner of police should be sacked. The commissioner has done nothing wrong », devait-il faire ressortir en réponse à Rajesh Bhagwan. Toutefois, auparavant, devant le délai accusé pour la découverte de l’escapade du Kusraj Lutchigadoo en date du 23 avril, il a expliqué que des directives ont été données pour que le monitoring des CCTV Cameras soit fait de manière régulière et systématique. Il a annoncé également qu’une enquête a été diligentée par l’Independent Commission against Corruption contre des policiers impliqués pour “Money Laundering” et corruption. Pour sa part, le leader de l’opposition est parvenu à la conclusion qu’au vu de ce qui s’est passé jusqu’à récemment, « the Vacoas Detention Centre is more a guest house (for VIP) than anything else ».

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SAJ : J’ai été informé par le commissaire de police que le 30 mars dernier, au cours d’une opération de l’ADSU, Kusraj Lutchigadoo a été arrêté à Triolet alors qu’il était en possession de 11 kg d’huile de cannabis, soupçonnée d’être utilisée pour la fabrication de drogues synthétiques. D’autres items comprenant entre autres du thé vert, de l’acétone et du “test benzine”, quelque Rs 300 000 de même qu’une BMW M6 ont été retrouvés. Le 2 avril, le suspect a comparu en Cour de district de Pamplemousses et trois charges provisoires ont été logées contre lui, à savoir trafic de drogue “with aggravating circumstances”, possession de matériel à des fins d’utilisation de production de drogues, et blanchiment d’argent.

Il a été conduit en cellule policière et détenu au Vacoas Detention Centre. Comme Kusraj Lutchigadoo était impliqué dans un “high profile case”, l’ADSU a donné des instructions strictes aux policiers qui y étaient postés et que personne, à l’exception de son conseiller légal, ne devrait être autorisé à visiter ou communiquer avec le détenu.

Selon les enregistrements des vidéos CCTV du 23 avril dernier, il y a indication que Kusraj Lutchigadoo a été “wrongfully authorised” à quitter le centre de détention par quelques policiers qui y étaient postés. Par conséquent, une enquête par le CCID a été initiée au vu de la gravité de l’incident.

Au regard de la première partie de la question, j’ai été informé par le commissaire de police que l’enquête est en cours. Les policiers impliqués dans l’incident ont été interrogés par le CCID et un rapport intérimaire a été soumis au DPP le 18 mai dernier pour un avis. Le 21 mai dernier, le DPP a conseillé que les deux détenus, dont Kusraj Lutchigadoo, de même que les policiers impliqués fassent l’objet d’une charge provisoire pour le délit de complot en vue de commettre un acte illicite. De ce fait, le 22 mai dernier, les trois policiers ont été arrêtés le même jour. Ils ont comparu devant la Cour de district de Curepipe. Ils ont été interdits de service le même jour. D’autre part, au cours de l’enquête, quatre autres personnes en lien avec cette affaire ont été arrêtées. Trois d’entre elles ont été relâchées sous caution et une autre est retournée en cellule.
L’ICAC enquête par ailleurs dans un cas de blanchiment d’argent en lien avec la drogue.
“Pas fondées”

En réponse à la question concernant d’éventuelles infiltrations dans la police, le ministre mentor a déclaré que les allégations de l’opposition « ne sont pas fondées. » Cependant, il a été informé par le commissaire de police qu’il y avait eu des cas « où des policiers ont été impliqués dans des affaires liées à la drogue ». Ces cas sont examinés, a-t-il déclaré.
Il a, de plus, observé être au courant que chaque fois que la police est informée de toute implication suspecte d’une personne, y compris des policiers, dans des affaires liées à la drogue, l’ADSU institue immédiatement une enquête. « Leurs mouvements et activités sont étroitement surveillés. Après avoir obtenu des preuves suffisantes de leur implication dans des activités liées à la drogue, les suspects, quel que soit leur statut, sont arrêtés et une enquête est ouverte », a déclaré le ministre mentor.

Il n’y a pas de cas où l’on soupçonne que les opérations de police auraient pu être compromises en raison d’une fuite d’information avant l’intervention sur le terrain. Cependant, ces soupçons n’ont pas pu être vérifiés jusqu’à présent, a indiqué le ministre mentor.

Quant au lien éventuel entre l’affaire Lutchigadoo et la mort de PC Hurreechurn, le ministre mentor a observé qu’il n’y en avait aucun. S’agissant de l’institution de la police des polices, le ministre mentor a reconnu que des critiques avaient été formulées contre le Complaints Investigation Bureau (CIB) de la police, qui était une unité au sein de la police. Il a reconnu que certaines critiques avaient aussi été formulées contre la Police Complaints Division of the National Human Rights Commission. « The Independent Police Complaints Commission was set up under Independent Police Complaints Commission Act 2016 and is in operation since 9 April 2018 », a-t-il dit. L’une des fonctions de la commission est d’enquêter sur tout acte, conduite ou omission d’un agent de police dans l’exercice de ses fonctions, autre qu’une plainte d’un acte de corruption ou d’une infraction de blanchiment d’argent.

Le ministre mentor a conclu en affirmant que ce gouvernement « ne tolérera pas aucun “black sheep” dans la police ». « Dans notre détermination à lutter contre la mafia de la drogue, personne ne sera lié aux barons de la drogue et à leurs activités criminelles », a-t-il dit

« Je n’ai pas hésité à mettre ma vie en jeu pour combattre la mafia de la drogue dans les années quatre-vingt et aujourd’hui le Premier ministre et ce gouvernement ont pris le taureau par les cornes et aucune menace ou action subversive des barons de la drogue et de leurs complices ne nous arrêtera dans notre croisade », a conclu sir Aneerood Jugnauth.
“Monitored daily”
XLD : Puis-je demander des précisions au sujet du “timeline” de cette escapade, qui avait eu lieu dans la soirée du 23 avril dernier. Puis il y a eu la Birthday Party du 4 mai et ce ne fut que le 10 que ce scandale a été rapporté officiellement à la police. Pourquoi ce délai ?
SAJ (attendant des éléments de réponse des fonctionnaires) : If someone can give the answer why it took two weeks. I understand it is being investigated by the police.
XLD : Ce délai démontre que les enregistrements des caméras de survellance n’étaient pas “monitored” de manière régulière. Ce n’est que par pur hasard qu’un inspecteur de police est tombé sur ces incidents.
SAJ : I personally believed that the cameras should have been monitored daily. Le commissaire de police a donné des instructions pour que cela soit le cas dorénavant.
XLD : Ces deux trafiquants de drogue présumés avaient bénéficié de “VIP Treatment” au Vacoas Detention Centre. Ils avaient des cellulaires en leur possession pour des appels et pouvaient recevoir des visites illégales de la part de leurs proches. Les enregistrements de caméras ont-ils révélé ces détails ?
SAJ : Tous ces détails font l’objet d’enquête. Je n’ai pas de détails sur ce “VIP Treatment”. Les conclusions de l’enquête policière sont attendues.
Points stratégiques
XLD : It looks that the Vacoas Detention Centre was more a VIP Guest House than a detention centre. Peut-il confirmer que le dénommé Lutchigadoo et son compère Dayal ne passaient pas la nuit dans leurs cellules respectives ? Ils dormaient dans une Common Room sous prétexte d’être asthmatiques. Has this been reported to you ?
SAJ : Reported to me. No.
XLD : En réponse à la PNQ No 466, le mentor minister avait trouvé qu’il n’y avait pas lieu d’avoir des Security Audits dans ces centres de détention. Peut-être changera-t-il d’opinion aujourd’hui ? Ensuite, les caméras n’ont pas été installées partout avec des points stratégiques négligés ?
SAJ : I will request the commissioner of police to do needful. Je crois que le moment est venu de revoir tout le système.
XLD : Je suggère que des caméras soient installées “in the famous kitchen”. Maintenant, toujours dans la Lutchigadoo Saga, nous venons d’apprendre qu’une importante pièce à conviction a été “tampered” avec des messages déterminants “erased”. Une telle pièce à conviction aurait dû être placée sous haute sécurité…
SAJ : I asked the commissioner of police about that. I asked him why this telephone not secured immediately. He told me that the problem is that the detainee got away for some time. He might have done that…
À ce stade, le leader de l’opposition interpelle le mentor minister sur des liens éventuels entre le dénommé Dayal et le supposé suicide d’un constable, appréhendé pour importation de drogue au Moka Detention Centre en 2016. Il réclame qu’à la lumière de la Lutchigadoo Saga au Vacoas Detention Centre, l’enquête dans ce suicide « in a sitting position » dans une cellule doit être rouverte. Il a ajouté qu’un autre point qui doit être élucidé est le délai accumulé pour le transfert de ce policier vers un centre hospitalier. Il devait aussi faire état d’autres cas où des Police Prosecutors ont été retrouvés avec des cellulaires dans l’enceinte d’une prison et le cas de deux éléments de la VIPSU dans des cas de trafic de drogue et de dopage de chevaux.
Sir Anerood Jugnauth a contesté la version du leader de l’opposition au sujet du refus des autorités de Madagascar et de La Réunion de collaborer avec les autorités dans des enquêtes de drogue. Il devait regretter le fait que, dans des cas de suspensions de fonctionnaires et de policiers, les procédures prennent des fois entre huit et dix ans pour être déterminées. « In such cases, priority should be given as public money is being wasted. These civil servants and police, while on interdiction are being paid ? I know of cases where they also work so they get double pay », devait-il faire comprendre.
XLD : Dans le cas de Mike Brasse (trafiquant de drogue condamné à La Réunion), il n’y a pas d’accord. La Réunion a refusé de collaborer…
SAJ : There has been no refusal of collaboration. It is true there has been a request and there has been no answer.
Bhagwan : Devant ce que nous avons constaté au sein de la police, le moment n’est-il pas venu de faire partir le commissaire de police ?
SAJ : Many people here deserved to be sacked. The commissoner of police was not there. He cannot be pesent everywhere. I don’t agree that the commissioner of police should be sacked. The commissioner has done nothing wrong.

Le député Ganoo est aussi intervenu avec une interpellation supplémentaire, sir Anerood Jugnauth réitérant que « it is clear that the police were accomplices » dans le cas de l’escapade de Lutchigadoo.

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