Assemblée – Privatisation de la CWA : prochaine étape en juin

  • Le DPM Collendavelloo sur la réforme de l’eau : « I’m going to do it (private partnership). I’m so determined to do it and I’ll do it »
  • Le No 2 du gouvernement fait face à un tir de barrage de l’opposition au sujet de la CEB FibreNet et du CEB
  • Le ministre Seeruttun : « Des planteurs ont enregistré des pertes jusqu’à hauteur de 75% avec les pluies depuis le 2 janvier »
  • Fazila Daureeawoo annonce le transfert des casernes des pompiers de Port-Louis au Bulk Sugar Terminal en attendant les travaux de l’Immigration Urban Terminal du Metro Express pour accueillir les Fire Services HQ

La seconde tranche du Question Time d’hier après-midi a été dominée par deux dossiers principaux, soit le projet de privatisation de la Central Water Authority (CWA) et la gestion du Central Electricity Board (CEB), en particulier sa filiale CEB FibreNet, deux dossiers tombant sous la responsabilité du Deputy Prime Minister et No 2 du gouvernement, Ivan Collendavelloo. Au chapitre de la privatisation de l’eau, et faisant état de son intention de mener ce projet à exécution, ce dernier a annoncé que la prochaine étape sera franchie en juin avec un exercice de “Request for Quotation” visant à sonder le marché. Auparavant, il avait eu à brosser un tableau dans le domaine de l’exploitation des sources d’énergies renouvelables. Certes, il n’y a pas eu d’électricité dans l’air, excepté de la part de parlementaires de l’opposition – que ce soit le leader de l’opposition, Xavier-Luc Duval, le député travailliste Osman Mahomed, qui a pris du poil de la bête en tant que parlementaire, ou encore Reza Uteem, fort de son expérience. De son côté, répondant à une interpellation du député Rajesh Bhagwan, le ministre de l’Agro-industrie, Mahen Seeruttun, a dressé un bilan des plus difficiles du domaine des cultures vivrières, les petits planteurs ayant en effet enregistré des pertes jusqu’à hauteur de 75% en raison des pluies qui s’abattent sur le pays depuis le 2 janvier, bien que dépendant des régions et des cultures. Quant au dossier des sapeurs-pompiers, il colle aux basques de la vice-Première ministre et ministre des Administrations régionales, Fazila Daureeawoo, qui a annoncé le transfert des casernes des Fire Services de Port-Louis au Mauritius Sugar Bulk Terminal comme mesure intérimaire.
« Depuis 1999, le projet de privatisation de l’eau a été abordé sous les différents gouvernements. Mais systématiquement, il a été bloqué par des obstacles et des innuendos. I’m going to do it. I’m so determined to do it and I’ll do it. » C’est ce qu’a déclaré de manière catégorique Ivan Collendavelloo en guise de flèche du Parthe à une ultime interpellation supplémentaire du député Uteem. Ce dernier avait soutenu que la solution du problème de l’eau ne relevait pas d’une question de privatisation de la CWA mais beaucoup plus de l’incapacité de cet organisme à faire usage de son budget. Cette déclaration du Deputy Prime Minister, qui a annoncé que l’une des étapes cruciales à venir est prévue pour juin avec une “Request for Quotation” en vue de définir le profil du partenariat privé recherché, devra alimenter davantage la campagne contre la privatisation.
Répondant à une interpellation du député Uteem sur le “current percentage of non-revenue water” – en clair, les pertes sur le réseau d’adduction d’eau –, Ivan Collendavelloo a fait le tour des différentes études techniques réalisées depuis 1999 en révélant que le taux de perdition varie de 46% à 60%. « No action was taken », devait-il ajouter, en soulignant que les dernières, soit celles entreprises au nom de la Banque mondiale et de l’International Finance Corporation en juillet 2017, donnent 60%, soit 40% au niveau de la production et 20% sur le plan commercial. Il n’a pas manqué de soulever qu’en 2012, le gouvernement avait démarré un ambitieux programme de Rs 1 milliard dans le secteur de l’eau. Mais le député Uteem rappellera que seulement Rs 270 millions ont été engagées.
La Water Sector Reform, avec des investissements de Rs 5 milliards dans le remplacement des tuyaux vétustes du réseau, a pour ambition déclarée de réduire le taux de 60% de perdition du jour à 43% dans 10 ans et à 37% dans 15 ans. Toujours lors des échanges, Ivan Collendavelloo devait revenir sur le fait que le projet de privatisation de l’eau est en bonne voie et qu’une récente mission conjointe de la Banque mondiale et de l’International Finance Corporation était à Maurice pour mettre au point les détails des procédures pour le choix du partenaire privé. « We are going to act. We are going to make the reform », a-t-il martelé avant de faire comprendre à Alan Ganoo, qui s’intéressait aux préparatifs des “Bidding Documents”, que « I’m determined to do something ».
Au chapitre du CEB, le Deputy Prime Minister n’a pas eu la partie facile avec la PQ d’Osman Mahomed sur les récents recrutements. Il voulait en effet obtenir la liste des recrues depuis janvier 2015 en sus des adresses, qualifications académiques et salaires. Devant le refus de révéler ces détails, le député travailliste est revenu à la charge, documents en main.

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Osman Mahomed : Le Deputy Prime Minister peut-il révéler que, sur les 290 employés recrutés par le CEB depuis 2015, 103 proviennent de Rose-Hill Per Se…
Ivan Collendavelloo : If a proper question is put, I’ll check. Mais donner la liste des noms et adresses des recrues, cela, je ne peux le faire. Ce serait violer la vie privée des personnes concernées.
Mahomed : Peut-il également confirmer que ceux recrutés n’ont pas eu à soumettre de certificats de moralité ? C’est extrêmement grave car le CEB emploie des “meter readers” qui effectuent des visites à domicile…
Collendavelloo : I don’t know. I’ll be very surprised. (Se basant sur des éléments de réponses fournis par les représentants du CEB). They have to submit a certificate of character. Some would not be able to go as meter reader…
Mahomed : As far as I know, I don’t know. (Des éclats de rire marquent un temps d’arrêt.) J’ai une liste en ma possession et dans la dernière colonne, il est fait mention qu’il n’y a nul besoin de soumettre de certificats de moralité. I will table the document for the DPM to confirm…
Collendavelloo : I’m sorry. He can’t table a document for me to confirm… I object to the document being produced. On a point of order, this is not in order.

Les contrats alloués par la filiale CEB FibreNet ont permis au leader de l’Opposition de revenir sur ses accusations à l’effet que « the Deputy Prime Minister has misled the House last week » au sujet des procédures à suivre. De son côté, le député travailliste a ciblé le cas de « violation flagrante des principes de bonne gouvernance » au sein de cette filiale.

Osman Mahomed : Dans les documents déposés, il y a le nom de Kesnalall Balgobin en tant que Chairperson de plusieurs comités de CEB FibreNet. Ces instances ont alloué des contrats, dont certains avec des montants de plus de Rs 100 millions. Le DPM ne voit-il pas là un cas de violation des principes de bonne gouvernance ? Parce que le dénommé Balgobin est également le Chief Financial Officer du CEB. En tant que tel, il doit approuver le financement de projets qu’il a évalués…
Collendavelloo : It’s not what I consider that matters. As a general principle, there is nothing wrong for a financial controller to sit on the board. Mais on m’a fait comprendre qu’il s’était retiré lors de la réunion du board quand ces contrats étaient à l’agenda.
Osman : J’ai en ma possession un document de quatre pages émanant d’un groupe d’employés présentant le dénommé Balgobin comme le Dass Appadu du CEB. There are some worrisome points…

À ce stade, le leader de l’opposition réitère ses allégations de “Misleading the House” contre Ivan Collendavelloo au sujet des procédures suivies pour l’allocation de contrats de CEB FibreNet, notamment de Rs 140 millions. Le ton montera d’un cran entre les deux au point où, à un certain moment, l’on entendra le DPM lancer : « I can shout as much as you. You are not in Quatre-Bornes. » Les échanges prendront fin dans un énorme vacarme, Shakeel Mohamed se faisant rappeler à l’ordre par la Speaker, Maya Hanoomanjee, suite à une remarque du Deputy Prime Minister accusant le Parti travailliste d’avoir accepté une prise de participation du CEB à hauteur de 26% dans une société privée sans passer par le Parlement.

Auparavant, à une interpellation du député Osman Mahomed, Ivan Collendavelloo a indiqué que pour la période 2005-2014, un seul projet d’énergie renouvelable, en l’occurrence la ferme photovoltaïque Sarako, a vu le jour. Trois autres fermes de 2 MW devaient être mises sur pied à Mon-Choisy, Petite-Retraite et L’Espérance. Elles ont été initiées en 2012 tandis que deux autres étaient en stagnation. En dépit de la MID Strategy sur recommandation de la National Energy Commission, une augmentation de l’utilisation du charbon était privilégiée.

Le Deputy Prime Minister est d’avis que l’actuel gouvernement n’a eu aucune difficulté à appliquer une politique de sources d’énergies renouvelables axée sur les principes de Maurice Île Durable. « Pour mettre en place ce programme, le gouvernement a dû travailler sur la transition d’une culture de production d’électricité à partir des énergies fossiles et du charbon aux énergies renouvelables », a-t-il dit. Sur une période de trois ans, le gouvernement a approuvé 12 projets. Fin 2018, une capacité additionnelle de 84 MW provenant des installations photovoltaïques, incluant les SDG et MSDG, est prévue. Cela contribuera à hauteur de 28% de l’electricity mix. La contribution de l’énergie solaire sera de 11% du total des énergies renouvelables.

« Ces chiffres dépassent largement les objectifs de la MID Strategy », a déclaré le Deputy Prime Minister, qui a également énuméré une quinzaine de projets, dont les trois fermes solaires d’une capacité de 22,5 MW à Beau-Champ, Petite-Rivière et Petite-Retraite. De nouvelles demandes pour des fermes de 10 à 15 MW à Queen-Victoria, Solitude et Henrietta ont été approuvées. De même, Green Energy Ltd, filiale du CEB, a un projet de ferme solaire de 2 MW à Henrietta, laquelle sera complétée fin 2018. Par la suite, la capacité sera augmentée à 10 MW.

La ferme éolienne de Plaine-des-Roches, elle, a une capacité de 9,3 MW et est en opération depuis 2016. Celle de Plaine-Sophie sera complétée vers la fin de cette année. D’autre part, le CEB a lancé de nouveaux projets à petite échelle. Un total de 1 559 demandes a été reçu et 760 installations de 2,5 MW sont en cours. Parmi les bénéficiaires, on compte 23 institutions éducatives. De même, provision a été faite pour l’installation de panneaux solaires sur le toit de 1 000 logements sociaux. Les installations ont déjà démarré. Ce projet bénéficie du financement d’IRENA d’Abou Dabi et est présenté comme pouvant permettre de combattre la pauvreté.

Par ailleurs, le gouvernement vient de lancer un nouveau Green Energy Scheme à l’intention des PME. En un jour, 1 100 applications ont été reçues. À une question d’Alan Ganoo sur les critères de sélection à cet effet, Ivan Collendavelloo a répondu que l’exercice s’effectuera sur une base de “first come, first serve”. D’autre part, une étude de faisabilité est en cours en vue d’augmenter la capacité de la Sans Souci Hydro Power Plant. La turbine de la centrale de Magenta a été remplacée et a une capacité de 1 MW.

Des négociations sont aussi en cours avec Alteo afin de mettre sur pied deux centrales d’une capacité de 35 MW utilisant principalement la bagasse. Cette démarche permettra de réduire la proportion du charbon à la bagasse de 3:1 à 1:1. Par ailleurs, comme prévu dans la MID Strategy, un audit des bâtiments publics est en cours afin d’évaluer leur efficacité énergétique. De nouvelles réglementations ont aussi été introduites concernant les appareils électroménagers.
De son côté, le ministre Seeruttun a confirmé que les pluies sans précédent, qui ont arrosé le pays depuis le 2 janvier, ont eu des conséquences désastreuses sur les petits planteurs. Les pertes sont ainsi estimées à 75%, dit-il, répondant ainsi à une interpellation de Rajesh Bhagwan.

Alors que le constat était initialement qu’une superficie de quelque 4 000 arpents de cultures vivrières avait été endommagée, en réalité, le chiffre est plus élevé, avec un total de 5 600 arpents et 3 167 planteurs sinistrés. Le ministre a fait état de la formule de compensation arrêtée pour venir en aide aux planteurs, soit de Rs 3 500 par arpent pour un maximum de cinq arpents. À ce jour, 2 004 planteurs ont ainsi bénéficié de quelque Rs 13,6 millions. Il a également fait état de la distribution de compost à ceux engagés dans le “bio-farming” ainsi que de semences.

« Les petits planteurs de canne peuvent avoir accès à des “Special Loans” à des taux d’intérêt de 3% de la Banque de Développement suite à une initiative du ministère des Finances, soit à Rs 10 000 par arpent jusqu’à un maximum de Rs 100 000. À ce jour, 532 demandes ont été soumises pour un montant de Rs 50 millions. Une somme de Rs 36 millions a déjà été déboursée. Nous avions entériné ces mesures en faveur des petits planteurs. This is a sector which is very vulnerable », s’est appesanti le ministre.

Bhagwan : Pour ce qui est des petits planteurs de canne, il avait été question de distribution de fertilisants. Qu’en est-il de ce projet ?
Seeruttun : Les petits planteurs ont souffert de l’érosion avec les pluies depuis le début de l’année. Des planteurs avaient déjà entamé l’application des fertilisants avant les pluies. Tout est parti.
Bhagwan : Avec les conditions climatiques défavorables depuis le début de l’année, les autorités ont eu recours à l’importation de légumes. There have been a lot of maldonne… There have been a petition…
La députée Seewocksingh aura moins de chance avec son interpellation supplémentaire, jugée irrecevable par la Speaker.
Boolell : Avec la série de mesures annoncées par le ministre, il aurait dû y avoir le “Writing Off of Arrears” à la Banque de Développement. Je voudrais savoir si le gouvernement…
Seeruttun : We are talking about writing off… J’ai déjà demandé à la Banque de Développement de procéder à un rééchelonnement des dettes pour ne pas pénaliser les planteurs.

Concernant le choix du nouveau site pour accueillir temporairement les casernes des sapeurs-pompiers de la capitale, ce dernier est contesté par le député Adil Ameer Meea. En effet, la vice-Première ministre et ministre des Administrations régionales a confirmé le transfert temporaire des pompiers au Bulk Sugar Terminal, le temps que les travaux de l’Immigration Terminal avec le nouveau QG des Government Fire and Rescue Services soient complétés. Le député du MMM a relevé le fait que la sortie des camions de pompiers aux Salines sera grandement gênée avec les travaux du métro en cours. « Ce choix a été validé par les responsables des Government Fire and Rescue Services », devait rétorquer Fazila Daureeawoo.

La vice-Première ministre a fait comprendre que Maurice est actuellement couverte par dix casernes de pompiers et que la construction de deux autres est également prévue. Les travaux pour les casernes des pompiers de Rose-Belle, qui ont déjà démarré, devront être bouclés en mai 2019. La caserne de Goodlands, elle, en est encore au stade du design au ministère des Infrastructures publiques. Pour le transfert de la caserne de Quatre-Bornes, un lopin de terrain, pas trop éloigné de l’actuel site de la municipalité de Quatre-Bornes, a déjà été identifié. Les budgets pour la réalisation de ces projets sont comme suit : Rose-Belle (Rs 48 millions); Goodlands (Rs 60 millions); Port-Louis (Rs 29,6 millions) et Quatre-Bornes (Rs 90 millions).

Ces envolées parlementaires qui collent

« Eta ! Ale kasyet derier televizion do ta ! » (Rajesh Bhagwan au ministre Jhugroo)

« Honourable Jhugroo, I’ve called you six times. Can I have your attention? You seem to ignore that I’ve been calling you. Next time I will act. » (Maya Hanoomanjee rappelant à l’ordre Mahen Jhugroo)

« Toussaint, dir konbyen to inn tap kouma Per Diem la. » (Rajesh Bhagwan au ministre Toussaint lors de la PNQ)

“To ene Premye minis linpost” (Rajesh Bhagwan)

« I’ve been here for 35 years. You won’t be here next time. » (Rajesh Bhagwan au député Rutnah)

« We don’t know how long they are lasting in the opposition. » (Pravind Jugnauth répondant à Rajesh Bhagwan au sujet de la durée du présent gouvernement)

« Eta Rajesh, li (Pravind Jugnauth) pe dir twa vinn ar li ! Al ar li ta ! ». (Shakeel Mohamed à l’adresse de Rajesh Bhagwan)

« I am so astonished that the minister didn’t think that the situation was serious enough to advice the athlete subjected to aggravated sexual assault to go the police because in Mauritius she would have no resource. » (Xavier-Luc Duval lors de la PNQ)

« À Petite-Rivière-Noire, le centre de refuge était inondé. À Tamarin, il fallait prendre une pirogue pour y parvenir. » (Ezra Jhuboo sur les problèmes d’inondations à Rivière-Noire)

« Honourable Shakeel Mohamed, I’m calling you to order and not to interrup or make comments from a sitting position. » (Maya Hanoomanjee tentant de ramener le chef de file du Labour à l’ordre)

« I have never been a consul for a foreign country. » (Ivan Collendavelloo à l’emporte-pièce)

« You are addressing the Chair. Don’t address these people. » (La Speaker au député Abbas Mamode sur les pompiers)

« I don’t think that Question Time is a platform for you to make statements » (Maya Hanoomanjee)

« Personnellement, je n’ai même pas pu m’asseoir sur un de ces sièges. » (Franco Quirin sur l’état d’insalubrité des stades)

« The minister is so desperate that he is going to Rodrigues to look for investors. » (Arvin Boolell à l’encontre du ministre Sesungkur)

« I have noticed that all replies from ministers have been unduly long today. Those who draft replies have to be brief. » (Maya Hanoomanjee)

« Eta kourtie, ale van lakaz Royal Park ! » (Shakeel Mohamed)

« Sel zafer mo pa kone fer, mo pa kone kokin ! » (Rajesh Bhagwan en direction du leader du ML sur la réforme de l’eau)

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