ASSETS RECOVERY — AFFAIRE GROS DERECK: La flotte de voitures de Balkissur sous menace

L’adoption à l’Assemblée nationale hier de nouvelles dispositions plus sévères au chapitre de l’Assets Recovery Act devra permettre aux limiers de l’Anti-Drug and Smuggling Unit de Plaine-Verte de passer à une étape supérieure dans le démantèlement du réseau de l’Ouest suite à la double saisie de 12 kilos d’héroïne d’une valeur de Rs 180 millions le 12 juillet. Les amendements votés, mais qui attendent d’être promulgués par le président de la République Kailash Purryag, écartent les contraintes en vigueur jusque-là, soit que les saisies ne pouvaient être exécutées que sur des biens amassés à partir du trafic de drogue uniquement.
L’entrée en vigueur de cette loi n’est pas « time-barred ». L’un des premiers dossiers susceptibles d’intéresser l’Assets Recovery Office sous le contrôle du Directeur des poursuites publiques (DPP) devrait être la flotte de plus de 100 voitures sous le nom de Sujeet Balkissur, l’un des partenaires allégués de Gros Dereck.
Des sources officielles proches de l’enquête sur cette affaire de drogue, qui défraie la chronique depuis bientôt quatre mois, indiquent que l’homme d’affaires de Quatre-Bornes est engagé dans une véritable course contre la montre pour justifier l’acquisition de plus d’une centaine de voitures en un si court laps de temps. Jusqu’ici, Sujeet Balkissur a rejeté catégoriquement les accusations de complicité alléguée de trafic de drogue avec le dénommé Gros Dereck. Néanmoins, avec l’enquête initiée par la Financial Intelligence Unit (FIU) au sujet de ses « sources of funds » pour son business, il devra convaincre les autorités quant à la provenance du dernier sou investi. Une mission qui s’annonce quelque peu difficile.
D’autre part, avec les 115 « Horsepowers » saisis par l’ADSU à son domicile lors de son arrestation, il faudra prévoir, dans les meilleurs délais, une descente policière musclée au QG de la National Transport Authority (NTA), d’abord à Cassis, pour confirmer l’authenticité des documents portant sur la propriété des voitures.
L’ADSU bénéficiera de la collaboration du Central CID pour compléter ce volet de l’enquête.
Dans ses premières explications au sujet de la gestion de cette flotte de voitures, Sujeet Balkissur avait indiqué que plus d’une soixantaine étaient en son nom alors que le reste était attribué à des particuliers contre paiements par tranches. L’aspect le plus important de cette partie de l’enquête policière sera de démasquer le réseau de complicité à la NTA facilitant les opérations de cet homme d’affaires. La police soupçonne d’ailleurs une complicité à un niveau autre que celui du simple « messenger ».
À ce stade de l’enquête, il n’est pas à écarter qu’une fois l’étape des interrogatoires bouclée le DPP’s Office, agissant selon les dispositions, décide de procéder purement et simplement à la saisie des voitures et de les placer en lieux sûrs, n’ayant ainsi pas recours à des Attachment Orders. Cette décision se justifie par le fait qu’il pourrait y avoir des risques que les véhicules puissent être débarrassés sous de faux documents et de numéros de châssis falsifiés.
Dernier round d’interrogatoires
Au cas où le DPP décide d’agir sous l’Assets Recovery Act suite aux amendements votés hier, ce sera un nouveau coup dur pour Sujeet Balkissur après l’échec de sa motion de remise en liberté sous caution lundi. Il a été reconduit en cellule policière même si jusqu’ici, il a systématiquement rejeté les accusations de complicité avec le trafiquant de drogue présumé Gros Dereck en traitant Ashish Dayal, le chauffeur de taxi, de « menteur » dans cette affaire.
Même si la ligne d’enquête en vue de retracer les recettes provenant du trafic de la drogue, se montant à plus d’une centaine de millions de roupies est encore live, les hommes de l’inspecteur Assaad Rujub de l’ADSU de Plaine-Verte procèdent à un dernier round d’interrogatoires des suspects dans cette affaire. D’abord, celui du chauffeur Ashish Dayal, dont les accusations et les preuves versées dans le dossier à charge ont débouché sur l’arrestation de dix prévenus. L’ADSU confronte ce State Witness-in-Waiting aux réactions des autres suspects à ses accusations.
D’autre part, l’ancien imam de la Prison de Beau-Bassin, Moosa Beeharry, transformé en courrier international des trafiquants présumés, a retenu les services d’un autre conseil légal. Me Siddartha Hawoldar, qui a déjà pris contact avec les responsables de l’ADSU à ce sujet, compte rencontrer durant le week-end son client qui est incarcéré à la Remand Prison de Grande-Rivière-Nord-Ouest.
Des indications sont que l’imam Beeharry pourrait réviser sa stratégie de silence adoptée jusqu’ici dans le cadre de cette enquête. Dans cette éventualité, les informations que pourra révéler ce suspect aussi bien que ses explications au sujet de la teneur des e-mails et de ses contacts téléphoniques pourraient relancer l’enquête au sujet des ramifications et de protection « à haut niveau ». « Je ne peux rien vous dire à ce stade. Je ne rencontre mon client à la prison de GRNO que samedi », s’est contenté de déclarer Me Hawoldar au Mauricien.
Aujourd’hui, une escouade de l’ADSU devait se rendre à la prison centrale de Beau-Bassin pour obtenir une nouvelle confirmation du suspect Westley Casimir, le Skipper de L’Ange Rapide au sujet de son refus de répondre aux questions des enquêteurs. Le même exercice sera entrepris auprès de Gros Dereck, Jimmy Colosso et Jimmy Rodriguais, qui ont fait jusqu’ici prévaloir leur droit constitutionnel au silence.
Le nouvel objectif des responsables de l’ADSU consiste à conclure le volet de l’enquête portant sur le trafic de drogue au plus tard le mois prochain, avec le dossier transmis au DPP pour un éventuel procès aux Assises durant la première session de 2013.

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