AU JARDIN DE PAMPLEMOUSSES : Des arbres abattus pour freiner les voleurs de tortues

Après le vol de tortues la semaine dernière, le Jardin de Pamplemousses a cette fois été dépouillé de ses arbres. C’est ce que dénoncent plusieurs écologistes et autres observateurs avertis ayant constaté durant la semaine l’abattage de plusieurs arbres à l’intérieur comme à l’extérieur du jardin. Si la direction explique cet action par le fait qu’il est impératif que le jardin soit clairsemé pour éviter des vols, ajoutant que l’exercice — effectué avec l’aval des Bois et Forêts — consiste à déblayer et non à abattre des arbres, les contestataires s’offusquent, eux, que le jardin perd de son cachet botanique avec ces mesures.
Des palmistes multipliants — chrysalidocarpus — ont été abattus cette semaine. Le même sort a été réservé à des acacias et lagerstroemia (braise d’été) qui longeaient le parking situé au niveau de la sortie du jardin. Un spectacle qui désole plusieurs défenseurs de l’environnement estimant cet exercice comme une atteinte dramatique à la flore du jardin historique. Selon les informations obtenues, cet exercice de défrichement relève de mesures prises par la direction à la suite du vol de tortues dans l’enceinte du jardin la semaine dernière. Vol qui aurait été favorisé, selon certains, par « l’entourage en friche » au niveau du parc des tortues. Ainsi, les palmistes multipliants abattus auraient, selon nos sources, servis de cachette aux malfrats qui, le manque d’éclairage aidant, s’y sont terrés pour commettre leur forfait.
« Il ne s’agit pas d’orner un jardin familial »
Pour la direction du jardin, « l’enlèvement de ces arbres relèvent de mesures de sécurité nécessaires pour le bien-être des lieux. » Ainsi, en ce qu’il s’agit des palmistes multipliants déracinés — une dizaine selon l’administration, mais une cinquantaine selon les détracteurs —, l’objectif est de rendre l’espace plus visible.
Les palmistes multipliants seront remplacés par des bougainvilliers et des hibiscus indigènes, des géraniums de même que par la fleur nationale, le Trochetia. Si au niveau de l’administration on estime que ces plantes apporteront plus de fraîcheur et de couleurs au jardin, pour les défenseurs de l’écologie, « il ne s’agit pas d’orner un jardin familial. Le Jardin de Pamplemousses est un jardin botanique. Il faut qu’il garde ce cachet. » Et de faire ressortir que ces palmistes multipliants ont pris des années avant de grandir.
En ce qui concerne les plantes enlevées au niveau du parking, on apprend que c’est en raison des risques qu’elles représentaient pour le canal Riley qui traverse le jardin. Selon nos sources, les racines des acacias et autres « braises d’été » s’étaient installées sous ce canal dont l’eau provient de l’usine sucrière à proximité. Suite à un projet d’éclairage devant prochainement voir le jour sur ce parking, la direction a ainsi, avec l’aval des Bois et Forêts, décidé d’enlever ces cinq arbres qui seront remplacés par des arbustes. Pour les défenseurs de l’environnement, « la gestion du jardin de Pamplemousses ne peut se faire au petit bonheur. » Ils estiment que le jardin doit refléter ce qu’il a toujours été, plus particulièrement avant que l’entrée ne devienne payante. « A l’époque, le jardin été propre. Il y avait une harmonie. Mais aujourd’hui, il n’y a même pas un jardinier pour s’occuper du bien-être des plantes », disent-ils.
« Enrichment planting »
La direction du Jardin de Pamplemousses n’est pas du même avis. Arguant que depuis le début de l’année environ 70 espèces de plantes ont été introduites, on fait ressortir que « c’est ce qu’on appelle du enrichmnent planting ». Le but, en abattant certains arbres, dont des multipliants qui se dénombrent à plus de 700 dans le jardin, étant de remplacer les espèces enlevés par des espèces plus adaptés. Plusieurs investissements auraient également été effectués, dont l’installation de caméras de surveillance. Qui plus est, si à ce jour il est vrai que le jardin ne dispose pas de jardinier en tant que tel, un exercice de recrutement a récemment eu lieu. Cependant, la quinzaine de jardiniers recrutée est actuellement en formation « on-site », en l’occurrence en premier lieu à la pépinière. Selon la direction du jardin, « toutes les plantes ont leur importance. Cependant, chaque plante a sa place. » Ce qui vaut aux écologistes de faire ressortir que, « justement, le Jardin de Pamplemousses devrait être considéré et entretenu à la hauteur de son cachet botanique. »

- Publicité -
EN CONTINU

l'édition du jour

- Publicité -