AU PATRON DE L’ADSU : Ally Lazer remet une liste de 305 noms de présumés trafiquants

Ally Lazer, président du Mouvement civique national (MCN), a remis hier après-midi à Choolun Bhojoo, directeur de l’ADSU, une liste de 305 noms de présumés trafiquants de drogue opérant à travers l’île. Il a mené une enquête approfondie d’environ dix mois sur le terrain avec l’aide de Nadeem Edoo, un membre du MCN, que Ally Lazer a qualifié de « Colombo » et qui a été le premier à se rendre à l’ICAC pour dénoncer, preuves à l’appui, de gros bonnets, qui sont actuellement interrogés.
Une conférence de presse a eu lieu hier pour parler de la recrudescence de ce fléau de même que de « l’inaction et l’indifférence » de certains officiers de l’ADSU, malgré les révélations faites par les membres du public. « Parmi bann ki finn denonse, ena zot zanfan ki finn trouv lamor par overdoz. Zot pa konpran kifer lADSU pa aret bann trafikan. Ena osi ki dir ki bizin fer bien atansion kan denonse parski zot per ki zot lavi an danze apre. » S’agissant de la liste des 305 présumés trafiquants, Ally Lazer a tenu à remercier les nombreuses personnes « qui ont fait un travail de fourmi » pour récolter ses informations. « Nous avons vérifié toutes les informations et, parmi elles, il y a un Pablo Escobar mauricien », a révélé Ally Lazer, avant de rappeler que, bien avant, il avait « prédit que la mafia de la drogue avait pris le pays en otage et que la drogue a infiltré les institutions » du pays. « Même le Premier ministre le reconnaît aujourd’hui », soutient-il.
Parlant de l’arrestation de Navin Kistnah après la première cargaison d’héroïne dans des compresseurs, le président de ce mouvement a fait remarquer que le suspect insiste toujours afin d’obtenir une garantie. « Il doit dénoncer avec force les personnes impliquées. Mo gagn linpresion ki enn bann gro trafikan derier sa kou-la ! » La drogue, poursuit Ally Lazer, a envahi tous les coins et recoins du pays. À Karo Kalyptis, à Bois-Marchand, à Lallmatie, à Résidence Barkly, à Beau-Bassin, à Cité Ste-Claire, à Goodlands, à Cité Mangalkhan et, tout récemment, dans l’est du pays, « la drogue se vend au vu et au su de tout le monde ». Il ajoute : « Les marchands de la mort n’ont pas peur des autorités policières. Allez faire un tour à Bel-Air–Rivière-Sèche, à Cité Argy-Flacq, où deux jeunes sont morts d’overdose. Vous pouvez vous procurer de la drogue 24/24h chez les marchands de la mort sans crainte. Il y règne une indifférence totale des autorités policières. »
Ally Lazer dit se rappeler du jour où il s’est rendu à Cité Richelieu pour une campagne de sensibilisation avec des habitants de la localité lorsqu’une fille de huit ans lui avait indiqué l’endroit exact où il pouvait acheter de la drogue. « Al direk laba, ou sir ou pou gagne », lui avait-elle dit. « Et n’allez pas me faire croire que le nombre de policiers et le National Security Service qui sont là jour et nuit ne savent pas où se pratique ce commerce », déplore Ally Lazer. Il dit de même trouver « étrange » que le policier Arvind Hurreechurn, qui avait été arrêté avec Rs 35 millions d’héroïne alors qu’il revenait de Madagascar, se soit donné la mort le 29 octobre vers minuit par pendaison avec une serviette attachée à un lavabo au Moka Detention Centre, « un lieu surveillé en permanence ». Et d’ironiser : « Mo finn sal bokou dra kot mwa letan mo finn esey pou pandi ek lavabo. Mo ankor vivan ! »
Il a également fait allusion au constable Joly, arrêté dans cette affaire de drogue avec le policier Hurreechurn et qui avait dit que « pa pou ena peniri ladrog » dans le pays. « Li ti ena rezon », dit-il.
Jean-Marc Belle Jambe, un habitant de Cité Argy, Flacq, dont le fils est mort le 1er avril dernier, se joint au combat qu’a mené Ally Lazer pendant plus de 40 ans. Il a témoigné des circonstances dans lesquelles il a perdu son fils Damien, âgé alors de 18 ans. « La veille de sa mort, mon fils a eu une longue conversation avec sa mère, qu’elle adorait. Le lendemain, j’avais reçu un appel de mon gendre pour m’annoncer que le cadavre de mon fils a été découvert non loin de chez nous. Lorsque je m’y étais rendu, j’ai vu mon fils, sans vie dans un état déplorable. Damien est mort comme un chien. Il est mort avec de la drogue synthétique. Ma femme et moi avons depuis décidé de nous battre contre ce fléau », raconte ce père de famille. Il poursuit : « Mon épouse a dû quitter le toit familial après avoir dénoncé un trafiquant très connu de la région et qui m’a enlevé Damien. Mon fils avait un bel avenir devant lui. Il m’avait dit : “Si mo gouvernma ki ti la, mo ti pou vann ladrog lor terin football. Personn pa ti pou kapav aret mwa !”. »

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