PROJET DE CONSTRUCTION À LA CAMBUSE : Une déposition à la police contre les promoteurs

Le bras de fer entre les promoteurs du projet Le Chaland Resorts à La Cambuse et les défenseurs de l’environnement persiste. Les membres de la plate-forme Aret Kokin Nou Laplaz (AKNL) continuent à sensibiliser le public sur les “potentiels dangers” qui, selon eux, guettent les dunes du Chaland, le site paléontologique Mare-aux-Songes et le parc marin de Blue-Bay. Comme le Forum Citoyens Libres (FCL) du travailleur social Georges Ah Yan, ils déplorent l’inauguration “en catimini” de la nouvelle route d’accès menant vers La Cambuse par le groupe Currimjee. Route qui, disent-ils, relève de l’accaparement des biens publics et représente une menace pour le site Mare-aux-Songes. C’est dans cette optique que Georges Ah Yan a, le 28 avril, effectué une déposition à la police de Plaine Magnien contre le groupe Currimjee qu’il accuse de léser ses droits à un accès à la plage.
Dans sa déposition – OB2894/16 –, Georges Ah Yan rappelle que l’ancienne route désormais obstruée par de gros rochers existe depuis plus de 50 ans et était utilisée par tous les plagistes allant à La Cambuse. En interdisant l’accès à cette route, le groupe Currimjee l’empêche de circuler sur un terrain public et le contraint ainsi à emprunter un chemin de 1,2 km menant à l’extrémité de la plage publique. Le travailleur social s’interroge sur la nécessité de la nouvelle route d’accès au coût de Rs 70 M alors que, dit-il, “si le promoteur avait de bonnes intentions pour le public, il aurait suffi de bitumer l’ancienne route.” Selon lui, en obstruant l’ancienne route  d’accès à cette plage du Sud et en mettant à disposition une route flambant neuve, “le promoteur est en train de dévier l’attention sur l’accaparement de la plage.” “En parcourant 1,2 km, le public se retrouve à l’extrémité de la plage qui n’est pas aussi agréable que là où nous avons l’habitude d’aller. Le promoteur est en train de détourner le regard du public de son réel projet”, dit Georges Ah Yan.
Le groupe Currimjee reste déterminé
Et les propos du ministre des Terres et du Logement Showkutally Soodhun à l’effet que le public jouira de 16 arpents de plage ne rassurent aucunement les protestataires qui font ressortir qu’au lieu de 1,5 arpents de plage de sable blanc, désormais, le public aura accès à des rochers. Le travailleur social indique qu’il envisage une action légale pour Contempt of Court, tenant compte de l’injonction qui pèse sur le groupe Currimjee lui interdisant tous travaux dans le cadre de son projet de construction d’hôtel. 
En dépit des protestations continues, le groupe Currimjee reste déterminé. Dans un communiqué de presse, fin avril, Currimjee Hospitality Management Ltd (CHML) a donné la réplique à ses détracteurs, rappelant que “l’ancienne route étroite était en terre et pas sécurisée.” Qui plus est, il n’y aurait pas eu de protestations auprès du District Council lorsque l’annonce des travaux fut faite.
Dinesh Burrenchobay, le managing director de CHML, soutient qu’en ce qu’il s’agit de la nouvelle route, “nous sommes à plus de 30 mètres du wetland le plus proche, ce qui fait que nous respectons la réglementation en vigueur.” Il ajoute qu’elle est, en fait, “à 31.5 mètres comme mesuré par des experts.” Il dit remarquer que “les arguments de ceux qui nous critiquent changent en fonction du temps et surtout, à chaque fois qu’on les contredit par des faits vérifiables.” Selon lui, “les opposants continuent à faire de fausses allégations en faisant des amalgames.” Il affirme que “la route est aussi à plus de 200m du bassin où les ossements de dodos avaient été retrouvés et le site de notre hôtel sera à plus de 750 m.” Il déplore que les détracteurs du projet Le Chaland Resort “continuent à mettre en doute non seulement le travail des fonctionnaires et des autorités qui ont approuvé nos permis en mentionnant qu’il y a des ‘zones d’ombre’ dans notre projet, mais aussi celui de nos équipes de professionnels et scientifiques.”
Dinesh Burrenchobay dit ne pas comprendre “comment un projet qui a un ‘setback’ de 100 m de la mer (contre 30 m pour les autres) – qui plante 16 00 arbres endémiques sur 7 arpents et protège une dune de sable déjà en partie détruite par des constructions existantes à l’époque de la Royal Navy, qui a déjà planté 350 arbres endémiques sur une route publique avec 59 lampes photovoltaïques, qui n’aura pas de sport motorisé dans le lagon, qui prendra le soin de connecter les effluents des toilettes publiques et ceux du Training Establishment du Coast Guard au système de l’hôtel – ne soit pas un projet durable!” Et d’affirmer que “notre projet d’hôtel n’empiète pas sur la plage, non plus sur les 1.5 arpent de State Land.”
Le site Mare-aux-Songes au centre de la polémique
Or, les opposants au sein de la plate-forme AKNL rappellent que le chapitre 4 du rapport EIA du groupe Currimjee fait état d’un setback de 36 m avec les wetlands. Ils ajoutent que l’impact environnemental sur ce site sera encore plus conséquent, notamment en raison de l’installation de drains le long de la nouvelle route d’accès. Ils avancent que “lors de périodes de pluies, le ruissellement mènera les hydrocarbures, résidus des véhicules empruntant ce chemin, directement à Mare-aux-Songes qui avait été préservé de cela. Cette nouvelle route fera que les écoulements d’huile et d’essence finiront dans le sanctuaire des Dodos.” Et de relever que même le bassin 3 mentionné par le directeur de CHML fait également partie du site paléontologique de Mare-aux-Songes. “Il n’y a pas que des ossements du dodo qui sont d’intérêt scientifique. Mare-aux-Songes a conservé les restes de bon nombre d’espèces qui vivaient à l’époque des dodos et qui ont aujourd’hui disparu”, disent les membres d’AKNL, déplorant “l’indifférence du promoteur quant à notre patrimoine naturel.”
Selon eux, “planter des milliers d’arbres n’est pas l’unique geste écologique. C’est simplement vouloir cacher le dégât immense que son projet causera.” Et de s’interroger encore : “Pourquoi le promoteur a-t-il fait fermer la jolie route d’accès bordée d’arbres et plus courte que le public utilise depuis des décennies pour se rendre à la plage? Pourquoi ne pas l’avoir tout simplement réaménagée au lieu de dépenser 70 millions de roupies pour une nouvelle route plus longue et passant sur la buffer zone de Mare-aux-Songes? Parce que le promoteur veut garder à l’usage exclusif de ses clients éventuels la jolie route pittoresque connue des Mauriciens, quitte à mettre en péril le sanctuaire des dodos.” Ils indiquent que leur action ne s’arrêtera pas à la sensibilisation du public. Dans les prochains jours, d’autres développements sont à prévoir.

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