AUTOSUFFISANCE EN AIL : Un demi-siècle de savoir-faire mis au service du pays

Dans la vallée de Crève-Coeur, région agricole par excellence, Chandrawtee Sujeebun, une vénérable dame de 75 ans, incarne la préservation d’une pratique culturale menacée de disparition : celle de l’ail local, variété autrefois très prisée dans nos cuisines et réputée pour ses fortes valeurs nutritives et médicinales. Loin des logiques du commerce globalisé et autres théories de marché, Chachi Rajmun – ainsi que tout le monde l’appelle affectueusement – se bat chaque jour pour que les fameuses Rose locale et Blanche locale ne tombent dans l’oubli, victimes de l’invasion de Chine d’une variété pourtant inférieure en teneur nutritive et curative.
Les connaissances de Chachi Rajmun de ce condiment, affinées au gré de ses recherches personnelles durant les quarante dernières années, valent tout le savoir agronomique en la matière. Nos institutions de recherche agricole en ont certes conservé les notions de base, mais l’essentiel a été perdu au fil des importations massives. D’où la démarche du ministère de l’Agroalimentaire, l’année dernière, de solliciter le savoir-faire de notre agricultrice dans le cadre d’un programme de vulgarisation nationale de la culture de l’ail local.
C’est en jeune mère de famille soucieuse d’économiser sur les dépenses en condiments que Chandrawtee Sujeebun commence ses premières expérimentations de la culture de l’ail. Issue d’une communauté de planteurs, elle n’a jamais connu d’autres currys que ceux parfumés aux épices fraîches que son père cultivait, entre autres légumes, sur ses terres à Rue Gustave Colin, Beau-Bassin. À Crève-Coeur, au pied de la chaîne de Moka où elle s’installe une fois mariée, son époux possède des terres à flanc de montagne, fertiles à souhait pour la culture de l’ail. À l’époque, le pays en comptait pas moins de vingt-cinq variétés. Mme Sujeebun commence avec un kilo de semences de la variété Blanche locale qu’elle plante sur une petite surface. Sans aucune notion scientifique, en se basant simplement sur sa compréhension personnelle de la terre, de la nature et des saisons.

- Publicité -
EN CONTINU

l'édition du jour

- Publicité -