Avec le temps, tout s’en va…

Malgré la victoire sans coup férir de son cheval Good Buddy dans la cinquième épreuve, comptant pour la dernière manche du championnat des 3-ans samedi dernier, l’entraîneur Jean-Michel Henry n’a pu cacher son irritation sur la course incompréhensible de Tiger’s Bond, de l’écurie Merven, dans ce e épreuve, même s’il a préféré au bout du compte ne pas épiloguer davantage sur ce e incongruité. Et il a bien raison, car l’insistance du jockey Marday pour se rendre aux avant-postes sur Tiger’s Bond a perturbé le bon déroulement de ce e épreuve et avait sans doute d’autres motivations, peu avouables.

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Les Racing Stewards ont logiquement ouvert une enquête sur ce e monte scandaleuse de Niven Marday sur Tiger’s Bond. Après avoir écouté les explications du jockey mauricien, les Racing Stewards (RS) l’ont trouvé coupable sous le règlement 160 (a) (j) de n’avoir pas piloté le cheval à leur satisfaction et lui ont infligé une mise à pied de quatre semaines. Les RS disent avoir pris en considération le fait qu’il détient un clean record et lui ont ainsi infligé quatre semaines de suspension. En tout cas, les RS ont, semble-t-il, la mémoire très courte, car Niven Marday a un passé chargé en « not riding to the satisfaction of the stewards » et « not taking all permissible measures », car en 2015 seulement, il fut sanctionné à trois reprises dans ces cadres-là sur les chevaux Valere (2 journées de suspension), Leo Rush (3 journées de suspension) et Ravatak (8 journées de suspension), même si ce e dernière affaire avait fait l’objet d’un appel et d’une nouvelle enquête avec des conséquences moins importantes.

On s’a end en effet généralement à ce qu’un jockey qui monte depuis quelques années à l’étranger fasse preuve de plus de jugement durant le parcours. Ses instructions étaient certes de bien sauter et de solliciter sa monture sur environ 75 mètres pour prendre la tête de l’épreuve, mais après un départ moyen, il aurait dû changer de fusil d’épaule et se contenter de suivre au sein du peloton au lieu de rester bloqué sur les consignes initiales. Ainsi, l’effort conséquent et insistant qu’il a demandé à son cheval pour aller titiller le meneur Senatla de l’écurie Rousset est plus que suspect. Cela démontre que le jockey avait en fait une autre mission en tête. Reste à savoir qui l’a influencé pour agir de la sorte. Les quatre semaines de suspension pourraient bien être compensées par des vacances tous frais payés par un commanditaire qui est loin d’être à son coup d’essai au Champ de Mars. Et là, nous ne pensons pas à l’entraîneur…

Ce e épreuve est, à quelques détails près, du copier-coller de la fameuse course de Gemmayze Street en juillet 2014 qui avait abouti à la commission d’enquête Parry. Ce cheval, alors monté par le jockey Durso, était allé mener la vie dure au cheval de l’écurie Rousset Albert Mooney pour favoriser les desseins de son compagnon d’écurie Captain Firth, qui s’était finalement imposé. Ce e course avait soulevé un tollé, au point où le jockey avait été suspendu pour 20 semaines et avait dû payer une amende de Rs 100 000 avant de fuir le pays.

Les RS semblent avoir oublié cet épisode catastrophique des courses à Maurice en ignorant que Tiger’s Bond avait dans ce e épreuve un compagnon d’écurie, Viking Trail, qui était monté par le jockey de l’écurie, Imran Chisty, et qui était le grandissime favori de la course. Avec cet ingrédient dans leurs raisonnements et analyses, il y avait de quoi pour les commissaires de courses de donner une autre tournure à leur enquête. D’autant qu’ils ont eux-mêmes réprimandé l’entraîneur Patrick Merven pour n’avoir pas informé le board d’un changement de tactique avec Tiger’s Bond. Les RS auraient dû ajouter aux reproches à l’entraîneur le fait de n’avoir pas rapporté le jockey pour sa monte inconsidérée et inacceptable en la circonstance, mais surtout, ils auraient dû avoir interrogé l’entourage du favori ba u de ce e course qui était, comme il y a cinq ans, les mêmes qui présidaient aux destinées du cheval Captain Firth. Il y a décidément des coïncidences troublantes au Champ de Mars et ce qui choque davantage aujourd’hui, c’est que les mêmes causes ne produisent pas les mêmes effets.

Il est vrai que les valeurs fondamentales de l’hippisme se sont étiolées avec le temps et que les hommes et les femmes aux responsabilités aujourd’hui ne sont peut-être pas à la hauteur des enjeux auxquels ils sont confrontés. Que bon nombre, officiels, professionnels et turfistes trouvent anodin qu’un jockey au lourd passé soit traité comme un first time off ender et que la course suicidaire d’un cheval ne soit pas analysée en fonction de son compagnon d’écurie, grandissime favori de l’épreuve, il y a de quoi désespérer que nos courses retrouvent un jour leur grandeur d’antan. De ce fait, il ne faudra pas s’étonner qu’elles poursuivent, dans ce e perspective, leurs descentes aux enfers qui menaceront à terme leur survie, si ce ne sont leur pérennité.

Le chansonnier français Léo Ferré chantait avec conviction qu’avec le temps tout s’en va. Il a raison, tout s’en va, tout fout le camp. Il suffi t pour s’en convaincre de voir comment ce qui scandalisait tout le monde il y a à peine cinq ans passe aujourd’hui pour un simple fait divers des courses au Champ de Mars. Faudrat-il alors s’étonner alors que la Gambling Reguatory Authority (GRA) continue à préparer son off ensive pour prendre sous son chapeau dès l’année prochaine le board des commissaires des courses et le comité d’appel ? Faut-il donc continuer à s’indigner que la GRA ait vu s’étendre ses prérogatives et pouvoir sur l’hippisme ce e semaine avec l’adoption du Finance Bill, alors que des tentatives de hold-up sur la piste aux yeux de tous ne sont que faiblement adressés et punis ? On se demande dans ce e conjoncture aussi si le procès MTC v/s GRA doit continuer, puisque tout ce que conteste avec raison le club est aujourd’hui devenu obsolète puisque les directives font désormais force de loi.

Dans ce e grisaille généralisée où nombre comptent sur les Jeux des îles pour redonner du rêve et du patriotisme à une île Maurice à la croisée des chemins en termes politiques, en termes de valeurs humaines et d’idéal de vie communautaire, au MTC, il y a encore quelques irréductibles qui tentent de sauver le navire qui tangue. En première ligne, le CEO, Mike Rishworth et son cercle rapproché d’appui et de soutien qui ont dans ce e conjoncture défavorable pu trouver un sponsor digne à la Maiden Cup. Dans le désert commercial engendré par le Jeux des îles mais aussi par une image contrastée mais injuste de l’hippisme mauricien, Courts, à travers son CEO, Richard Coe, et son CFO, Ashok Gopal Sonah, a su saisir ce e chance d’être associé à la plus grande épreuve hippique du calendrier mauricien, mais surtout à la course où tous les yeux et les oreilles de la nation seront vraiment attentifs.

Avec le temps, tout s’en va, mais pas la magie du Maiden qui continue, lui, à prévaloir. Qu’on se le dise, les courses hippiques et la majesté du cheval sont depuis plus de 200 ans le ciment qui lie tous les Mauriciens dans la même ferveur et le même élan pendant les quelques minutes palpitantes de la course, mais aussi avant l’épreuve et surtout après pour l’éternité dans nos mémoires. En attendant, nous apportons tout notre soutien à tous ceux qui défendront Maurice lors des Jeux des îles qui se déroulent sur notre sol. Nous leur souhaitons de nous ramener de l’or, mais surtout de grands moments de joie dans le respect des adversaires d’un jour, mais des amis pour toujours des autres îles de la région. Vive Maurice !

 

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