Avec moins de 6000 roupies par mois

La faim plus près de nous
Quel est le Mauricien qui, après avoir appris tout récemment que statistiquement 100 000 de ses concitoyens gagnent moins de 5000 ou 6000 roupies par mois, n’a pas été choqué voire scandalisé ? Il ne se passe presque pas une semaine où la presse écrite ne  tente de nous sensibiliser en mettant au grand jour, avec photos à l’appui, la MISERE dans laquelle vivent des familles entières.  Après moult reportages sur les conditions inhumaines dans lesquelles évoluent des êtres si proches de nous, comment rester insensibles, comment dormir la conscience tranquille, en toute quiétude, dans un lit douillet entre quatre solides murs ?
Ils ne sont pas clochards comme certains aiment à le penser, car s’ils vivent aujourd’hui en marge de la société, ils ne l’ont pas choisi. Un jour, une lettre de licenciement, un accident de la circulation, un divorce… les ont lentement menés vers l’abîme de l’isolement puis à la misère matérielle et morale.
Mais qui donc vit avec sa pension de vieillesse ? Qui ? A moins de mendier à droite et à gauche, de s’humilier auprès des parents, car il s’agit bien, hélas, dans la plupart des cas, d’humiliation.
La paupérisation de la classe moyenne…
En France, le phénomène déjà ancien de la pauvreté atteint des proportions intolérables ! A chaque hiver, des personnes meurent de faim et de froid. Qui donc ?
Des chômeurs en fin de droits, par exemple. Mais aussi des invalides du travail, des handicapés, des parents isolés, des jeunes à la recherche d’un premier emploi…
Basculer dans ce nouvel état signifie bien souvent, outre l’humiliation, le sentiment d’inutilité, les privations, les souffrances. C’est aussi trop souvent chez nous, l’impossibilité de chercher un emploi, parfois par manque de moyens matériels ou vestimentaires, voire « tout simplement » par absence de domicile fixe.
Hier, être nécessiteux signifiait avoir du mal à faire face aux échéances de fin de mois ou rogner sur l’habillement…
Aujourd’hui, pour bon nombre de ces victimes d’un chômage qui n’est plus conjoncturel mais bien installé dans nos sociétés (trop ?) développées, c’est la misère avec sa cohorte d’abominations : la faim, le froid, la solitude… le SUICIDE.
… menace l’équilibre social de nos sociétés avancées
Déjà l’insécurité commence à envahir notre petit paradis. La consommation de toutes sortes de drogues, l’alcoolisme, l’inceste, la prostitution, les vols, les fraudes, la corruption,  les viols, les crimes de sang…ne cessent d’augmenter.
Que faire alors ? That is the question. A mon humble avis, pour éviter la déstabilisation violente de notre société, il y aurait lieu, dans un premier temps, d’élaborer un véritable « PLAN ORSEC » de la pauvreté, avant d’aller vers un renforcement effectif des solidarités, vers plus de justice et moins d’égoïsme…
Ce plan d’urgence pourrait se composer d’aides au paiement de certains loyers, d’un moratoire sur les gros impayés d’eau ou d’électricité, de consentement de prêts sans intérêts par les banques, d’attribution de logements sociaux inoccupés à des associations humanitaires ou d’ouverture de centres d’accueil.
 
L’hiver risque d’être dur s’il ne l’est déjà
 
Le financement de telles opérations pourrait, par exemple, provenir d’une contribution (raisonnable) obligatoire prélevée chez les plus fortunés ou d’un meilleur discernement dans la redistribution des finances publiques, mieux adaptées  aux besoins des « nouvelles » couches de la société.
Mais, il est bien évident qu’à terme, si cette pauvreté venait à s’étendre, ce sont des mesures plus profondes qu’il y aurait lieu de mettre en place.
Ces réformes toucheront inévitablement au niveau de vie global de la plupart d’entre nous.
En effet, le partage de l’emploi en général, des revenus du travail, entamera quelque peu le confort de certains. Mais qui sait si demain…
Dans le règlement de ce problème, il ne «  faut pas déshabiller Paul pour habiller Pierre. »
C’est dans nos consciences, dans nos comportements quotidiens qu’il y a lieu (déjà) de mettre de l’ordre.
Tout d’abord, c’est aux chômeurs eux-mêmes de s’organiser au sein d’associations, ne serait-ce que pour s’apporter un soutien moral mutuel, sinon une entraide matérielle ou intellectuelle.
Ensuite, les mouvements caritatifs, les bénévoles (retraités, juristes…), les diverses collectivités doivent pouvoir, à l’échelle locale, être à même d’apporter à ces concitoyens privés d’emploi, du travail ou même (et surtout) des conseils pratiques visant à faciliter leurs recherches dans ce domaine. Pour les plus âgés, en attendant la retraite légale, le chômage est souvent définitif. Certains, retenus par la honte, n’osent pas solliciter du secours. Drapés dans leur dignité, ils souffrent en silence, parfois, ils sont nos voisins de palier.L’île Maurice, c’est un plaisir?…Plus près de nous…Le quart monde.
 
 
 

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