BAI : La rupture avec les Special Administrators

Dix-neuf semaines après l’écroulement de l’empire Dawood Rawat, évalué à Rs 35 milliards, la rupture est consommée entre les autorités et les Special Administrators de BAI Co (Mtius) Ltd and Related Entities. Après le remplacement du Senior Partner André Bonieux de PwC en mai dernier par Yogesh Basgeet, Mushtaq Oosman est passé à la trappe en fin de semaine. En effet, sa nomination en tant que Special Administrator a été « terminated » sur décision du conseil des ministres d’hier sous la présidence du Premier ministre, sir Anerood Jugnauth. Entre-temps, l’autre Special Administrator, Yogesh Basgeet, se voit investir de la mission d’assurer le transfert des Assets du défunt groupe d’assurances BAI à la National Insurance Company et la National Property Fund Ltd. Le conseil des ministres d’hier, qui a également pris note du bilan de cette première étape post-Ponzi Scheme de Dawood Rawat, a entériné les principales décisions arrêtées en cours de semaine et pilotée par le ministre des Services financiers, Roshi Bhadain, soit le choix de David Isaacs pour la reprise de Courts et la nécessité d’un Business Plan de la New Iframac Motors Ltd avec l’Employee Buy-Out. Pour ce qui est de la clinique Apollo-Bramwell, qui passe sous le contrôle de la National Insurance Company Ltd, une délégation d’Apollo-Delhi, dirigée par son Chairman, le Dr Prathab Reddy, a fait le déplacement à Maurice depuis jeudi dernier pour des « wide-ranging discussions » sur la gestion de cette entité consacrée au traitement médical.
Depuis des semaines déjà, le torchon brûlait entre les autorités assurant la supervision de la mise sous administration du groupe BAI Co (Mtius) Ltd et les Special Administrators. Le tout avait commencé à se faire sentir avec la nomination des Senior Partners d’E&Y (Mauritius) Ernst&Young pour le monitoring des opérations du tandem Oosman/Basgeet et surtout avec le gel de dernière heure de la vente aux enchères de 40 Mercedes-Benz appartenant à la compagnie Iframac dans une tentative de recouvrer des ressources financières pour assurer les frais encourus jusque-là.
Mais les relations ont continué à se détériorer jusqu’à la fin de la semaine dernière au vu du délai de 48 heures imposé aux Special Administrators pour mettre au point l’adjudication de Courts, avec pour principal enjeu de préserver le maximum des quelque 900 emplois dans les succursales de Courts. En parallèle, le dossier d’Iframac avait été pris en main avec la proposition d’Employee Buy-Out en discussions entre les représentants des employés, le ministère des Services financiers et la Financial Services Commission.
L’un des principaux reproches des autorités adressées aux Special Administrators est leur façon de procéder dans trois dossiers spécifiques, notamment le Management Buy-Out de la société Solis Indian Ocean Ltd, engagée dans le tourisme réceptif et considérée comme étant profitable, pour la somme de Rs 5 millions de roupies à Lady Moollan et au Chief Executive Officer, et ce sans aucun exercice d’appels d’offres préalables, l’absence de communication au sujet de la décision de Mercedes-Benz, Mitsubishi et Peugeot de révoquer les franchises d’Iframac au lendemain de la nomination par le groupe BAI de Sattar Hajee Abdoula en tant qu’administrateur et la mise à l’écart de l’offre du consortium de David Isaacs au profit de celle de Courts Asia pour la reprise de Courts.
David Isaacs, l’ancien patron de Courts, a dû frapper à la porte de la FSC pour que son offre soit prise en compte. Il avait également bénéficié du soutien d’une pétition signée de 725 des 900 employés de Courts contestant le choix de Courts-Asia, dont les représentants à Maurice avaient déjà fait le tour des succursales en présentant le nouvel uniforme du groupe. Une indication que l’offre de Courts-Asia avait été validée par les Special Administrators sauf que le renversement de cette décision par la FSC devait les prendre à contre-pied.
Le conseil des ministres d’hier a avalisé le choix de David Isaacs en avançant que « with regard to the sale of Courts (Iframac Retail), Cabinet has agreed to the Financial Services Commission (FSC) and the Special Administrator proceeding with the retained bid of Mammouth (Mauritius) Ltd as that was the best offer in respect of the employees of Courts. »
De son côté, dans un communiqué émis jeudi après-midi, Terry O’Connor, Chief Executive Officer du groupe Courts Asia Ltd, fait état de son étonnement devant le choix du consortium David Isaacs par le ministre des Services financiers. « Nous avons été choqués et étonnés par le communiqué de presse impromptu du ministre des Services financiers et de la Bonne gouvernance qui indique qu’un autre consortium a été sélectionné en tant que soumissionnaire gagnant. Les administrateurs spéciaux nous avaient pourtant informé de manière explicite par écrit que Courts Asia était le soumissionnaire retenu pour l’acquisition de l’entreprise de Courts Mauritius, et qu’il y avait des discussions exclusives en cours qui n’incluaient pas d’autres soumissionnaires », souligne le CEO de Courts Asia, qui se dit dans l’attente de précisions.
Problèmes ?d’envergure
Dans un communiqué émis,hier soir, la FSC rejette les allégations au sujet de tout feu vert accordé aux Special Admiistrators pour négocier de manière avec Court Asia pour la reprise de Cort. Cette confirmation vient remettre enquestion l’affirmation de Courts Asia à ce sujet.
Un autre facteur, qui aurait pesé lourd dans la balance pour la « liquidation » par le conseil des ministres du Special Administrator Mushtaq Oosman, est le fait que « les solutions aux problèmes d’envergure tardaient à venir ». « Dans ces cas spécifiques, le gouvernement a dû Jump In pour parer au plus pressé. Il y a le dossier de la clinique Apollo-Bramwell avec le gouvernement devant intervenir dans la reprise avec un projet de transformation en centre hospitalier universitaire. Il y a encore les investissements de BAI au sein de la société kenyane Britam compte tenu de la formule de Warehousing proposée par le gouvernement avec la garantie de l’Etat pour une ligne de crédits de Rs 350 millions de la Banque de Maurice pour assurer le paiement de la seconde tranche du Super Cash Back Gold aux victimes de l’arnaque Dawood Rawat », fait-on comprendre à l’hôtel du gouvernement.
En principe, l’une des dernières missions de Mushtaq Oosman en tant que Special Administrator était d’apposer sa signature au bas des documents légaux authentifiant le transfert des Assets and Liabilities de BAI Co (Mtius) Ltd à la National Insurance Company Ltd. « Cette cérémonie de signature est prévue pour ce vendredi après-midi et à partir de cet instant, cette nouvelle compagnie d’assurances devient opérationnelle », a-t-il fait comprendre en substance. Mais aucune confirmation officielle de cette étape en début de soirée d’hier.
« No comment »
Interrogé par Le Mauricien quant au dénouement du mandat de Special Administrators, Mushtaq Oosman devait tout simplement déclarer : « No comment ! Very relaxed et serein ! ». Toutefois, dans la soirée d’hier, PriceWaterhouseCoopers (PwC) devait faire parvenir à la presse un communiqué pour donner leurs explications au sujet de la décision du conseil des ministres (voir détails plus loin).
En principe, le Special Administrator Yogesh Basgeet a été maintenu à ses fonctions pour assurer le transfert des autres Assets and Liabilities aussi bien que les opérations d’Asset Recovery que ce soit à Maurice, avec l’axe Media Metrix Ltd/Yukondale Ltd, ou à l’étranger, notamment au Kenya, à Malte avec GlobalCapital à Guernsey, avec CJ Schroders ou encore en Grande-Bretagne et aux Etats-Unis.
D’autre part, la clinique Apollo-Bramwell sera transférée sous le contrôle de la National Insurance Company en attendant d’autres développements. Toutefois, une mission d’Apollo-Delhi est arrivée à Maurice en fin de semaine afin d’engager des consultations avec les autorités mauriciennes sur la reprise de cette clinique. « Apollo-Delhi a montré un intérêt pour la clinique. Des discussions sont en cours par rapport à différentes options partant d’un Management Contract pour la gestion de la clinique jusqu’au probable rachat si les conditions sont acceptées de manière réciproque », indique-t-on dans les milieux autorisés à l’hôtel du gouvernement.

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