Banques centrales africaines : La BoM met en garde contre le protectionnisme

  • Yandranuth Googoolye: « Ce n’est pas la réponse aux défis économiques actuels »

Intervenant lundi lors de l’ouverture du séminaire continental de l’Association des banques centrales africaines sur le thème “Renewed Protectionist Tendencies : some implications for macroeconomic policy in Africa”, le gouverneur de la Banque de Maurice, Yandranuth Googoolye, a expliqué que certaines économies avaient payé le prix de l’ouverture commerciale. « Un certain nombre d’entre elles enregistre un déficit commercial persistant et fait face à une concurrence intense. Nous avons également assisté à des scénarios de protectionnisme entraînant une augmentation des barrières non tarifaires », a-t-il expliqué.

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Et le sentiment « antimondialisation » qui est apparu depuis la crise financière a été progressivement renforcé par la “trade war”, ce qui a entraîné un « renversement » plus large de la mondialisation. Certaines économies ont même annoncé des “retaliatory measures”, a poursuivi le gouverneur. Malgré tout, il a insisté sur le fait que « le protectionnisme n’est pas la bonne réponse aux défis économiques auxquels certaines économies sont confrontées. »

Pour soutenir ses propos, il s’est appuyé sur une déclaration de l’ancien président américain Barack Obama : « Il existe des préoccupations légitimes et des craintes que les forces de la mondialisation laissent sur le pavé trop de gens – et nous devons prendre au sérieux ces préoccupations et y répondre. Mais la solution ne consiste pas à se replier sur nous-mêmes et à adopter le protectionnisme. Nous ne pouvons fuir le commerce ».

Le recours au protectionnisme commercial et les mesures y relatives ont une incidence sur la libre circulation des biens et des services, a expliqué le gouverneur de la banque centrale, et affectent les performances économiques à travers le monde. « Les tarifs douaniers plus élevés ont un effet sur la croissance et l’inflation, tout en impactant les conditions financières, les attentes et la confiance à court et moyen termes », a prévenu Yandranuth Googoolye, des éléments qui doivent être pris en considération par les banques centrales dans la formulation de politiques monétaires.

Le gouverneur de Banque de Maurice a poursuivi en expliquant que des tarifs douaniers plus élevés pourraient se traduire par des prix à l’importation plus élevés, ce qui augmenterait les coûts de production des entreprises. « Cela pourrait à terme réduire le pouvoir d’achat des ménages. Finalement, dépendant de l’ampleur de ces impacts, ils pèseraient sur la consommation, l’investissement et l’emploi, ce qui pourrait affecter négativement la performance du PIB ». Et par ricochet, l’incertitude sur les perspectives de croissance ne peut que retarder les décisions d’investissement. « C’est quelque chose que nous ne souhaiterions pas voir. Les obstacles au commerce entraîneraient également une baisse de la productivité et du “potential output” », a-t-il ajouté.

Ce “continental seminar” de l’Association des banques centrales africaines a été l’occasion pour les participants de discuter des conséquences à court, moyen et long termes des tensions commerciales observées dans certains pays développés et émergents sur les économies africaines. Les discussions – étalées sur deux jours – devraient aboutir à des recommandations sur les stratégies à adopter par les pays africains pour faire face au protectionnisme commercial croissant, avec accent sur le potentiel économique du continent et l’intégration régionale. Ce séminaire a également permis de discuter du comportement des banques centrales africaines face aux perturbations causées par l’évolution des tarifs douaniers à l’échelle mondiale. Par ailleurs, la montée du protectionnisme pourrait être une opportunité pour accélérer la mise en œuvre de la zone de libre-échange continentale (African Continental Free Trade Area).

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