Bastos et Sobrinho, deux faces d’une même pièce

  • Après le gel des comptes du Quantum Global Group pour retracer Rs 17,8 milliards, l’ICAC pourrait se mêler de la partie pour démêler les dessous de l’Angola Connection
  • Des banques commerciales sous pression de l’International Consortium of Investigative Journalists pour des éclaircissements sur leurs exercices de Due Diligence
  • La FSC sous le poids d’une succession de scandales dont le dernier en date porte sur l’Indien Jignesh Shah de GBOT

Les agissements de l’Angola Connection au sein du Global Business Sector continueront à défrayer la chronique tant à Maurice qu’à l’étranger. Avec la Planet Earth Institute/State House Connection sous la présidence d’Ameenah Gurib-Fakim avec pour confident Alvaro Sobrinho, et depuis le week-end au vu des Freezing Orders contre pas moins de 58 comptes bancaires opérés par Jean-Claude Bastos de Morais au nom du Quantum Global Group, cette connexion angolaise est au centre des préoccupations de la haute finance à Maurice, avec notamment un compte personnel de Jean-Claude Bastos de 60 millions de dollars américains, et à l’étranger. D’ailleurs, l’International Consortium of Investigative Journalists (ICIJ), qui avait levé le lièvre Bastos à Maurice dans la série des Paradise Papers à la fin de l’année dernière, suit de près les derniers développements intervenant à Maurice depuis le début de ce mois avec l’arrivée à Maurice d’un envoyé spécial de l’Angola pour retracer les placements des trois milliards de dollars américains de l’Angola Sovereign Fund. La prochaine étape de cette affaire vise à établir les liens étroits entre les affaires d’Alvaro Sobrinho et de Jean-Claude Bastos de Morais, se présentant sur le plan international comme des philanthropes hors pair et jonglant avec des milliards, la Suisse étant la base d’opérations. L’une des prochaines attributions d’une enquête confiée à l’Independent Commission Against Corruption sera de déterminer la thèse que Sobrinho et Bastos constituent les deux faces d’une même pièce, Quantum Global Group étant le recto, vu que la présence dans le Global Business Sector remonte à 2012. Entre-temps, la Financial Services Commission se retrouve de nouveau accablée dans le contexte d’un nouveau scandale avec pour principal protagoniste un ressortissant indien, Jignesh Shah, de GBOT, reçu avec tapis rouge depuis 2013.

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De nouveaux développements sur le plan local sont à prévoir au niveau du Global Business Sector, l’ICAC se préparant à accélérer les procédures d’enquête sur le scandale de Quantum Global Group. « Il est évident qu’avec des Freezing Orders émis par la Cour suprême portant sur des montants de Rs 17,8 milliards dans le cadre de l’enquête sous les dispositions du Financial Intelligence and Anti-Money Laundering Act, l’ICAC pourra difficilement en bordure de route ne pas s’intéresser aux connexions à Maurice ayant favorisé les desseins de Jean-Claude Bastos. Certes, cette institution consacre actuellement une bonne partie de ses ressources à l’affaire Sobrinho. Mais dans les délais raisonnables, le cas de Jean-Claude Bastos devra faire partie des priorités de l’ICAC d’autant plus que les similarités existent entre les cas même si le Casting politique peut être différent », fait-on comprendre dans des milieux autorisés.

Dans le camp de Quantum Global Group, qui affirme assurer sa collaboration avec les autorités mauriciennes, l’on se montre serein à l’effet que les dépôts dans les 58 comptes bancaires cités dans les Judge’s Orders « ne souffrent d’aucune contestation ». Par contre, la séquence de l’installation de Jean-Claude Bastos de Morais à Maurice depuis 2012, selon les dires de Me Marc Hein, Senior Counsel, et à la tête de JurisTax Ltd, devrait intéresser l’ICAC, et surtout depuis février 2014, soit exactement le 25 février 2014, quand les applications pour des Global Business Licences ont été déposées à la FSC pour la Management Company Estera Management (Mauritius) au nom de Jean-Claude Bastos de Morais.

De leur côté, outre le fait d’avoir à constituer des équipes spécialisées pour revoir toutes les procédures suivies dans les dossiers des sept fonds d’investissement, dont les comptes ont été gelés, les banques commerciales, concernées à savoir l’AfrAsia Bank Ltd, la Mauritius Commercial Bank, la State Bank of Mauritius, et le Standard Chartered Bank, sont aussi sous la pression de l’International Consortium of Investigative Journalists. Ce consortium, qui est à la base de la série de dénonciations des pratiques dans des centres financiers offshore avec les Paradise Papers, s’intéresse à une seule question, à savoir quelles sont les procédures de Due Diligence adoptées notamment dans le cas de Jean-Claude Bastos de Morais.
Les premières indications sont que ces banques commerciales laissent entendre en privé « que la priorité de l’heure demeure les enquêtes formelles initiées à ce jour ». Toutefois, des sources bancaires maintiennent que toutes les procédures ont été suivies. « Il ne faut pas oublier que les transactions ont été exécutées au nom de l’Angola Sovereign Fund et que vu l’envergure des mouvements de fonds et les répercussions sur le plan économique, la Banque de Maurice, en tant que Regulator of the Banking Sector, avait eu son mot à dire », ajoute-t-on en guise de mise en perspective.

Mais la Financial Services Commission continue à être sous pression devant la série de scandales. Le dernier en date a été abordé lors du Question Time de mardi à l’Assemblée nationale. Dans l’affaire du Global Board of Trade Ltd (GBOT), qui a cessé ses opérations sur le marché boursier à Maurice depuis janvier de cette année, le ministre des Services financiers, Sudhir Sesungkur, a donné raison au député du MMM, Reza Uteem. « The Honourable Minister just mentioned that as far back as 2014, the FSC knew that this company was not fit and proper. Is the hon. Minister aware that in 2016, the promoter of this company, Mr Jignesh Shah, was arrested not once, but twice, once for money-laundering offence and the second time for prevention of corruption and still the FSC did not take any action against him… » devait faire comprendre Reza Uteem.

Le député du MMM, qui réclame un Overhauling de la FSC, a ajouté que « we have heard Alvaro Sobrinho, we are hearing Jean-Claude Bastos de Morais, now Jignesh Shah, wouldn’t the hon. Minister agree with me that the Financial Services Commission is creating a lot of harm to the reputation of Mauritius by not taking any sanction against promoters who are dubious and who do not pass the Fit and Proper Person Test? »

Le ministre des Services financiers mettant en avant « le lourd héritage », le ton est donné quant aux orientations en vue de confirmer qu’Alvaro Sobrinho et Jean-Claude Bastos de Morais pourraient constituer les deux faces de la même pièce…

 

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