Syndicat des pêcheurs : « Un plan pour les bailleurs de fonds »

L’appel d’offres pour l’achat de trois bateaux de pêche semi-industriels a été lancé le 28 janvier dernier. Toutefois, les pêcheurs dénoncent le fait que les coopératives de pêche devront posséder des fonds de Rs 800 000 pour y être éligibles. Selon eux, ce plan introduit dans le budget 2016-17 correspond plus aux « bailleurs de fonds et agents politiques », car les « vraies » coopératives de pêche n’ont pas cette somme dans leurs caisses.

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Pourquoi avoir attendu deux ans pour appliquer une mesure budgétaire ? Le Syndicat des pêcheurs semble l’avoir compris en épluchant l’ “Expression of Interest” à ce sujet. Pour Lallmamode Mohamedally, vice-président, cet appel d’offres a été « taillé sur mesure pour les bailleurs de fonds et autres agents politiques ». Il explique : « Les critères disent que les coopératives doivent être constituées de trois pêcheurs ayant au moins deux ans d’expérience. Est-ce que quelqu’un qui vient d’obtenir une carte de pêcheur il y a deux ans peut sortir dans un bateau semi-industriel pour une campagne en haute mer ? Il faut au moins dix ans d’expérience pour cela. Avec deux ans d’expérience, ils ne maîtrisent même pas tous les rouages à l’intérieur du lagon. Comment vont-ils pêcher hors du lagon ? »

De plus, souligne Lallmamode Mohamedally, parmi les critères d’éligibilité, les coopératives de pêche doivent avoir des fonds de Rs 800 000 dans les caisses au moment de leur demande. « Où les pêcheurs vont-ils trouver cette somme ? Qui plus est, il n’y a aucune garantie que la coopérative bénéficiera du “grant”. Que se passera-t-il si une coopérative emprunte Rs 800 000 rien que pour être éligible à ce plan et si, par la suite, sa demande est rejetée. Il est donc clair que ce “scheme” n’est pas pour nous. C’est pour les bailleurs de fonds, des agents politiques. »

Ce plan a été introduit pour la première dans le budget 2016-17. Provision avait été faite pour trois bateaux semi-industriels. Il a fallu attendre plus d’un an pour qu’une première coopérative soit sélectionnée. Il s’agit de la coopérative Mandrin, menée par Mohamed Mustapha, aussi connu comme Gandhi, fervent supporter du Premier ministre. C’est en 2018 que le bateau Mariam 1 a fait sa première campagne de pêche. « Aujourd’hui, cette coopérative se trouve en grandes difficultés. Les pêcheurs qui en faisaient partie ont été renvoyés et le bateau acheté avec ce “grant” a été loué à une tierce partie. Voilà ce qui se passe quand ce sont les bailleurs de fonds qui contrôlent les coopératives. »

Accentuant la pression, la coopérative de Judex Rampaul, président du Syndicat des pêcheurs, a obtenu le deuxième “grant”. Le bateau de Yéyé Fishing Cooperative, construit au Sri Lanka, vient d’arriver à Maurice et attend de démarrer sa première campagne de pêche. Le troisième “grant”, lui, est allé à la coopérative Golette Blanche, qui vient de la circonscription du ministre de la Pêche, Prem Koonjoo.

Le plan avait été renouvelé dans le budget 2017-18 pour trois autres bateaux. C’est cet appel d’offres qui vient d’être lancé le 28 janvier. Le Syndicat des pêcheurs lance un appel pour que ce soit les “genuine fishermen” qui en profitent. Pour dénoncer les pratiques des autorités dans l’allocation de “grants”, le Syndicat des pêcheurs a décidé qu’il ne fera pas de propositions pour le prochain budget. « Nous ne pouvons faire des propositions alors que, par la suite, ce sont les bailleurs de fonds et agents politiques qui en profitent. »

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