“BEAK AND FEATHER DISEASE”: Gros cateau vert, découverte d’une équipe de Kent University

Une équipe de scientifiques de l’Université de Kent, en Angleterre, a réussi à identifier les différentes étapes de mutation d’un circovirus génétique (groupe de virus de forme circulaire) rare responsable de l’épidémie de Psittacene Beak and Feather Disease, maladie qui affecte spécifiquement le Mauritius Echo Parakeet, communément appelé “gros cateau vert”. Ce perroquet endémique fut sauvé de l’extinction il y a une trentaine d’années grâce à un programme de conservation initié par la Mauritian Wildlife Foundation (MWF) avec la collaboration de scientifiques internationaux.
Nicolas Zuel, Fauna Manager à la MWF, est d’avis que cette maladie a pu être introduite à Maurice par des perroquets importés d’Australie comme animaux de compagnie. Il explique que ce virus génétique s’attaque aux jeunes cellules de perroquets non encore adultes et se multiplie, empêchant le bon développement du plumage et du bec. On observe alors un jaunissement des plumes, qui finissent par tomber. Ce processus peut prendre entre quelques semaines et plusieurs mois dépendant de la virulence du virus. L’oiseau, en l’absence de plumage, ne pouvant voler pour chercher sa nourriture, meurt. Or une équipe menée par le Dr Jim Groombridge, du Durrell Institute of Conservation and Ecology (DICE) de l’Université de Kent, a pu identifier l’évolution du virus grâce à une banque d’échantillons d’ADN de cateaux verts de Maurice constituée pendant plus de quinze ans. Dans une déclaration citée par Science Daily mardi dernier, le Dr Groombridge explique que les circovirus « are amongst the smallest and simplest of all DNA viruses and detailed knowledge of how they evolve has largely remained a mystery, but the outbreak of Beak and Feather Disease ironically presented our team of scientists with the rare opportunity to gain an insight into the evolution of what is a poorly-characterised virus in a wild population. » L’équipe a analysé le virus génétique présent dans des échantillons de sang collectés durant les prises de routine des Monitoring Programmes annuels. Par chance, ces archives comprennent des échantillons des périodes précédant, durant et après l’épidémie, et ont ainsi permis de comprendre les séquences de l’évolution du virus et la propagation de la maladie. Le scientifique ajoute à l’adresse de Science Daily : « What our team found was remarkable ». Il explique que juste avant l’épidémie, deux mutations sont survenues « within a gene of the virus that is involved in viral replication. The exact functional nature of these changes and how they elicited the outbreak is presently unknown. »
Système immunitaire
Selon Science Daily, ces découvertes, publiées dans le Journal of Virology, intéressent au plus haut point les virologues du fait qu’un des deux gènes de ce virus « has always been considered to be relatively impervious to the influence of natural selection. » Et de citer encore une fois le Dr Jim Groombridge qui souligne que le phénomène le plus remarquable est la manière dont ces formes mutantes ont supplanté les autres génotypes du virus qui ont attaqué la population de perroquets : « This phenomenon, known as a selective sweep, has never before been observed in such detail in a virus infecting a natural wildlife population. » L’équipe de l’université de Kent concentre maintenant ses recherches sur le système immunitaire du Mauritius Echo Parakeet.
Dans le cadre de ces découvertes, la MWF prévoit d’avoir des réunions de travail avec les scientifiques du DICE pour connaître la marche à suivre. La population de cateaux verts a connu une augmentation conséquente depuis le début des années 90 quand il ne restait plus qu’une vingtaine d’oiseaux. Un travail de reproduction en captivité entrepris par la MWF devait au fil des ans donner des résultats probants. La population de Echo Parakeet est actuellement de 540 individus.
L’article paru dans le Journal of Virology est signé Samit Kundu, un scientifique du Durrell Institute of Conservation and Ecology qui était venu à Maurice, il y a environ six ans, à la requête de la MWF lorsque l’épidémie de Beak and Feather Disease s’était déclarée. Le pays devait perdre une centaine des quelque 300 Echo Parakeets. M. Kundu avait découvert les différentes mutations dites “selective sweep”. Deux autres chercheurs du DICE, Simon Tonlington et Claire Raisin, avaient participé aux recherches. Cette dernière avait découvert que les individus de la population de perroquets qui ont une parenté proche étaient plus facilement affectés par la maladie. L’équipe avait par ailleurs trouvé que la maladie se transmettait par la poussière présente dans le plumage des oiseaux et avait recommandé le port de combinaisons par le personnel de la MWF travaillant sur le terrain afin d’en limiter la propagation. Une mesure d’hygiène et de prévention qui se poursuit à ce jour.

- Publicité -
EN CONTINU

l'édition du jour

- Publicité -