Blanchiment d’argent et évasion fiscale : l’Africa Strategy prend l’eau avec l’épisode ESAAMLG

L’Africa Strategy de Maurice dans le secteur financier commence à prendre l’eau et les opérateurs concernés cachent difficilement leurs appréhensions devant la succession d’atteintes à la réputation internationale du Global Business Sector.

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Le dernier élément en date reste la tentative de Maurice de bloquer la dernière édition du Mutual Evaluation Report d’ESAAMLG, une organisation panafricaine réunissant 18 pays de la région, engagée dans la lutte contre le blanchiment de fonds et le financement du terrorisme sans compter les délits d’évasion fiscale au préjudice des États africains. Ensuite, cette semaine encore il y a l’inclusion de Maurice dans une liste de High Risk Jurisdictions, dressée par un consortium de banques internationales, dont HSBC, Standard Chartered ou JP Morgan, entre autres.

De son côté, le gouvernement, qui a objecté à la publication des Findings d’ESAAMLG sur le problème de blanchiment de fonds et la réputation de Tax Haven de Maurice, prévoit que le rapport de la Financial Crime Commission, qui doit être publié prochainement, pourrait apporter des remèdes aux maux diagnostiqués sur le double front de la lutte contre le blanchiment de fonds et le financement du terrorisme à Maurice. Toutefois, l’urgence de la situation s’explique par le fait qu’en début de cette année, l’ESAAMLG avait menacé de « downgrade » Maurice pour une absence de supervision dans des mouvements de fonds transfrontaliers conséquents.

En tout cas, prenant en compte les réactions sur le plan international et surtout dans les pays d’Afrique, la lettre du 25 juin, signée du ministre des Services financiers et de la Bonne Gouvernance, Sudhir Sesungkur, n’a pas donné les effets escomptés. Au contraire, la réputation de Maurice et du Global Business Sector a pris un sacré coup. Le gouvernement voulait bloquer la divulgation du Mutual Evaluation Report d’ESAAMLG, avec une mission d’experts de cette dernière organisation à Maurice pour des consultations en juin de l’année dernière, vu des zones d’ombre et de critiques, jugées sévères en matière d’International Anti-money Laundering and Combating Terrorist Financing Standards.

L’Africa Strategy de Maurice prend l’eau avec l’épisode d’ESAAMLG. C’est le point de vue unanime dans le secteur des services financiers. Et le leader de l’opposition, Xavier-Luc Duval, qui en tant qu’ancien ministre des Finances avait déjà présidé le conseil des ministres d’ESAAMLG, de confirmer ce « faux pas du ministre avec sa lettre du 25 juin ». « L’Africa Strategy de Maurice est mise à mal avec deux affaires survenues au cours de cette semaine. D’abord, la manière maladroite avec laquelle le ministre des Services financiers a traité le Mutual Evaluation Report sur Maurice a eu tout l’effet contraire. Il voulait étouffer ces recommandations et conclusions. Or, que constatons-nous? Le cas de Maurice est Splashed dans la presse internationale avec des critiques à peine voilées sur le plan régional », fait-il ressortir.

Xavier-Luc Duval ajoute que la liste de High Risk Jurisdictions incluant Maurice est venue se greffer sur une équation extrêmement difficile sur le plan international. « All this boils down to the fact that the reputation of Mauritius is worsening day by day », ajoute-t-il.

Toutefois, des recoupements d’informations effectués par Le Mauricienauprès de sources concordantes indiquent que « la situation pour Maurice pourrait être encore plus grave ». Mais aucune des sources officielles à l’hôtel du gouvernement ou au sein de Lakwizinn du Prime Minister’s Office n’a voulu s’aventurer pour confirmer que la juridiction de Maurice serait sous le coup d’une menace de « downgrade » de la part de l’ESAAMLG.  L’une des raisons avancées porterait sur l’absence de supervision dans le secteur des services financiers avec des mouvements de fonds transfrontaliers d’envergure.

Les informations disponibles laissent comprendre qu’une importante mission mauricienne, comprenant des représentants de la Banque de Maurice, de la Financial Services Commission, de la Financial Intelligence Unit et dirigée par un Top Gun de l’Attorney General’s Office, s’était rendue d’urgence à Arusha, en Tanzanie, pour des consultations avec le secrétariat de l’ESAAMLG. Cette dernière organisation panafricaine avait brandi la menace de « downgrading » de Maurice avec de graves répercussions sur le plan international. Le mandat de la mission de Maurice était d’objecter à cette décision en plaidant l’engagement de Maurice dans la lutte contre le blanchiment de fonds et le financement du terrorisme.

En tout cas, la délicate équation dans laquelle se trouve Maurice dans le contexte du Mutual Evaluation Report, avec des conclusions lourdes pour le secteur des services financiers, ne devrait constituer une surprise pour l’hôtel du gouvernement. En effet, il y a la menace de « Downgrade » du début d’année puis l’ébauche du Mutual Evaluation Report contestée.

En guise de riposte à cette offensive contre Maurice dans le domaine de la lutte contre le blanchiment de fonds, l’hôtel du gouvernement s’appuie sur le prochain rapport de la Financial Crime Commission Report. « As regards financial crimes, the Working Group on the Financial Crime Commission project will submit its report soon.  The Report will address all the recommendations made in the 2018 ESAAMLG Mutual Evaluation of Mauritius’s compliance with the international anti-money laundering and combating terrorist financing standards », peut-on lire en substance dans la littérature officielle à ce titre.

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