BLUE PENNY MUSEUM: Mythes, espoirs et savoirs autour d’une sirène…

Les reproductions en grandeur nature d’un dugong adulte et d’un petit sont arrivées le 7 novembre au Blue Penny Museum (BPM), pour constituer une des principales attractions de la prochaine exposition du musée, consacrée aux espèces éteintes de Maurice, autres que le dodo. Intitulée, « Le dernier gong du dugong », cette exposition présente également les peintures de Ria Winters, de l’association Artists for the environment, et les sculptures de Nick Biby, prêtées par la Mauritian Wildlife Foundation, consacrées pour la plupart à des espèces animales, contemporaines du dodo avec lesquelles l’homme n’a pas su cohabiter. À découvrir du lundi 21 novembre au samedi 31 décembre.
« Une grosse peluche de la mer, un animal très placide et particulièrement attachant ! » Nils Bertrand, un des rares spécialistes à avoir vu récemment des dugongs dans le lagon mahorais les décrit en ces termes, dans le reportage vidéo « Les dernières sirènes de Mayotte » co-réalisé en 2008 par Sea Blue Safari et Megaptera. Aussi est-il d’accord avec le vieux pêcheur, Vélou, pour qui le dugong femelle ressemble à une femme, tête et queue mises à part. Quand la femelle allaite, ses deux mamelles proéminentes feraient effectivement penser au corps d’une femme. Il s’appelle d’ailleurs « doutzi » en mahorais, ce qui signifie sirène ! Vélou rappelle même une tradition du milieu de la pêche qui voulait qu’on jure de ne pas avoir couché avec un tel animal lorsqu’il avait été ramené au port !
Longtemps et régulièrement consommé pour sa chair, le dugong a commencé à décliner dans le lagon mahorais à partir des années 80, sous la pression humaine, à cause de la disparition de son habitat, des prairies sous-marines, ainsi qu’en raison des accidents avec des coques de bateaux et engins nautiques. Ce film soutient qu’il n’en restait que cinq spécimens, dont on pensait qu’ils auraient des difficultés à se reproduire. Pourtant, en septembre 2010, les représentants de Megaptera ont vu émerger en surface une mère et… son petit au nord de Mayotte. Compte tenu du faible taux de reproduction de cet animal, la présence de ce petit dugong représente à la fois un événement et un nouvel espoir pour la survie de l’espèce dans la région.
Considéré comme vulnérable sur la liste des espèces en danger dressée par l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN), le dugong ne doit pas être pêché, capturé ou vendu. À Maurice, il est considéré comme éteint, comme l’ont suggéré différentes études telles que le rapport de Hélène Marsh remis en 2002 au Programme des Nations unies pour l’Environnement (PNUE). Cette spécialiste australienne cite également les Seychelles, le Sri Lanka, les Maldives, des îles japonaises, un estuaire de Hong Kong (etc) d’où il semble avoir disparu. Toutefois, des dugongs ont été vus dans le lagon de l’île seychelloise d’Aldabra, et peut-être pouvons-nous encore espérer que le spécimen observé par feue Delphine Legay en 1999 dans le lagon mauricien, croise encore discrètement dans nos eaux…

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