BOI : des garanties bancaires falsifiées à la Chancery House

Pour le troisième jour consécutif, le « jockey » Iqbal Mohammud Mohabuth (48 ans) poursuit ses révélations au sujet des dessous du scandale des Residence et Occupational Permis du Board of Investment. Le volet des aveux consignés par des limiers du Central CID, hier après-midi, a apporté des preuves accablantes contre le système de complicité et de complaisance au sein du BOI mais également sur les ramifications, en particulier la question fondamentale de ce racket à Rs 100 000 pour le droit d’entrée à l’origine des fausses garanties bancaires versées dans les dossiers soumis au Passport and Immigration Office. D’autre part, à hier après-midi, ce suspect est passé aux aveux dans au moins cinq cas, dont un impliquant le fils d’un haut gradé de la police qui avait sollicité ses services pour un permis en faveur d’un de ses partenaires russes. Un autre prévenu, Ahmed Deenmamode, habitant la rue St-François, Port-Louis, soupçonné d’être un important maillon dans le réseau, a été appréhendé ce matin par le Central CID vu que son nom avait été balancé par Iqbal Mohabuth dans la journée d’hier.
Des sources autorisées proches de l’enquête sur le scandale de Residence Permits du BOI indiquaient dans la soirée d’hier que la suite des aveux du « jockey » Mohabuth dans la journée aujourd’hui devra être déterminante au sujet du coeur même du racket. Jusqu’ici, celui qui se présente comme « un consultant » du BOI et siégeant sur le Board de cette institution a levé le voile sur le mystère des fausses garanties bancaires versées dans les dossiers soumis au BOI pour soutenir des demandes de Residence Permits en faveur des ressortissants étrangers à la retraite.
Avec les détails fournis par Iqbal Mohabuth, les responsables de cette enquête policière ont pris la décision de reléguer au second plan des séances d’interrogatoire de représentants de deux banques commerciales locales sur les documents retenus en tant qu’Exhibits. Iqbal Mohabuth a fait comprendre aux enquêteurs que « les fausses garanties bancaires ont été fabriquées dans des études d’homme de loi à la Chancery House ».
À ce stade, le suspect a coté les noms de ces Chambers, soit un au nom d’un avocat également engagé en politique active et un autre d’un avoué. Il soutient que les services des préposés de ces deux études avaient été sollicités sans l’autorisation des professionnels concernés, en vue d’inscrire les noms des ressortissants étrangers concernés sur des modèles de fausses garanties bancaires photocopiées en couleur semblables à la version originale.
Au cours de son interrogatoire du jour, le « jockey-consultant » devra fournir des détails précis sur les contacts établis au niveau de ces études d’hommes de loi pour la fabrication de ces faux documents et le nombre qui se trouve actuellement en circulation. Il avait fait ressortir que dans un premier temps, il avait eu entre ses mains des originaux de garanties émises par ces deux banques commerciales avant de les scanner par la suite.
Le suspect Mohabuth a confié aux policiers pour les besoins de ce business, qu’il avait en sa possession des documents à être photocopiés. « Mo ti gard dokiman dan enn lanvlop ek kan bizin nou fer fotokopi », dit-il aux policiers en ajoutant que cette enveloppe était placée en sécurité dans un magasin de la capitale.
Les confidences du « jockey-consultant » incriminent directement le Manager/Administrative Manager, Avinash Roy, et d’autres employés du BOI. Car avant de faire usage des fausses garanties bancaires, il déclare avoir obtenu le feu vert de ses contacts au BOI. « Kan mo gagn enn demann mo al get Avinash (Roy) ek mo dir li pena Bank Guarantee. Li dire mwa trase parey ek amenn enn Bank Guarantee. Lerla li azoute : “Al fer enn fotokopi kouler parey apre met non beta-la lor la” », affirme-t-il aux limiers du Central CID. Contre ce conseil et cette collaboration pour faciliter l’octroi des Residence Permits, la somme versée variait de Rs 35 000 à Rs 45 000.
Avec les compléments d’informations, le Central CID décidera de la marche à suivre et du calendrier d’interrogatoires des préposés de ces deux Chambers d’hommes de loi ayant participé à la fabrication de faux documents ou encore à la saisie d’équipements informatiques utilisés. La police s’intéresse également aux circonstances dans lesquelles les originaux des garanties de ces deux banques pour des Residence Permits sont tombés entre ses mains. Le Central CID veut déterminer si des garanties bancaires authentiques ayant servi de base pour l’opération de Scanning/Photocopying n’émanaient pas de dossiers déposés au BOI, confirmant du même coup le réseau interne au sein de cette dernière institution.
Un autre volet des aveux d’Iqbal Mohabuth touche aux versements effectués pour faciliter l’octroi de ces Residence Permits. De la tranche initiale de Rs 100 000, une somme de Rs 50 000 est retenue par le « jockey-consultant », un autre montant variant entre Rs 35 000 et Rs 45 000 au représentant du BOI « abattant le travail sale » et Rs 5 000 à un autre suspect, Ahmed Deenmamode. Comme mentionné dans l’édition d’hier du Mauricien, le suspect a déjà cité les noms d’officiels du BOI, dont Avinash Roy, Fowdar et Tana, comme étant complice de ce réseau de faussaires.
Un autre développement de taille intervenu dans la journée d’hier est que dans le déballage des cas suspects de Residence Permits du BOI, Iqbal Mohabuth a mentionné le nom du fils d’un haut gradé de la force policière. Et de soutenir qu’il avait été approché par cette personne, dont il affirme pouvoir l’identifier formellement, en vue de l’obtention de manière frauduleuse d’un Residence Permit pour un de ses partenaires d’affaires de nationalité russe. La somme de Rs 100 000 avait été versée à cet effet.
La dernière arrestation en date est celle d’Ahmed Deenmamode, le complice d’Iqbal Mohabuth. Ce dernier a déclaré à la police qu’à chacune des transactions avec des étrangers, ce prévenu était présent et bénéficiait d’une somme de Rs 5 000 sur les Rs 100 000 réclamées.
D’autres arrestations sont à prévoir d’ici la fin de la semaine alors que le flou persiste quant au traitement accordé au suspect Ahmad Samad Khodabaccus (A.S.K.) par la police. Jusqu’ici, il n’a pas été inculpé provisoirement comme cela a été le cas pour les autres. Mais les données pourraient changer avec les allégations proférées par le Réunionnais, Jenn-Francelin Taye, inculpé hier. Ce quatrième ressortissant étranger impliqué dans ce réseau de faux documents du BOI a allégué avoir remis la somme de Rs 100 000 à Ahmad Samad Khodabaccus. Mais interrogé par Le Mauricien en vue d’obtenir confirmation de cette information, son avocat, Me Maneesh Gobin, a tout simplement déclaré : « Je ne commente pas la teneur de la déclaration de mon client. Tout ce que je peux vous dire est qu’il a été remis

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