BOM : Reconstitution du Monetary Policy Committee

La prochaine réunion du Monetary Policy Committee (MPC) de la Banque de Maurice, fixée pour demain, a été reportée d’une semaine à la suite de la reconstitution de cette instance aux termes des amendements proposés au Banking Act après la présentation du Budget 2013. D’autre part, la performance du secteur de la construction préoccupe la Banque Centrale en raison des risques au niveau des Non-Performing Loans (créances douteuses) dans la conjoncture économique qui se profile.
La recomposition du Monetary Policy Committee (MPC), avec la nomination de deux représentants nommés directement par le Premier ministre, Navin Ramgoolam, est intervenue au cours de la semaine écoulée. Ainsi, le Pr Jeffrey Jankel de l’université d’Harvard aux États-Unis et Henraz Oopuddye Jankee, ancien Chief Economist de la Banque Centrale, ont été nommés par le Premier ministre sur cette instance, responsable de la politique monétaire en vigueur.
Pour faire de la place aux nominations du Premier ministre, l’ancien ministre français, Alain Madelin, et Kamal Taposseea, ancien président du board d’Air Mauritius, considéré comme étant proche du vice-Premier ministre et ministre des Finances, Xavier-Luc Duval, n’ont pas été reconduits sur le Monetary Policy Committee « new look ».
Les autres membres du MPC demeurent le gouverneur de la Banque Centrale, Rundheersing Bheenick, Yandraduth Googoolye, premier gouverneur adjoint, Iqbal Belath, second gouverneur adjoint, et les nominés des Finances, en l’occurrence Nishan Degnarain, consultant, Pierre Dinan, et la Pr Silvanna Tenreyro de la London School of Economics.
Avec ces changements dans la composition du MPC, la Banque de Maurice a jugé approprié le renvoi au lundi 11 mars de la réunion prévue pour demain, « to allow the newly-appointed members time to take stock of the domestic economy and financial environment and to prepare the meeting ». Le principal item à l’agenda de ces prochaines délibérations concerne le nouveau taux du Repo Rate à être adopté.
Jusqu’ici, les efforts des partisans d’un renversement de tendance du taux directeur bancaire, réclamant une hausse des intérêts, ont pu être contenus. Mais la nouvelle configuration des prix avec les dernières augmentations en vigueur pourraient dorénavant leur faciliter la tâche. Le camp de ceux en faveur d’une politique monétaire favorisant la croissance économique pourrait se retrouver en situation compromettante lors de la réunion du 11 mars pour faire prévaloir leur point de vue.
La dernière analyse sur la situation économique de la Banque de Maurice met en exergue les « external vulnerabilities » susceptibles d’influencer la performance en 2013. « Notwithstanding the recent signs of stabilisation in the global economy, downside risks to the domestic growth outlook emanating principally from a potential re-intensification of the Euro area sovereign debt crisis remain », concède la Banque Centrale, qui s’aligne sur des prévisions d’un taux de croissance de 3,7% pour 2013.
D’un autre point de vue, même si l’endettement externe du gouvernement ne présente pas de difficultés majeures, le Financial Stability Report révèle que « the country’s gross external debt rose by 12.0 per cent year-on-year to Rs 49 109 million as at end-September 2012, driven mainly by increases in central Government and public enterprises external debt ». Le montant de cette dette externe représente 14,3% du PIB, contre 13,6% un an auparavant.
La Banque de Maurice adopte une attitude rassurante en faisant comprendre que « the profile of government debt is not expected to be subject to major exchange rate or interest rate risks in the short-to-medium term given that accomodative monetary policiers are projected to be maintained ». Le debt-servicing devra passer de 3,6% en 2012 à 5% en 2015, selon les prévisions officielles.
Par contre, au chapitre des crédits bancaires privés, soit l’endettement des opérateurs du privé, la Banque de Maurice se veut prudente vu que les prêts et les avances consentis à l’ensemble du secteur privé sont l’équivalent de 65% des avoirs des banques commerciales, et devant le ralentissement des activités. « Reflecting the uncertain global and domestic environment, total credit growth subsided to 7,5 per cent year-on-year as at end-September 2012 compared to 14,6 per cent as at end-September 2011. This was driven by a sharp slowdown in the expansion of credit extended outside Mauritius to 5,2 per cent from 18,4 per cent a year earlier », peut-on lire à la page 14 du rapport.
Poursuivant son analyse, la Banque de Maurice fait ressortir que « growth of credit to the private sector has remained below its long-term average since May 2011, partly reflecting the lower optimism in the economy as the Euro area sovereign debt crisis intensified and possibly tigher lending conditions by banks ».
À la fin de septembre dernier, la croissance des crédits bancaires au secteur privé à l’industrie touristique a régressé à 1,6% contre une moyenne de 12,3% auparavant. La baisse dans le secteur manufacturier est aussi drastique, soit de 7,9% à 0,2% et une réduction de moitié, soit de 11% à 6% pour les « Financial and Business Services ».
Mais le phénomène le plus inquiétant a été enregistré par rapport à la construction où la hausse de crédits bancaires a été de 35,6% en 2012 contre 4,8% pour l’année précédente. La Banque de Maurice se fait l’écho de la mission du Fonds monétaire international sous les Article IV Consultations recommandant « continuous monitoring of developments in that sector and the associated impact on banks’ balance sheets ».
Un des signes avant-coureurs relevés par la Banque de Maurice est le fait que les Non-Performing Loans dans l’industrie du bâtiment sont en hausse depuis ces derniers temps, nécessitant du même coup des mesures correctives. « To address the risks arising from significant increase in Non Performing Loans in the construction sector, the Bank expects to implement in the near future, a macro prudential measure, namely the Loan-to-Value ratio which is the ratio of loan underwritten to the value of the asset being funded », préconise la dernière édition de la Financial Stability Report, en prélude aux délibérations du Monetary Policy Committee du 11 mars…

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