BOXE: Indignés, mais pas découragés…

Au lendemain des cinq finales de boxe perdues contre les Seychellois, c’est l’incompréhension, l’indignation, mais certainement pas le découragement qui règne dans le camp mauricien. Pour cause. Les Jeux d’Afrique sont dans quelques jours. Mais si on a déjà les regards braqués sur cette compétition, il y a aussi une pointe de déception dans la voix des boxeurs et de l’entraîneur national, Judex Bazile.
« Perdre parce qu’on est mauvais, oui. Mais perdre comme ça, ça vous reste en travers de la gorge », lâche Judex Bazile. Il crie presque au vol. « Mais c’est le résultat de l’absence de juges neutres. » Ça se sent que cette amère défaite est difficile à digérer. « On connaissait tous les rapports de force. L’absence d’un juge neutre, est-elle préméditée ou liée à des raisons financières ? C’est la grande question. »
Pourtant, cette situation a commencé depuis les quarts de finale de la compétition. « Hier, c’était le comble. Je maintiens qu’on ne perd pas tous les matches à cause de la boxe. Ce sont les raisons derrière qui sont obscures », affirme l’entraîneur national.
Un sentiment que partage Bruno Julie, capitaine de la sélection nationale et porte-drapeau de la délégation mauricienne. « J’étais confiant et conscient que je pouvais gagner mon match. Quand j’ai vu que je menais au deuxième round, j’ai géré ma boxe. » Une petite phrase assassine pour continuer : « J’avais l’impression qu’il s’agissait d’un concours d’arbitres », lance Bruno Julie.
Or, le médaillé olympique affirme que la boxe mauricienne aurait dû sortir gagnante de ces Jeux. « On n’a pas fait ça pour un cash prize. On a été honnêtes dans notre préparation. Ce qui est triste, c’est que derrière, il y a des jeunes qui se sont entraînés depuis quatre ans, qui ont fait des championnats d’Afrique pour venir perdre là. C’est rageant ! »
D’ailleurs, depuis sa médaille de bronze aux Jeux du Commonwealth, on le sent un peu amer. Les raisons ? « J’ai toujours dit que la boxe a progressé, mais pas l’arbitrage. Ça vous gâche des Jeux, des choses comme ça. »
Judex Bazile va plus loin en énumérant les cas les plus flagrants. La rencontre d’Olivier Lavigilante et celle de John Colin sont les plus contestées. « De là, ça a affecté le moral de tout le monde. Mais ce qui est fait est fait. »
Kennedy St Pierre, médaillé d’argent également, se mêle à la conversation. Il est tout aussi dépité. « Ce ne sont pas les meilleurs Jeux auxquels j’ai participé. Ce sont peut-être mes premiers JIOI, mais ce n’est pas un bon souvenir. »
L’impression que les arbitres ont tout fait pour saborder Maurice le mine. « Quand j’ai vu que mon capitaine se faire battre, ça m’a porté un sacré coup au moral. L’équipe était pourtant solide, mais des choses comme, ça vous marque. »
Maintenant, on se concentre sur les autres échéances. « Ce sont des boxeurs qu’on rencontre dans d’autres compétitions et qui n’arrivent pas à passer un tour. Alors, comment on se fait battre là ? On ne comprend pas », assène Kennedy St Pierre.
Les médaillés d’or eux aussi sont là pour apporter un soutien moral à leurs camarades malchanceux. Richarno Colin est content d’avoir pu obtenir réparation, alors que Ludovic Bactora savoure pleinement sa deuxième médaille d’or. Mais la joie aurait été complète si les autres fêtaient également leur titre. 
« Ces médailles sont impossibles à savourer », selon Bactora. L’aîné des Colin pense la même chose. « Nous étions les plus forts. Je sais ce que c’est. Ça m’est déjà arrivé. Alors je comprends la douleur. »
Et Bruno Julie, fort de son expérience, semble être passé à côté de son objectif. « Je voulais terminer ma carrière aux JIOI avec une troisième médaille d’or. Mais après ça, je vais penser aux Jeux Olympiques. Ce sera mon dernier gros objectif », prévient-il.
Mais l’objectif de la saison est désormais derrière eux. Hier matin, l’équipe s’est ressaisie pour préparer les Jeux d’Afrique, prévus en septembre au Mozambique. « Ils ont été faire un footing en groupe. L’équipe veut montrer qu’elle peut faire quelque chose. » Ces médailles perdues ont un effet catalyseur sur le groupe. Aux Jeux d’Afrique, Maurice risque de faire mal, très mal…

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